Croire encore en la politique ?
"L'effet pendulaire" prévoit que le gouvernement en place sera battu aux prochaines élections. Les pronostics les plus sombres pour le PS sont désormais considérés comme acquis pour les élections départementales et régionales de cette année 2015, comme semble possible sinon probable -la prudence reste de mise...- l'éviction d'un candidat de gauche au second tour de la présidentielle de 2017.
Certes, l'inadaptation de François Hollande à la direction des affaires publiques fait beaucoup pour cette accumulation de pronostics. Mais souvenons-nous que :
- Sarkozy fut incapable d'être réélu en 2012.
- Avant lui, Chirac ne fut réélu que parce qu'il était opposé à Jean-Marie Le Pen au second tour de 2002, à l'issue d'une cohabitation qui avait éliminé, déjà, le candidat socialiste.
- Encore avant, ce sont encore les délices empoisonnés d'une cohabitation 1986-1988 qui auront permis à François Mitterrand de sauver sa réélection pourtant improbable de 1988.
Quant aux élections intermédiaires, cela fait belle lurette que l'électorat les utilise principalement pour sanctionner le pouvoir en place, quel qu'il soit : j'ai en mémoire quantité d'élus sortants de talent ainsi balayés (et quantité de candidats élus par la seule vertu de s'être présentés sous vent favorable...)
Exit donc l'analyse facile d'un Hollande démonétisé comme seule explication au désamour des Français à l'égard de leur classe politique.
Le FN en recours ?
Dans ces circonstances, le Front national est vu de plus en plus comme un recours par une part grandissante de Français. Sont-ce les élus FN du printemps municipal 2014 qui, par leur action locale, invitent à ce rassemblement dynamique ? J'ai du mal à le croire, si j'en juge par l'inanité des propositions des élus FN d'Agen.
Non. Seule la figure tutélaire de Marine Le Pen et son cortège clinquant de dénonciations permanentes, de raccourcis démagogiques et de "solutions" en trompe-l'oeil parlent au coeur des Français : puisque tout a échoué, puisque les responsables politiques, droite et gauche confondus, donnent le sentiment de ne courir qu'après leur propre survie, autant "renverser la table". Et qu'importe la suite...
Comment en vouloir aux Français au moment où nos repères économiques, culturels, sociologiques sont si bouleversés ? Comment leur en vouloir alors que l'avenir s'annonce si incertain, si inconnu, si imprévisible ? La vérité, c'est qu'à l'époque de "Petite Poucette", gouverner est devenu un art extraordinairement compliqué. Ou, pour reprendre la thèse de Michel Serres, le gouvernement des hommes ne peut plus se concevoir aujourd'hui avec les méthodes d'hier. Mais, là, tout reste à inventer.
Ce n'est pas le moindre paradoxe du moment que de voir le FN, vestige entre tous du passé le plus racorni, trouver là une forme de modernité !
La tentation de la technique
C'est dans ce contexte qu'émergent, ici et là, quelques appels à des gouvernements de "techniciens" à la Mario Monti, du nom de cet ancien Commissaire européen appelé à présider l'Italie au plus fort de la crise et dont l'action aura surtout abouti à... sa mort politique.
France : en attendant Matteo...
Les politiciens professionnels sont incapables de mener de vraies réformes, en raison du risque électoral. Faisons appel, par exemple, à des économistes de renommée internationale, qui, comme ...
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20141229tribb9d0a2e7b/france-en-attendant-matteo.html
Les profs d'économie en appellent à un gouvernement de techniciens
à endiguer ni la montée du chômage ni la forte inflation qui frappèrent tous les deux l'ensemble des pays d'Europe.
Pas de solution "technique" miracle, donc.
Politiques : choisir les meilleurs
Au fond, le meilleur service à rendre à notre pays -et à nous mêmes- est encore de désigner par nos votes les femmes et les hommes dont les valeurs et le parcours personnel permettent d'augurer au mieux la direction qu'ils feront prendre aux affaires publiques qui leur seront confiées.
Et quoi qu'en dise la doxa, ces candidats de valeur ne manquent pas.
Aux prochaines élections départementales et régionales (on y reviendra ici) laissons-nous guider par ce que nous connaissons de ces candidats de proximité. Méfions-nous comme de la peste des ego sur-dimensionnés, des tripatouillages d'appareils et aussi de ces phénix, trop beaux pour être vrais et qui ne renaissent jamais que sur des cendres. Tout ça doit permettre de changer l'équipe actuelle du Lot-et-Garonne et de sanctionner, comme il le mérite, un Alain Rousset grand responsable de cette région ridicule qui est désormais la nôtre.
Viendront ensuite les prémices du grand rendez-vous présidentiel. En cette fin d'année 2014, le seul responsable politique qui me semble vraiment mériter notre soutien est clairement Alain Juppé, même si je suis désormais vacciné, et pour longtemps, contre la tentation des hommes providentiels.
Mais, quel que soit le rendez-vous électoral et quels que soient les candidats en lice, il faut continuer de croire, plus que jamais, en la politique, parce qu'elle incarne un chemin démocratique auquel nous tenons, finalement, plus que nous ne voulons bien le dire. Il ne faut pas seulement y croire : il faut s'y impliquer, prendre sa part, participer au débat des idées.
Car c'est de là, et de là seulement, que viendra la solution.
Bonne année 2015 à tous.