Inquiétudes

Publié le par Bernard LUSSET

Inquiétudes

Quelle que soit la passion que j'éprouve pour la vie politique de mon pays, je me surprends à me "débrancher" de son actualité quotidienne tant je n'y vois partout qu'exaspérations, violences, procès d'intention, remises en cause irréfléchies. Et il faut bien dire que le cocktail [réseaux sociaux + infos en continu] suscite désormais chez moi un sentiment proche de l’écœurement.

Pas tant d'ailleurs la réplication à longueur de journée des mêmes images, des mêmes slogans et, parfois des mêmes sottises. Pas même la couverture excessive accordée à certains micro-évènements au point que, vue de l'étranger, la France semble à feu et à sang, offrant à Trump et Salvini d'indécentes occasions de se réjouir.

Non, l’écœurement nait de l'absence totale d'envie individuelle ou collective de nous en sortir : l'essentiel partout est de dénoncer, dézinguer, détruire. Et sur ce plan, je n'ai pas été rassuré par l'entretien accordé à la Dépêche du Midi par le plus illustre des Agenais : Michel Serres. Le regard aiguisé qu'il porte sur notre monde et ses transformations rapides annonçait certes depuis longtemps les ruptures que nous vivons.

A Dieu ne plaise que je sois un conseiller de l’État aujourd’hui, je serais très embarrassé. D’autant plus que de redoutables dangers menacent.

Michel Serres, in La Dépêche du Midi

Mais à la question de savoir si notre société serait en danger, Michel Serres répond : " Je ne dis pas qu’elle est en danger, je dis qu’elle est si nouvelle que nous peinons à la voir telle qu’elle est. Ce que je repère, c’est son extraordinaire nouveauté, et des institutions et des partis qui n’ont pas su évoluer avec elle. Nous n’avons pas inventé un nouveau système, on est en manque de ça." Et encore, sur la sortie de crise : "Les événements ont toujours été imprévus. Pensez-vous que celui qui a pris la Bastille prévoyait la Révolution française ? La sortie de crise aura lieu dans des circonstances que je ne vois pas et que d’ailleurs, tout le monde ignore".

J'éprouve une réelle inquiétude à relire ces derniers mots qui me semblent particulièrement justes. Nous sommes à la veille de changements sans doute radicaux. Mais le degré de violence verbale, l'impéritie des citoyens face aux fake news et notre profonde inculture institutionnelle et politique me laissent redouter que le meilleur ne sorte pas de ce moment.

Publié dans on en parle partout

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