Regionator 3000 : et pourquoi pas ?
Je vous incite à aller voir sur le lien ci-dessous, le résultat du travail réalisé par la société Data-Publica : en se basant sur les données INSEE de nos déplacements professionnels, qui structurent nos vies et nos territoires, cette société a établi des scénarios de redécoupage des régions, entre 2 et 22 régions. Cet exercice, purement théorique mais pas que, suscite chez moi trois remarques.
Cette visualisation permet d'imaginer le nouveau visage de la France si le découpage avait été confié à un algorithme. La proximité géographique et les mobilités professionnelles ...
Diviser le nombre des régions par deux n'était pas idiot
François Hollande avait annoncé qu'il voulait passer de 22 à 11 régions. En faisant varier le nombre des régions dans cette simulation, on mesure même qu'un redécoupage à 8 ou 9 régions aurait sans doute largement suffit et que la cohérence du projet n'y aurait rien perdu.
Exercice techno ? Sans doute, mais pas davantage que le projet gouvernemental qui ressemble plus à une motion de synthèse de fin de congrès du PS qu'à un exercice de réflexion d'un géographe ou d'un sociologue. Pour le dire autrement, le gouvernement ayant fait l'impasse délibérée -et coupable !- sur un vaste débat public, au moins pouvait-on s'attendre à un peu plus d'audace. A défaut de chercher un consensus improbable, un peu de courage n'aurait pas nuit à la qualité de l'exercice. On en est loin.
Plus que jamais, Aquitaine et Midi-Pyrénées ensemble
Plus je débats de cette question, plus je lis de contributions, plus j'écoute les arguments des uns et des autres, plus je réfléchis en somme à cette affaire, et plus je suis convaincu que l'Aquitaine ne mettra pas longtemps à regretter le choix du statu quo fait par son Président.
Je vois bien les ronds-de-jambes qui nous préparent à l'arrivée des deux Charentes. Mais je vois aussi l'hostilité affichée du Président du conseil général des Landes et de son holomogue des Pyrénées Atlantiques à ce statu quo. J'entends la fronde institutionnelle organisée par le président de Languedoc-Roussillon qui ne veut pas d'un mariage forcé avec Midi-Pyrénées. J'entends ces élus d'Aquitaine et Midi-Pyrénées qui réalisent avec effarement ce à quoi ce découpage va aboutir : plus que jamais sur son Aventin, l'Aquitaine risque de jouer dans ce décor le rôle de la bonne copine de bal qui fait banquette toute la soirée. Quant à Midi-Pyrénées, elle est promise à devenir le tuteur cannibale du Languedoc-Roussillon. Pas très réjouissant, quand il est question de transports, d'aides aux entreprises, de formation, de recherche.
Le territoire n'est pas la seule question ?
Bien sûr que, comme le répète à l'envi Alain Rousset, le découpage n'est pas la seule question de cette réforme. Bien sûr que la question des compétences exclusives confiées aux futures régions et les moyens transférés pour les exercer sont l'autre grande question de la réforme. Mais dire cela ne signifie pas que la question de la taille, de la cohérence culturelle, économique et géographique des futures régions serait une question anodine.
Mieux : si le territoire régional n'est pas cohérent, s'il n'est pas dessiné autour d'un projet de vie auquel adhérent les habitants, les acteurs économiques, les élus locaux, alors les compétences confiées ne s'exerceront pas. Ou mal.
Voilà pourquoi les limites des futures régions ne sont pas un sujet futile, comme le suggèrent les tenants du statu quo aquitain et du repli midi-pyrénéen.