Le triste roman-photo de la rentrée
Au diable tous les faux-culs qui prétendent qu'ils ne liront pas le livre de Valérie Trierweiler (mais qui en connaissent chaque passage) : plutôt que de me contenter des "bonnes feuilles" publiées dans la presse, je viens de lire "Merci pour ce moment", histoire de me forger ma propre opinion.
Ma conclusion : c'est nul !
Est-il indigne d'une ex-première Dame comme on le claironne ici et là ? Il est dans l'air (vicié) de notre temps, ni plus ni moins : c'est un exercice très impudique, voire vulgaire s'il n'était écrit aux larmes de rage d'un femme blessée et humiliée qui se venge. Voilà les limites de l'exercice, qu'il faut garder en tête au fil des pages : la douleur, l'amertume, la rancœur forcent évidemment le trait d'une plume qu'on entend crisser violemment à chaque phrase. Au point qu'il n'y a rien d'autre dans ce livre...
Victime ?
Ce livre est la chronique acerbe d'un voyage douloureux, dans lequel Valérie Trierweiler n'est que victime :
- Victime, comme une femme trompée qui croyait au grand amour. Pour douloureuse que soit pareille aventure, on trouvera aisément dans notre bibliothèque des récits plus poignants et mieux écrits d'une désillusion sentimentale. Aujourd'hui encore, elle souffre et lui s'en amuse. Triste, banal. Et piquant de la part d'une femme qui, tout de même, eut de moins de scrupules à l'égard de Ségolène Royal, de son propre mari et des enfants des deux ménages...
- Victime, comme une femme aux origines très modestes qui découvre avec stupeur le microcosme parisien et le pouvoir de l'argent facile. On a envie de lui expliquer que, pour une journaliste de Paris Match, elle est bien crédule.
- Victime comme quelqu'un qui a cru la fable du "Président normal" et qui "découvre" (?) que l'Elysée n'est ni le Club Med ni une maison "normale". Peu crédible.
- Victime de ses ex-amis qui lui tournent le dos dès qu'elle répudiée. Découverte adolescente : la roche tarpéienne est proche du Capitole...
- Victime de ses confrères journalistes dont les ragots, les rumeurs, les fausses images données d'elle-même la blessent. La journaliste qu'elle est ignorait vraiment tout ça avant ?
Ai-je crû un seul instant à ce statut de victime ? Pas vraiment...
Hollande
Apprend-on quelque chose sur la conception hollandienne du pouvoir présidentiel ? Rien. Juste que l'homme est plus cynique et ambitieux qu'il ne veut le laisser paraître. Quelle découverte !
L'homme est inconstant dans ses rapports amoureux ? Fuyant devant les conflits ? Accro aux SMS dont il inonde son ex-compagne jusqu'aux derniers jours de l'été ? L'Elysée est un microscosme qui ressemble à la Cour sous Louis XIV, où s'aiguisent dans les couloirs les couteaux, où les chausse-trappes fourmillent ? Où, au final, il ne fait pas bon vivre ? Et oui...
Hollande sort-il affaibli de ce livre ? Il n'en sort certes pas grandi : son incapacité à décider même les questions les plus personnelles et son double langage ne le présentent guère à son avantage. Mais il ne s'agit que de la confirmation de ce qu'on savait déjà.
Et au point où en est son impopularité...
Conclusion : si vous n'avez pas acheté ce livre, contentez-vous de ce que vous avez entendu à son sujet. C'est bien assez...
On savait déjà que François Hollande n'était pas un grand Président. On découvre désormais que, dans la vie privée, c'est aussi un petit Monsieur"