Du côté de l'opposition
L'opposition ne doit pas se contenter d'observer, goguenarde, le PS et le gouvernement qui alimentent quotidiennement la rubrique des couillonnades en tous genres. UMP et UDI ont le devoir de construire une alternative crédible pour les jours où le peuple souverain sera appelé à se prononcer, et cela, quelle que soit la date de ces prochains rendez-vous.
Il me semble que ce travail de construction doit répondre à quelques principes simples :
Le rassemblement plutôt que le chacun pour soi (ou le "moi d'abord")
C'est une constante dans notre histoire politique récente : unis, la droite et le centre suscitent une adhésion majoritaire dans le pays. Divisés, ils laissent la part belle à la gauche et aux extrêmes. Ce principe, peu original je le concède, doit guider notre action dans les prochains mois.
Faut-il dans ce chemin privilégier les "amis" ou les "voisins", pour reprendre une expression récemment utilisée par mon collègue UMP Jean Pinasseau ? Il faut les deux ! Et bien plus encore, en allant chercher, au-delà de nous-mêmes, le plus grand nombre d'électeurs. Car c'est à cela, et cela seulement, que se mesure le résultat.
Que dans cette recherche d'union, chaque formation tente de préserver la part qui lui semble légitime, rien que de très normal. A condition que l'objectif final de l'union prime sur le reste.
Le collectif plutôt que le perso
Depuis bientôt 30 ans que je suis de près les rendez-vous électoraux, j'ai toujours été frappé de voir émerger, dans les mois qui précèdent les élections, des candidats spontanés qui s'auto-proclament. Il faut certes de l'ambition, y compris personnelle, dans l'action publique, tellement elle est rude au quotidien.
Mais l'envie d'un homme ne suffit pas à légitimer toute candidature. Encore faut-il que cette ambition suscite l'adhésion sans quoi on passe d'une démarche collective à une démarche strictement personnelle : là est, à mes yeux, la limite à ne pas franchir, d'autant que les résultats électoraux passés démontrent avec éclat que ce genre d'initiative n'aboutit qu'à un échec retentissant.
L'efficacité plutôt que l'égo
A la fin d'une rencontre de rugby, vous pouvez avoir fait le match de votre vie : ce qui compte, c'est le panneau d'affichage. En politique, c'est pareil : vous pouvez avoir plein de qualités, ça ne fait pas nécessairement de vous un champion électoral.
Pour être très clair, je me range, moi, dans cette catégorie d'élus qui s'efforcent d'être utiles dans leur engagement public. Mais ça ne m'empêche pas d'être lucide sur mon poids électoral personnel : voilà pourquoi je suis modeste dans mes ambitions et je m'en porte très bien. D'autant que la vie publique n'est pas, loin s'en faut, mon unique horizon. Etre utile tant qu'on le peut et puis faire autre chose ensuite.
Dans les scrutins à venir, je plaiderai comme je l'ai déjà fait dans le passé, pour que nous choisissions nos candidats -que je souhaite communs avec l'UMP- d'abord sur le critère de l'efficacité électorale. Partout. Même si ces arbitrages, toujours compliqués au plan humain, doivent froisser quelques susceptibilités.
Nul ne détient de "droit" divin à être candidat : les fourmis dans les jambes d'un nouveau venu, la qualité d'un bilan d'un sortant ou l'étiquette politique du parti auquel on adhère ne suffisent pas à faire une démonstration d'efficacité électorale. Ca se saurait...
UMP / UDI
Ca fait 30 ans que je suis militant centriste. Ca fait 30 ans que je supporte le regard condescendant de certains de mes amis-voisins RPR/UMP, leur suspicion permanente de traitrise ou de mollesse, leur complexe de supériorité, leur volonté de parti unique.
Ca fait aussi un paquet d'élections où je vote UMP sans enthousiasme mais sans faiblesse. Je n'attendais aucune marque de reconnaissance pour cette fidélité ? Je suis servi...
Pour autant, je n'ai jamais cédé à l'exaspération, pour une raison simple : je sais que le rassemblement de nos deux familles est plus utile au pays que ne me soulagerait quelque tweet vengeur ou quelque opération publique de bodybuilding, qui ne bougent pas une voix.
Une fois que l'UMP et l'UDI auront désigné leurs instances nationales respectives, en tournant la page "Copé" dans un cas et la page "Borloo" dans un autre, nos deux familles seront en ordre de marche pour construire cette union sans laquelle aucune alternative sérieuse ne sera possible. Vivement cet automne.
Front national
Un dernier mot : le PS et la gauche se sont largement déconsidérés aux yeux des Français. C'est vrai au plan national ; ça l'est aussi au plan régional et départemental. Si on ajoute à ce constat que le PS détient aujourd'hui la quasi-totalité des régions et la majeure partie des départements, les prochains rendez-vous électoraux devraient signer le retour à un plus grand équilibre des forces dans lequel le Lot-et-Garonne devrait prendre toute sa place.
Mais ne nous leurrons pas : il n'y aura pas d'effet de balancier comme on a pu en connaître. Y compris et d'abord en raison de l'émergence du Front national dont le discours racoleur et simpliste suscite une adhésion croissante chez des électeurs désabusés et dépolitisés.
Voilà pourquoi UMP et UDI ont un devoir supérieur de construire une alternative crédible en Lot-et-Garonne, en Aquitaine et en France : si nous ne parvenons pas à le faire, nous partagerons avec le PS une bien grave responsabilité.
Et les égos qu'on aura voulu ménager avant... seront balayés, après.