Pourquoi l'opposition doit soutenir le plan Valls
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Tout bien réfléchi, je crois que les députés de l'opposition seraient bien inspirés de sortir des postures toutes faites et de voter le plan Valls d'économies qui va leur être soumis la semaine prochaine.
Je crois qu'un tel vote favorable s'impose, alors même que je demeure, plus que jamais, dans l'opposition à ce gouvernement. Je crois à l'utilité de ce vote même si je réfute par avance tous les commentaires qui voudront y voir un ralliement qui, en réalité, n'existe pas.
Réduire les dépenses publiques sans assécher l'économie ni fragiliser les plus démunis : c'est possible, avec le "contre-plan" de l'UDI.
Le Plan Valls, s'il est insuffisant, va dans le bon sens
Ne mentons pas aux Français : réduire la dépense publique est un exercice d'autant plus difficile qu'il est inédit : depuis 60 ans au moins, nous n'avons jamais rien connu d'autre que toujours plus de mesures publiques et toujours plus de prélèvements obligatoires pour les financer sans d'ailleurs parvenir à éviter un endettement qui devrait être réservé aux investissements d'avenir. Inverser le mouvement sera donc particulièrement douloureux.
Pourtant, comment remettre -encore- au lendemain, quand les seuls intérêts de notre dette représentent aujourd'hui autant que le budget du Ministère de l'Education ? Bien sûr qu'il faut arrêter ça et qu'il faut l'arrêter maintenant.
Le plan d'économies de 50 Mds est-il suffisant ? Est-il parfait ? Sans doute pas, d'autant qu'il reste bien des zones d'ombre, avant même les derniers arbitrages. Je pense par exemple que la prolongation du gel du point d'indice des fonctionnaires est une purge injuste, notamment à l'égard des catégories C qui, s'ils bénéficient de la stabilité de l'emploi, ont aussi des rémunérations souvent très basses, même en fin de carrière.
Mais ce plan a le mérite d'exister et le refuser reviendrait, à mes yeux, à un jusqu'au-boutisme partisan qui n'est pas de saison : prenons donc ce qui se présente et saluons même le courage de ce qui est une inflexion majeure de ce gouvernement.
On peut voter un texte en restant dans l'opposition
Franchement, rien dans le bilan présidentiel ne me donne envie de soutenir François Hollande. Manuel Valls ne me donne pas davantage envie de soutenir ce gouvernement : derrière l'image plus tonique que son prédécesseur (il était difficile de faire pire...), on voit bien que Matignon est contraint, chaque jour un peu plus, à un grand écart terrible.
Mais pour autant, à force de ne pas vouloir "donner l'air" de soutenir un gouvernement, les oppositions se cantonnent à une guerre de tranchée ridicule qui n'est pas pour rien dans le rejet de bon nombre de nos compatriotes. Soutenir le plan Valls ne serait en rien un renoncement à nos convictions.
Le FN entonnera sa chanson sur l'UMPS ? Le "tous pareils" ? Et alors ? Marine Le Pen ne sait dire que ça, et sortir de l'euro. Un peu plus, un peu moins. Ca ne changera pas un vote...
Plus que jamais en tout cas, les partis d'opposition doivent se préparer à une alternance qui arrivera un jour et, pour cela, tenir dès aujourd'hui un discours de vérité aux Français. On lira avec intérêt (ici) le "contre-pacte" de l'UDI présenté cette semaine par Hervé Morin et Chantal Jouanno, qui proposent quelques mesures pour réduire énergiquement -et intelligemment- les dépenses publiques dans notre pays.
On le voit : la réduction de la dépense publique, aussi douloureuse et complexe soit-elle, est une nécessité.
PS : j'apprends en terminant cette chronique que différents députés de l'opposition, UMP et UDI, semblent aller dans le sens de ce soutien que j'appelle de mes voeux. Je me réjouis de cette information qui, si elle se confirme, appellera en retour de la part du gouvernement le même sens des responsabilités que celui ainsi affiché par l'opposition...