Réforme territoriale : le rendez-vous raté
Au départ, une bonne idée
Europe, Etat, régions, départements, intercommunalités et communes : 6 échelons de gouvernance, aux compétences peu claires, et sans moyens sérieux. Le pays est prêt, je le crois, à une réforme de ce mille-feuilles. Sera-t-elle aisée ? Non : il y a derrière chaque strate des attachements culturels, des habitudes, des gens qui travaillent et chacun s'imagine plus central et essentiel qu'il ne l'est vraiment.
mais une mauvaise méthode
A chaque fois que l'Etat jacobin se mêle seul de découpage territorial, il se trompe. Je veux bien entendre la nécessité d'une vision d'ensemble et d'équilibre entre les territoires. Mais de là à faire l'impasse sur le débat local.
Il faut souligner enfin que quelques minutes seulement avant la diffusion du communiqué, le nombre des régions était encore incertain : les arbitrages entre copains du pouvoir se poursuivis jusqu'à la dernière minute. C'est dire la qualité de la réflexion.
qui ne pouvait aboutir qu'à un mauvais résultat
L'accueil enthousiaste réservé au redécoupage présidentiel est édifiant : je souhaite bien du plaisir aux prochaines régionales aux candidats qui auront soutenu ce projet ! Y en aura-t-il seulement ? Pas sûr... Dans son extraordinaire talent à transformer en plomb tout l'or qu'il touche, François Hollande a sans doute réussi aujourd'hui à ressuciter les Jacqueries : joli résultat.
Et l'Aquitaine dans tout ça ?
Notre région fait partie des régions "préservées" ou, pour être plus juste, confinées dans le statut quo. Jusqu'à ce qu'elle accueille quelques départements charentais sécessionistes sans doute.
Nous sommes passés à côté d'une fusion avec le Limousin : rendons grâce au bel esprit qui, Faubourg Saint Honoré, a compris l'énormité de la sottise pourtant annoncée. A moins que nous ne devions ce rattrapage in extremis aux exigences de Ségolène Royal ? Grâce lui soit rendue dans ce cas !
Plus sérieusement, l'Aquitaine, une fois de plus, se trouve à l'écart des mouvement de ce monde. Que mes amis bordelais se rassurent : les voilà confortés dans leur quant-à-soi auquel ils tiennent tant, à l'abri de toute liaison inappropriée avec les Toulousains qui, de toutes façons, ne voulaient pas d'eux non plus. Que pourrait-on faire avec des Toulousains ?!
Quant à l'Aquitaine intérieure, du Béarn au Périgord, des Landes au Lot-et-Garonne, elle demeurera "El Desdichada", cette contrée si délicieuse à visiter les dimanches d'automne. Avant de regagner Bordeaux !
Pas la fin de l'histoire
Je n'ai pas le tempérament joueur mais, pourtant, je parierais volontiers un bon repas que l'histoire de cette "réforme" ne s'arrêtera pas à cette carte. Il suffit de lire les réactions venues de partout pour comprendre que le législateur et les exécutifs régionaux vont faire de la charpie de ce projet. Tant mieux !
Quant à moi, je regarde avec intérêt l'union promise de nos cousins toulousains avec leurs voisins catalans. S'ils savent dépasser leurs réticences réciproques (pas sûr...) ils ont entre les mains un bien bel outil de développement de leur territoire. Je les envie.
Faut-il abandonner pour autant le rêve de la région Sud Ouest ? Face à n'importe quel autre Président, je répondrais oui, après de telles annonces officielles, carte à l'appui. Mais avec François Hollande, il faut s'attendre à tous les revirements et tous les rebondissements : comme me le rappelait hier un honorable et prometteur twittos qui se reconnaîtra : "Le doute amène l'examen et l'examen la vérité". Pourvu qu'Hollande doute !
En attendant l'avènement de ce doute et, peut-être de cette vérité, signez ici et faites signer la pétition pour la région Sud Ouest ! On ne sait jamais : sur un malentendu...