Pour une grande région Sud Ouest
L'annonce faite par le premier Ministre de réduire de moitié le nombre de nos régions en 2017 a jeté un pavé utile dans la mare des débats éternels sur la carte régionale française. Tous les acteurs s'accordent sur le constat mais aucun n'ose franchir le pas. Les régions ont désormais le choix entre proposer ou... passer sous les fourches caudines de l'Etat.
Je crois comprendre que l'exécutif aquitain actuel tourne ses regards vers la région Poitou-Charentes, sans doute au nom d'une logique littoral qui structure déjà hélas, et depuis longtemps, son action. Qu'il me soit permis de donner ici les raisons pour lesquelles, à mes yeux, ce choix n'est pas le plus opportun.
Bien plus qu'un axe littoral -strictement théorique- la vallée de la Garonne structure depuis 2000 ans toute l'économie du Sud Ouest et contribue au développement de ces deux régions.
Lieu de passage entre Atlantique et Méditerranée, cette gouttière garonnaise est aussi celle de toutes les richesses : Bordeaux et Toulouse sont deux pôles urbains de premier plan, l'industrie aéronautique civile et militaire concentre là ses talents les plus prometteurs, l'agro-alimentaire en fait un champion exportateur, ces deux régions Aquitaine et Midi-Pyrénées sont aujourd'hui quasi-désenclavées (ou en passe de l'être), leur image de marque s'impose désormais sous une appellation "sud ouest" des plus valorisantes, et elles sont devenues une des régions les plus attractives d'Europe.
Au fond, cette fusion-là est une évidence.
Reste un seul point, un tout petit point de détail : qui dirigerait cette région Sud Ouest ? Entre suzerains, on n'a guère l'habitude de partager.
Il est à craindre que, faute de surmonter cette difficulté pourtant picrocholine, Bordeaux et Toulouse ne préfèrent se tourner chacune vers des fusions moins prometteuses et structurantes mais aussi moins dérangeantes.
Un tel choix serait une erreur majeure.
C'est pourquoi j'implore les décideurs régionaux bordelais et toulousains de surmonter leurs hésitations et de bâtir conjointement un ensemble régional ambitieux qui rivaliserait, sans difficultés, avec les régions européennes les plus avancées aujourd'hui.