Des airs de fin du monde ?

Publié le par Bernard LUSSET

 

La fin du monde est-elle pour demain matin ? Sans doute pas et pourtant, dans la vie personnelle, professionnelle ou publique, je suis témoin, tous les jours, de comportements qui me laissent à penser que nous croyons tous à la fin du monde pour demain matin. Comment, sinon, expliquer nos manières de faire ?

 

Tel employé d'une grande entreprise, privée ou publique, est incapable de faire autre chose que d'appliquer le plus bêtement possible une consigne reçue, sans aucune considération du résultat de son action. C'est idiot ? Oui, mais "c'est comme ça" ! Tel citoyen se comporte dans l'espace public comme s'il était seul au monde, indifférent à l'image qu'il donne de lui-même et des conséquences pour les autres. Plus rien de compte, sauf nous-mêmes et la satisfaction de notre propre et immédiat besoin, comme si tout devait finir demain matin. C'est tous les jours que je m'étonne de ce courtermisme égoïste et de cet égocentrisme indifférent qui nous gagnent.

 

Pourquoi en sommes-nous là et comment en sortir ?

 

Pourquoi en sommes-nous là ?

 

resquilleur.jpgDans la vie professionnelle, on voit bien que, de plus en plus, chacun est cantonné à mettre en oeuvre une consigne venue d'ailleurs, souvent sans explication, et que toute remarque sur cette consigne ne remonte jamais à l'échelon supérieur ou n'y est jamais prise en compte. Du coup, face à cette mauvaise taylorisation qui ne dit pas son nom, chacun abandonne toute ambition collective et tente, tant bien que mal, de sauver sa peau, faire son taf a minima, sans aucune considération du résultat final.

 

Ce constat pointe du doigt la nécessité d'une réorganisation complète du monde du travail, dans laquelle chacun retrouverait un peu de "sens", de compréhension : à quoi je sers ? Pourquoi je fais ce que je fais ? Pourquoi dois-je le faire comme ça ? Comment améliorer ce que je fais en pensant à l'utilisateur final ? 

 

Dans la vie personnelle, c'est le même tonneau : l'ambiance générale est tellement exécrable que tout acquis du quotidien, si minime soit-il, est vécu comme une grande victoire personnelle, pourvu qu'elle soit immédiate. Je passe devant untel dans une file d'attente, je gratte 3 € sur un achat sur internet  même si je pleure sur la disparition du commerce tradi, je joue des coudes pour obtenir un arbitrage favorable au détriment du voisin, j'achète ma tranquillité de parent  en accordant à mon gamin quelques heures de TV ou d'ordi en plus. Sommes-nous devenus fous ? Peut-être un peu.

 

Comment en sortir ?

 

Confusément, je sens bien que nous sommes prisonniers de nos égoïsmes immédiats et que la solution passe par la re-création d'un idéal collectif et le ré-apprentissage de la maîtrise du temps. Comprendre qu'on peut "gagner" avec les autres et pas seulement contre eux. Comprendre qu'on ne va plus loin qu'à plusieurs. Comprendre que le temps de la récolte vient toujours après le temps du labour.

 

En tout cas, tel ou tel comportement idiot, égoïste ou immédiat qui nous exaspère, ne devrait pas suffire à couvrir nos propres turpitudes : l'exemplarité, la patience et le sens du jeu collectif sont l'affaire de chacun. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons attendre des autres qu'ils jouent, eux aussi, collectif.

 

Fin du monde ? Non !

Mais fin d'un monde ? Je l'espère bien...  

 

 

Publié dans on en parle partout

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