Entreprises & réforme territoriale

Publié le par Bernard LUSSET

J'ai assisté vendredi au débat organisé par la Dépêche du Midi à la CCI d'Agen sur la dimension économique d'une éventuelle fusion Aquitaine / Midi-Pyrénées. Autour de Jean-Alain Mariotti, hôte de cette rencontre, se trouvaient les présidents des CCI de Bordeaux et de Toulouse, ainsi que les présidents des CESER des deux régions.

Je suis sorti de cette soirée, intéressante par la qualité des propos échangés, avec une sensation bizarre.

Entre politiques et entreprises : le gouffre

Je suis toujours triste d'entendre dire du mal des politiques -même de mes adversaires- parce que je crois profondément à l'utilité de la politique, même si je la regarde lucidement. Or, les propos tenus n'ont pas seulement été critiques : les patrons présents semblaient considérer comme quantité négligeable cette réforme territoriale. Je crois qu'ils se trompent.

Certes, ces hommes et femmes ont l'habitude de s'adapter et de prendre les contraintes règlementaires comme un élément parmi d'autres : on peut les comprendre. Pourtant, je n'ai pas aimé ce discours qui banalise cette réforme et les différents scénarii de territoire.

Moi qui bataille depuis le début pour expliquer qu'un territoire ou un autre ne sera pas sans conséquence sur les politiques menées, je suis tombé de haut. D'autant que cette indifférence donne raison aux artisans parisiens et bordelais de cette réforme absurde.

Dans mon coin, je bouillai...

Grande région Sud Ouest : une bonne idée, mais...

Pas un intervenant -pas un- n'a eu un mot pour justifier l'intégration future de Poitou-Charentes et Limousin au sein de l'Aquitaine. Au contraire : chacun a salué la communauté de destin, y compris économique, entre Aquitaine et Midi-Pyrénées, et vanté ce que cette région grand Sud Ouest pourrait avoir de puissance d'action. Pourtant la perspective du regroupement absurde Aquitaine/Poitou-Charentes/Limousin qui va sans doute être adopté n'a semblé émouvoir personne dans l'assistance.

En mon for intérieur, j'imaginais la suite : une fois la réforme adoptée, l'Aquitaine élargie vers le nord mettra en oeuvre ses politiques régionales et, quelques mois ou quelques années plus tard, tout ce petit monde économique, qui snobe aujourd'hui les débats politiques, découvrira les conséquences concrètes de ce choix contre lequel ils n'auront même pas essayé de s'opposer. Mais il sera trop tard, pour notre économie et pour nous tous.

Bizarre sensation pour l'élu local pétri d'engagement politique que je suis...

Publié dans on en parle à Agen

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N
Bonsoir,<br /> J'ai eu le plaisir d'assister à ce débat comme vous et je crois qu'au delà d'une certaine démagogie affichée par moment, les patrons sont assez d'accord et partage avec moi 3 points : 1/ cette réforme ne produira aucune économie (objet Numéro 1 de la réforme). Le déplafonnement du nombre maximal d'élus le prouve bien. 2/ on ne simplifiera en rien le rapport à nos régions. J'y vois même un risque de ne plus savoir si c'est vers Toulouse ou vers Bordeaux qu'il faut se tourner pour tel ou tel sujet. 3/ comme cela a bien été expliqué, les entreprises n'ont pas attendu les politiques pour créer des synergies et les exemples cités sont plutôt intéressant. Pour ma part, je pense que nous agenais, qui au regard de Bordeaux ne sommes rien - et je pèse mes mots étant dirigeant d'une PME présente partout en Aquitaine de 350 salariés - qui subit continuellement le mépris économique de la Gironde, je crois qu'au sein d'un tel ensemble, nous n'aurions même plus les 2 miettes de pain que la capital régionale pense quelque fois à nous laisser. Ce projet n'est pas un bon projet. Autant que ce projet de réforme ne vise qu'à faire diversion des véritables problèmes de notre pays. Bien à vous. Nicolas Baret
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N
Agen doit s'emenciper de Bordeaux en exploitant sa situation géographique (foncier, LGV, pôle de compétitivité...). La politique de l'agglomération d'Agen va dans ce sens et est la seule issue possible positive pour Agen. N'attendons rien de personne et bâtissons un territoire qu'on nous envira. donc on ne laisse pas faire, on fait (et mieux que les autres !) Nicolas
L
Et Agen dans tout ça ? <br /> Il est certain que la future &quot;grande Aquitaine&quot; privilégiera l'&quot;arc atlantique de Biarritz à Nantes&quot; au détriment de sa périphérie Lot et Garonnaise..<br /> D'ailleurs , exemple significatif actuel : l' agenais est la seule micro région d'Aquitaine à ne pas posséder son décrochage local sur France 3 Aquitaine ....au point que nous devions nous contenter des informations de Pau sud Aquitaine....
B
D'accord sur tout ça. Mais avec toujours le même regret : on laisse faire ?