La Vème République est morte
Résumons en quelques mots ce que les dernières heures viennent de nous faire vivre :
- Plus d'un électeur sur deux est resté chez lui dimanche, au lieu de désigner ses députés européens
- Parmi ceux qui ont voté, un électeur sur 4 a porté son vote sur un candidat qui se voulait "anti-système"
- Le parti du Président en exercice frise les 14 %
- Le principal parti d'opposition explose sous nos yeux pour de sombres considérations
- La France ne parvient pas -comment le pourrait-elle ?- à tenir ses engagements de redressement budgétaire ou de réformes
- Au milieu de tout ce fatras politique, le chef de l'Etat prend la parole... pour ne rien dire.
Voilà, résumée, quelle est notre situation.
Comment en est-on arrivé là ?
Voilà bien une question intéressante ! Elle appellerait sans doute bien des réponses que les intellectuels et penseurs ne manqueront pas d'apporter dans les prochains jours. Je me contenterai de dire ici, plus modestement, que notre modèle politique a beaucoup vieilli et que ses rides nous apparaissent, enfin.
Notre exécutif vit encore dans l'ombre d'un de Gaulle revenu du diable Vauvert tout auréolé de sa gloire résistante : que la France de 2014 est loin de tout ça... Hollande n'a pas plus de point commun avec de Gaulle que n'en avait Sarkozy. Et nous, nous ne ressemblons guère à nos grands-parents.
Nous avons changé de tout : d'époque, de mode de vie, de croyances, de moyens de transports et de communication, de valeurs, de structure familiale, d'appareil industriel, de religion, de références idéologiques. Nous avons changé de tout... sauf de République. Comment s'étonner que les citoyens détournent leur regard ?
Un monde ancien s'effondre sur lui-même et nous faisons semblant de nous en étonner ?
Construire un nouveau monde !
Qui n'aspire aujourd'hui à un peu d'air frais ? Qui a envie de continuer comme ça, encore un peu ? Poser ces questions, c'est y répondre.
Il faut donc construire un nouveau monde ! Ou, à défaut, une nouvelle République, c'est-à-dire un nouveau pacte fondateur dans lequel les citoyens de 2014 retrouveront quelque raison de croire et d'adhérer.
- Un monde dans lequel les citoyens retrouveront le sentiment que leur voix compte.
- Un monde dans lequel la gestion des affaires publiques cessera d'être une affaire de professionnels
- Un monde fondé sur des valeurs communes partagées et, donc, débattues au préalable
- Un monde affranchi du mythe -dépassé- de l'homme providentiel
- Un monde, enfin, qui répondra avec les mots, les outils et la pensée de notre temps
Dans ce nouveau monde à construire, ni l'UMP, ni le PS ni le FN n'ont leur place, en tout cas dans ce que ces partis sont aujourd'hui : entre un rêve nostalgique dépassé et des organisations à bout de souffle, tout est à reprendre, tout est à reconstruire.
A condition de mettre dans cette tâche l'ardeur et la passion qu'elle mérite, ce travail est à notre portée. Mais c'est un vrai travail qui appelle, à la base de tout, à refonder notre pacte civil : la Vème République est morte. Vive la VIème, pourvu que nous soyons capables de la construire ensemble.