Présidentielles : dans 3 semaines...

Publié le par Bernard LUSSET

Nous sommes à 3 semaines du premier tour de l'élection ! 

Ca fait tellement longtemps qu'on parle de cette échéance qu'on finit par oublier qu'elle arrive. Il est vrai qu'elle n'est pas toujours passionnante cette campagne : Daniel Cohn Bendit dit même qu'on s'y "emmerde"...!

 

Où en sommes-nous aujourd'hui ?

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Les sondages ont marqué une certaine progression de Marine Le Pen mais, manifestement, l'écart qui la sépare des deux candidats de tête est trop important pour que le risque d'un 21 avril, à l'endroit ou à l'envers, soit réel. Si ce résultat se confirme, il signifiera à mes yeux ce qu'on pressent depuis longtemps : le vote FN est d'abord un vote de protestation et les tentatives de normalisation du FN par Marine Le Pen est sans impact électoral, peut-être même est-il contre-productif devant les urnes.

 

La vraie "surprise" de cette campagne est l'effet Mélenchon. Surprise vraiment ? Souvenons-nous qu'en 2002, le total des voix de gauche hors PS (Besancenot + Laguiller + Chevènement + Hue) représentaient déjà 18 % des exprimés (seulement 10 % en 2007). Mélenchon récupère donc à peu près la place d'une gauche non socialiste un peu tonique à la Besancenot. Si ces pronostics se confirment, nul doute que le second tour s'annoncera compliqué pour François Hollande qui devra négocier avec un partenaire bruyant et, sans doute, gourmand... Le dernier discours du candidat socialiste dans le fief d'Henri Emmanuelli est-il le début d'une radicalisation du discours de F. Hollande ? A suivre...

 

François Bayrou 5ème homme, derrière Sarkozy, Hollande, Le Pen et Mélenchon ? Si les sondages devaient avoir raison, un tel résultat permettra peut-être à François Bayrou de rebondir personnellement (on parle de Matignon ??) mais il constituerait, tout de même, un sévère recul par rapport aux espoirs nés du 1er tour de 2007. J'ai déjà dit ici pourquoi la stratégie du Président du Modem conduisait, à mes yeux, à cet échec et je n'y reviendrai donc pas. C'est sans doute pour le centre une occasion perdue qui mettra du temps à se retrouver. Au sujet de François Bayrou, le mot qui revient le plus souvent dans mon esprit est "gâchis" et il est plein de regrets...

 

Un mot sur Jacques Cheminade que, comme tout le monde, je découvre, même si ce n'est pas sa première candidature. L'homme me parait totalement illuminé avec son programme spatial (je dirais plutôt extra-terrestre !) et son étiquette de post-gaulliste de gauche mettant des moustaches à la Hitler sur le portrait d'Obama...! Comment ne pas voir que notre système de pré-sélection des candidats est à la "ramasse" : Cheminade sélectionné mais pas Lepage ou même Villepin ? On croit rêver...

 

A l'extrême gauche, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud font la douloureuse expérience que même des militants honnêtes et engagés, s'ils ne "fonctionnent" pas avec le système médiatique de la campagne, sont condamnés aux seconds rôles, ou plutôt aux derniers rôles. Rendez-nous Besancenot !

 

Eva Joly restera, quant à elle, ma "mauvaise" surprise de cette élection : j'espérais beaucoup que sa candidature placerait les questions de morale publique au coeur du débat et je l'avais écrit ici. A force d'être inaudible, au propre comme au figuré, sa candidature va friser le ridicule. Et dire que les Verts auraient pu désigner Nicolas Hulot... Incorrigibles Verts !

 

Quant à Nicolas Dupont-Aignan, la tentative de "normalisation" du FN ne lui laissait espérer que peu de place : les pronostics se confirment. L'homme n'est pas antipathique mais pas dans la course non plus.

 

***

 

Nous aurons donc, très vraisemblablement, un second tour dans lequel Nicolas Sarkozy, probable n°1 le 26 avril, sera opposé à François Hollande. Je ne suis pas sûr que ce second tour déclenche la passion chez les électeurs et l'issue du scrutin me semble donc plus incertaine que jamais :

 

Non sans habileté, François Hollande surfe depuis les primaires socialistes sur une vague de rassemblement. Mais à vouloir rassembler tout le monde, le prudentissime Hollande finit... par ne plus dire grand'chose ! Sans doute sympathique, François Hollande apparait de plus en plus comme incapable de décider, d'incarner un idéal commun et, progressivement, les Français se mettent à réfléchir la question centrale : cet homme-là (dans sa dimension politique, je ne fais pas de procès à l'homme lui-même), cet homme-là fait-il la "maille" ?

 

Aurait-il vraiment, comme il le dit, obtenu davantage de nos partenaires européens au coeur de la crise ? Serait-il notamment  parvenu, comme il le prétend, à infléchir la doctrine européenne très libérale au profit d'une action publique en faveur de la croissance ? Bien peu de gens y croient sérieusement. Et beaucoup, dont je fais partie, tremblent à l'idée d'un Hollande prisonnier d'un Mélenchon. Insensiblement, l'image de F. Hollande s'érode et il doit lui tarder que les trois prochaines semaines se terminent...

 

Face à lui, Nicolas Sarkozy semble redevenu lui-même, certes changé par 5 années de présidence, mais ragaillardi par une compétition où il lui tardait manifestement de s'investir. Même si j'ai dit ici toutes les réserves que ce candidat a fait naître (et continue de faire naître) chez moi, je suis bien obligé de constater qu'il s'impose dans cette campagne comme "l'homme fort" dont nous avons besoin.

 

De toute évidence, N. Sarkozy a renoncé à être aimé des Français et fait le choix de se présenter tel qu'il est, sans faux-semblant : énergique en diable, désinhibé, à la hauteur des évènements. Dans l'implacable comparatif qu'est cette élection, il n'est pas sûr que ce choix de la sincérité soit un mauvais choix...

 

Je n'étais guère optimiste, il y a quelques semaines, sur l'issue de cette élection. Je ne suis pas devenu d'un optimisme béat aujourd'hui mais je sens chez les Français que je rencontre une vraie prise de conscience, une lente maturation, qui me font dire que le second tour de l'élection sera sans doute beaucoup plus ouvert que les enquêtes d'opinion ne le laissent entrevoir encore aujourd'hui.

 

A suivre...

Publié dans on en parle partout

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