Changement de cap ?
Entre l'acte d'autorité de Manuel Valls face à ses ministres frondeurs écartés, la nomination d'un Ministre libéral de l'Economie et le discours du premier Ministre devant l'Université d'été du MEDEF, on peut légitimement s'interroger : assistons-nous à un véritable changement de cap à la tête du pays ?
Je m'intéresse à la vie politique depuis trop longtemps pour ne pas regarder ces derniers évènements avec infiniment de prudence. Mais, dans le même temps, l'état du pays est tel que, même depuis les rangs de l'opposition, toute perspective favorable me semble bonne à prendre.
Saluons donc comme elle le mérite ce qui ressemble furieusement à une conversion ou, du moins, à un "coming out" social-libéral du premier Ministre et du gouvernement.
Ceci dit, ce changement de cap, s'il se confirme, mérite qu'on y revienne.
Conversion ?
Les accents de sincérité de Manuel Valls, dont on pourra écouter ci-dessous le discours, ne laissent guère de doute sur la détermination du chef du gouvernement. Mais si tel est le cas, alors on ne peut que s'interroger sur la souffrance qu'il a dû endurer depuis 2012 au sein du gouvernement !
Ce gouvernement qui n'a cessé depuis l'élection de François Hollande de détricoter les réformes entreprises par le duo Sarkozy-Fillon, d'accroître les dépenses et les déficits publics, d'augmenter les impôts des ménages et des entreprises, de réduire les dotations aux collectivités tout en leur transférant toujours plus de missions, de complexifier toujours plus les réglementations applicables, dont la loi Duflot n'est qu'une bien malheureuse illustration.
Que ces deux années ont dû être dures à supporter pour Manuel Valls !
le discours de Manuel Valls devant l'Université d'été du MEDEF
Et maintenant ?
Une fois ce credo libéral affirmé, une fois affichée la volonté de réforme, d'allègement et de simplification, une fois exprimé l'impératif de croissance en lien avec les autorités européennes, une fois lancé ce vibrant appel à dialogue social décomplexé et sans tabou, quid ?
Il est possible que soit né sous nos yeux cette semaine un parti socialiste français enfin converti à la social-démocratie européenne. Mais si Manuel Valls a manifestement réussi son examen de passage devant le MEDEF, il va lui falloir transformer l'essai sur le plan politique : on ne peut pas exclure que les journées parlementaires du PS à la Rochelle lui réserve un accueil moins chaleureux !
La conversion du premier Ministre doit désormais s'affirmer aussi chez les parlementaires socialistes et il n'est pas sûr qu'une majorité d'entre eux acceptent de le suivre dans ce virage idéologique pris sur les chapeaux de roues : on verra ça dès ce week-end.
A suivre donc...