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Publié le par Bernard LUSSET

Résumons-nous...

Au début, il y a eu la carte du Président de la République : née d'arbitrages in extremis entre amis du pouvoir, celle-ci préservait le statu quo territorial de l'Aquitaine si cher (hélas...) à son Président Alain Rousset.

Puis, nous avons eu droit à une proposition de fusion avec Poitou-Charentes, habilement suggérée par nos voisins picto-charentais, fusion dont la toujours-Présidente (même si elle est devenue Ministre...) ne voulait pas.

Passé par là, le Sénat a ensuite décidé... de ne rien décider. La Haute Assemblée a supprimé le projet de carte, à l'issue d'un examen législatif qui ne restera pas dans les annales comme un argument en faveur du bicamérisme.

Arrivé à l'Assemblée nationale, le texte a par la suite été promptement affublé, par la grâce de la commission des Lois de l'Assemblée nationale et de son rapporteur Da Silva d'un scénario de fusion avec le Limousin, dont le dessin a fait se bidonner toute la twittosphère. Dans la bataille, le Poitou-Charentes a été, temporairement, livré en pâture à la Région Centre avec laquelle, manifestement, personne ne veut s'allier.

Mais on apprend que le groupe PS de l'Assemblée aurait approuvé une nouvelle carte qui sera soumise par amendement et qui fusionnerait l'Aquitaine avec Poitou-Charentes et Limousin !

Voilà donc l'Aquitaine quasiment aux portes de la Loire Atlantique et des volcans d'Auvergne... alors que le Gers et les Hautes-Pyrénées, eux, ne font toujours pas partie de cet ensemble régional ! Comprenne qui pourra...

Quelle pitié !

Serait-il irrespectueux de dire que les responsables successifs de ces propositions de découpage ont l'air idiot ? Je prends le risque...

Le Président de la République d'abord, qui décidemment, plombe tout ce qu'il touche ! Son amateurisme répété friserait la virtuosité s'il le faisait exprès. Mais je ne crois pas que ce soit le cas, perpétuel hésitant entre sa volonté affichée de dialogue et sa tentative désespérée de sembler "à la hauteur".

Idiot aussi le management de cette réforme par Alain Rousset, grand géniteur de cet enfant mal né d'un déni démocratique et d'un aveuglement technocratique. Alain Rousset qui se voyait, Président de l'Aquitaine et des régions de France, beau et fort (pardon : "puissant"), et qui n'est rien d'autre que balloté d'un projet de fusion à un autre, l'oeil rivé sur les projections électorales des versions successives, pour mieux tenter de sauver sa peau.

Dans cet océan de bêtise, quelques élus du Sud Ouest ont bien tenté de réagir, élus locaux, régionaux et parlementaires, de droite, du centre et de gauche. Quelques-uns ont affiché sous diverses formes leur incompréhension de voir le scénario de fusion Aquitaine / Midi-Pyrénées même pas seulement étudié (même pas étudié...!). Merci à eux.

Parmi ceux-là, je salue les parlementaires socialistes que je ne soutiens pas d'ordinaire mais qui, bien que membres de la majorité et appelés, à ce titre, à un devoir minimum de soutien du gouvernement, ne s'en sont pas moins exprimés au travers d'articles, de motions ou d'amendements.

Colette Capdevielle, députée socialiste des PA et membre de la Commission des Lois de l'Assemblée est même allée jusqu'à évoquer très respectueusement le scénario "Sud Ouest" devant le Ministre de l'Intérieur. Elle n'a même pas eu droit à une réponse : ça l'apprendra à être trop respectueuse avec un Ministre !

J'espère que nos députés du Sud Ouest -tous nos députés- vont se réveiller en séance publique à l'Assemblée nationale. D'ici au 23 juillet, date du vote solennel du texte, j'espère bien qu'ils vont faire entendre, avec plus d'énergie qu'ils n'en ont mis jusqu'à présent, cette alternative Aquitaine / Midi-Pyrénées à laquelle je crois de plus en plus.

En tout cas, bien plus qu'à la fusion Aquitaine/Poitou-Charentes/Limousin...!

La carte (animée) des régions de France (Huffington Post)

La carte (animée) des régions de France (Huffington Post)

Publié dans on en parle partout

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N
Le peuple en tirera toutes les conséquences ...
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G
Mon cher Bernard,<br /> Nos dirigeants actuels, qu'ils soient de l'exécutif national ou régional s'interdisent toute logique en ne voulant pas mettre deux crocodiles, Bordeaux et Toulouse, dans le même marigot ! l'Oc et l'oïl c'est l'huile et le vinaigre. La fusion permettrait pourtant d'établir des complémentarités qui dilueraient les antagonismes historiques et développeraient, en cohérence, une puissance économique de combat. Le jacobinisme n'est pas mort. Ce sera pour les socialistes une occasion manquée de plus !
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R
et qu'on ne me dise pas que je n'aime pas le Lot-et-Garonne<br /> http://rchabaud.blogspot.fr/2012/06/le-lot-et-garonne.html
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R
quand on méprise la géographie, elle se venge...http://rchabaud.blogspot.fr/2014/04/le-modele-allemand.html
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D
Et si vous demandiez à ce que VOTRE département, le Lot-et-Garonne, soit rattaché à Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, à partir de 2016 !?
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B
Il faut que les nouvelles régions soient définitivement adoptées pour que, le cas échéant, certains départements usent du droit d'option qui est ouvert. Nous n'en sommes pas la...
A
Il faut pointer du doigt la très grave responsabilité d'Alain Rousset dans cette affaire, même si je me répète. Il a endormi les députés aquitains en conservant au forceps par une négociation personnelle avec le président la région intacte, avant de tout perdre en commission, en deux fois, le Limousin d'abord, Poitou-Charentes ensuite.<br /> <br /> Du coup, nos élus et élites n'ont pas fignolé leurs arguments, ne se sentant pas menacés, tandis que depuis des mois, des députés en vue comme Bussereau ou des sénateurs comme Raffarin, alliés aux élus PS locaux de Poitou-Charentes, menaient une politique de lobbying métropolitain assez dingue, dans la presse locale, dans les arcanes du pouvoir.<br /> <br /> Il faut, vous avez raison, saluer les députés qui ont proposé un projet Sud-Ouest alternatif, dont certains du PS. De même qu'il faut saluer les CCI de nombreux départements.<br /> <br /> Alain Rousset aujourd'hui est contraint d'accepter la situation et fait mine de croire qu'il la désire. Comme vous l'écrivez, il calcule surtout pour voir s'il pourra se maintenir dans les nouveaux découpages qu'on lui propose. Son échec est flagrant, il met en danger l'avenir économique, institutionnel et même identitaire d'une large part du Sud-Ouest, je pense qu'il doit partir.
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