JF Copé - H. Désir : en fait, un débat de fond

Publié le par Bernard LUSSET

Jean-François Copé, en pleine  campagne interne à l'UMP a prévenu dimanche :  s'il est élu, il n'exclue pas d'appeler les Français à manifester leur opposition à certains projets gouvernementaux, comme ce fut le cas en 1984, lorsque le PS tenta d'attenter gravement à la liberté de l'enseignement. Harlem Désir, nouveau premier Secrétaire du PS lui répond qu'en agissant ainsi, JF Copé "sortirait du débat démocratique", puisque le gouvernement se contente de mettre en oeuvre les engagements présidentiels de F. Hollande, lesquels ont reçu l'onction du suffrage universel.

 

Au-delà des coups de menton et des déclarations médiatiques, il y a, derrière cette confrontation, un débat de fond qui mérite d'être ouvert.

 

D'abord une remarque, pour sourire

 

Voir le PS s'offusquer à l'idée que des opposants manifestent dans la rue... c'est quand même rigolo !

 

Que je sache, les responsables du PS ne sont généralement pas les derniers à descendre dans la rue quand un gouvernement de droite envisage une mesure qu'ils ne soutiennent pas... La réaction d'Harlem Désir est donc non seulement disproportionnée, mais surtout empreinte d'une grande sottise. A moins que le gouvernement n'envisage de restreindre le droit de manifester, ce qui serait une novation de la part d'un gouvernement de gauche !

 

Ces socialistes sont, quand même, incorrigibles : ils ne manquent jamais de se poser en premiers défenseurs des libertés individuelles, mais lorsque ces libertés individuelles s'expriment à leur encontre, c'est intolérable. Curieuse conception de la démocratie... Lorsqu'à Agen, nous organisons avec les conseils de quartier, une vraie démocratie de proximité, c'est de la démagogie, mais quand Ségolène Royal se fait le chantre de la démocratie participative, c'est génial ! Oui, franchement, ces socialistes sont incorrigibles...

 

Lire les programmes et écouter les engagements de campagne

 

Les Français ont tort de croire que les politiques ressemblent aux caricatures qu'en font les humoristes : la plupart du temps, les candidats annoncent ce qu'ils vont faire et, une fois élus, tiennent parole... Je me souviens de discussions pendant la campagne des dernières présidentielles où je disais à certains de mes amis : "attention, si Hollande est élu, il fera ce qu'il annonce..." Mais personne ne me croyait !

 

Moyennant quoi, lorsque j'alertais mes interlocuteurs sur le matraquage fiscal qui s'annonçait, on me répondait que Sarkozy était infernal. Et bien, ça y est : on a le matraquage fiscal... Si, au moins, nos compatriotes voulaient bien se souvenir de cette leçon-là pour les prochaines élections, les temps que nous traversons ne seraient pas tout-à-fait inutiles...

 

Un engagement de campagne suffit-il à clore toute discussion ?

 

La réponse, bien sûr, est non !

 

Je me suis opposé à F. Hollande pour qui je n'ai pas voté. Est-ce à dire que je m'oppose à toutes ses initiatives ? Non : ainsi, j'ai déjà écrit ici les raisons pour lesquelles, par exemple, je ne suis pas opposé au mariage homosexuel.  A contrario, les électeurs de François Hollande sont-ils tous favorables au vote des étrangers ? Il me semblerait bien abusif de dire oui ! Et le traité européen : tous les électeurs de Hollande étaient-ils chaud bouillants pour voter ce traité négocié par N. Sarkozy ? Bien sûr que non, ni au PS, ni au Front de Gauche, etc... alors que moi, je l'approuve.

 

Les électeurs, qui ne lisent pas assez les programmes de campagne des candidats, se déterminent à partir de divers éléments et, bien souvent, votent au second tour contre quelqu'un, plus souvent que pour un programme : ce mouvement a été particulièrement fort au printemps dernier. Le débat sur les projets de F. Hollande est donc parfaitement légitime et Harlem Désir a tort, profondément tort.

 

Sur le vote des étrangers

 

Sans doute, ce sujet-là va-t-il faire la une de l'actualité : j'y reviendrai donc.

 

Mais, d'ores et déjà, je veux dire à quel point ce projet me choque doublement : d'abord parce qu'il va très profondément diviser les Français et générer une xénophobie ravageuse. Ensuite parce que la citoyenneté ne se divise pas : bienvenue à tous ceux qui veulent, dans le cadre de nos lois, rejoindre la communauté nationale et, entre autres choses, y exercer pleinement leur rôle citoyen au moment des élections. Mais pas de citoyenneté au rabais : on ne solde pas le droit de vote !

 

Comment ne pas voir que, ce faisant, le PS et ses alliés de gauche tendent de reprendre à leur compte les grosses ficelles mitterrandiennes qui firent tant pour les succès électoraux de Jean-Marie Le Pen ? Cette attitude ne suscite pas seulement chez moi de la révolte : elle fait naître un profond dégoût à l'égard de ceux qui privilégient une espérance de bonus électoral immédiat sur la cohésion de notre pays.

 

Copé sera-t-il élu président de l'UMP ? Bien que n'étant pas UMP moi-même, j'ose un pronostic : je pense qu'il sera élu, ne serait-ce que parce que les militants UMP s'imaginent (à tort, à mon avis..) qu'il laisserait sa place en cas d'improbable retour de Sarkozy. Mais qu'il le soit ou non, la proposition qu'il a lancée dimanche soir sera très certainement reprise : si le gouvernement poursuit son projet d'ouverture du droit de vote aux étrangers, il y aura dans le pays des manifestations pour s'y opposer.

 

Et j'en serai.

 

 

 

 

Publié dans on en parle partout

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