Le foot, l'argent, la France et le reste...

Publié le par Bernard LUSSET

 

Nous ne parlons tous que de ça depuis des jours : le spectacle donné par les Bleus en Afrique du Sud est affligeant.

 

Il ne réjouit guère que tous ceux, nombreux de par le monde, qui nous jugent, parfois avec justesse, comme un peuple arrogant et velléitaire. Au-delà de cette aubaine offerte aux francophobes de tous poils, cette histoire lamentable et ses rebondissements désespérants me suggère deux commentaires :

 

Le football national est « décroché » par rapport à son public et la pratique amateur du foot

 

Je pense au SUA Foot, ses joueurs, ses dirigeants, son public : cette aventure-là, comme dans des milliers d’autres clubs, sent bon l’engagement individuel au service du collectif, la fierté du maillot, la volonté de progresser, dans un environnement compliqué où la solidarité et le bon sens s’efforcent de compenser la rareté des moyens financiers.

 

Le foot français lui, tel qu’il se donne à voir dans cette Coupe du Monde, apparaît perclus d’égoïsmes rassasiés d’argent, englué dans des querelles d’hommes d’où n’émergent ni leadership, ni convictions, ni projet commun partagé, fragilisant tout un sport, pourtant le plus populaire au monde : cela ne sera pas sans conséquences jusque dans les plus petits clubs.

 

L’aventure –le désastre- français dans cette Coupe du Monde va, par bonheur, s’achever vite. Mais le retour en France s’annonce compliqué : il faudra au foot français tirer, tout de suite, les enseignements qui s’imposent. Chacun attend un sursaut vital de la Fédération qui doit se traduire par un coup de balai gigantesque, renvoyant chez eux tous les incompétents gavés pour donner leur chance à de nouvelles têtes (joueurs et dirigeants) authentiquement désireux de faire progresser leur sport.

 

Oublions vite Domenech et Escalette (les deux bouts de « l’erreur de casting » qui fait rigoler le monde entier). Et laissons partir sans regret les joueurs grévistes qui auront préféré jouer leur carte perso plutôt que celle de l’équipe : je préfère une équipe de France qui ne gagne pas (celle-là ne gagne d’ailleurs pas non plus…), mais qui au moins se bat, à une équipe de France qui s’allongerait devant les caprices de starlettes surpayées mais sans âme.

 

Je ne sais pas si les propos d’Anelka ont été tenus.
Je ne sais pas s’ils sont « courants » dans les vestiaires de foot (… !).
Mais le désintérêt manifeste de ce joueur pour les matches qu’il était censé jouer suffit à me réjouir de le voir quitter l’équipe de France : qu’il aille mâchouiller ailleurs son chewing-gum pendant la Marseillaise !
Ce départ doit être un départ définitif, auquel j’associerais volontiers quelques fortes têtes de l’équipe qui mettent plus d’énergie dans les coulisses que sur le terrain : le maillot bleu est un honneur qui se mérite match après match. Pas un trophée que quelques vieux lions usés s’arrogeraient le droit de porter.


Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas seulement le foot professionnel français qui est en crise. C’est l’hyper-professionnalisation du sport qui est sur le chemin critique. Et je pense là au rugby.

 

Certes, les déboires des « autres » Bleus, ceux du XV de France, dans leur tournée australe ont donné le sentiment que l’équipe était heureusement dirigée (Lièvremont n’est pas Domenech…) et que chacun était mis devant ses responsabilités après les piètres performances de notre équipe : pas de coq dans la basse-cour, hors le sélectionneur national.

 

Certes, les valeurs collectives portées par le rugby devraient tenir ce sport à l’écart des errements footballistiques : j’ai ainsi adoré cette équipe d’Australie qui ose, à un an de la Coupe du Monde, donner leur chance à des jeunes, certes moins formés, mais volontaires et prometteurs en diable ! Que leur engagement et leur fierté d’être là ont fait plaisir à voir…

 

Mais au-delà de ces constats rassurants, comment ne pas voir que la professionalisation du rugby est désormais pleinement là. Sans une vigilance de tous les instants, les affres du star-système et de l’argent-roi pourraient, un jour, toucher l’Ovalie.

 

Gardons-nous donc de tout optimisme béat et de certitudes trop affirmées : c’est dans ces moments-là, justement, que le pire arrive. Et gageons que les responsables français et internationaux du rugby sauront voir dans la descente du foot français aux enfers une illustration des chemins qu’il leur faut éviter.

 

 

Publié dans on en parle partout

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