Pourquoi j'ai adhéré au Modem
Ainsi que vient de l'indiquer la presse locale (voir les articles en bas de chronique) j'ai adhéré récemment au Modem que préside François Bayrou, alors que je militais jusqu'à présent à l'UDI. C'est un choix mûrement réfléchi, que j'ai plaisir à expliquer ici, pour ceux d'entre vous qui seraient intéressés par ma démarche. (Que tous les autres veuillent bien m'excuser de cette chronique, du coup, très ego centrée...)
Pourquoi quitter l'UDI ?
Je suis, depuis toujours, un vrai centriste :
- Je crois en l'Europe, que je souhaite fédérale, c'est-à-dire recentrée sur ses missions premières et politiquement responsable devant les peuples. On en est loin ? Oui, c'est pour ça qu'il faut militer pour l'Europe ! Le drame humain qui se joue sur les deux rives de la Méditerranée illustre chaque jour à quel point les pays, pris isolément, sont dans l'incapacité de traiter seuls ce genre de question.
- Je crois dans la liberté d'entreprendre et la création de richesses qui, redistribuées, permettent la solidarité à l'égard des plus fragiles. Cette solidarité, qui est une fierté et un devoir, dépend donc de notre capacité à favoriser les réussites économiques et, même à les inciter. Là aussi, on est en loin en France.
- Je crois qu'à chaque fois qu'on ramène les centres de décisions vers le terrain où elles s'appliquent, on améliore la qualité de ces décisions. Pour ne citer qu'un exemple, je découvre en souriant qu'il faut un décrêt pris en Conseil des Ministres pour décider des chefs-lieux des nouvelles régions ! Nous crevons à petit feu de cette hypercentralisation et de son corollaire, la sur-administration.
Voilà ce que je suis, comme citoyen, comme militant et comme élu local : européen, "socio-libéral" (si cette étiquette a un sens) et profondément décentralisateur.
J'ai vécu la constitution de l'UDI par Jean-Louis Borloo comme une vraie chance de re-fédérer les chapelles centristes émiettées depuis la disparition de l'UDF. Mais, pour le dire d'un mot, je n'ai pas aimé grand-chose de ce qui s'est passé à l'UDI depuis le départ de Borloo, au point que je ne m'y reconnais pas. Voilà pourquoi je quitte l'UDI, où je conserve cependant plein d'amis à qui j'adresse tous mes encouragements.
Pourquoi adhérer à une formation politique ?
Je connais quantité de gens qui, bien qu'intéressés par la vie publique, se sont toujours refusés à adhérer à une formation politique : contraignant voire inutile, quand ce n'est pas dépassé. J'ai un autre point de vue : le militantisme fait partie d'une démarche citoyenne engagée, agissante et responsable. Qu'il s'agisse de politique, d'action syndicale ou associative, l'engagement est à mes yeux une valeur essentielle.
Donc, me ré-investir dans une formation politique, comme simple militant.
Pourquoi rejoindre François Bayrou ?
Une seule chose m'a séparé de François Bayrou ces dernières années : sa stratégie d'alliance. En 2007 au second tour puis en 2012, aux deux tours, j'ai voté Sarkozy. Sans enthousiasme, mais je l'ai fait. François Bayrou a alors fait d'autres choix qui lui ont valu et lui valent encore certains ressentiments.
Nous sommes désormais en 2015, et je fais, comme beaucoup de Français, le constat à la fois de la nécessité absolue de réformer la France et de notre incapacité collective à le faire.
- Le tandem Hollande-Valls est-il intrinsèquement incapable de mener ces réformes ? Non bien sûr, mais l'écart est tellement vertigineux entre ce que Hollande avait promis et ce qu'il cherche à faire : comment espérer, dans ces conditions, avoir une majorité solide pour réformer ? L'art de la synthèse a ses limites... J'ajoute que le parti socialiste demeure engoncé dans un clientélisme et un sectarisme qui sont un frein à ses capacités réformatrices.
- Sarkozy est-il mieux placé pour réformer ? On voit bien que non : l'homme est revenu inchangé (pire ?) de son échec de 2012, plus clivant que jamais quand la France a tant besoin de rassembler ses forces. Et puis, voter de nouveau pour un homme qui a dépassé de 11 voire 18 millions d'euros son budget de campagne en 2012, alors que n'importe quel autre candidat local, dans une situation infiniment moins lourde, aurait été condamné à une longue inéligibilité ? Et après ça, demander à tous de respecter la loi ? Non : plus Sarkozy.
Bayrou peut-il rassembler des Français de sensibilités différentes, autour d'un programme ambitieux de réformes utiles clairement annoncées avant la présidentielle ? Je crois qu'il est un de ceux qui peuvent essayer de le faire : de Juppé à Valls, en passant par Bayrou donc et bien d'autres, il y a dans ce pays quantité d'hommes et de femmes qui savent bien qu'en-dehors de ce rassemblement bi-partisan sur un programme affiché, il n'y aura pas de réformes possibles et, donc, pas de salut pour la France.
Affirmer mon soutien à une démarche programmatique de rassemblement claire, qui soit autre chose qu'une tentative de débauchages individuels : voilà pourquoi je rejoins François Bayrou.
En Lot-et-Garonne ?
Chacun sait, sans doute, que je n'ai pas soutenu Bruno Dubos, président du Modem 47, aux dernières élections départementales et que je lui ai préféré Christian Delbrel et Nathalie Bricard, élus conseillers départementaux. Chacun connait par ailleurs ma grande proximité -qui demeure, plus que jamais- avec Jean Dionis, Président de l'UDI 47.
Je pense que la famille centriste lot-et-garonnaise serait mieux inspirée d'améliorer son dialogue interne autour de ses valeurs communes, plutôt que de jouer à des petits jeux partisans contre-nature qui puisent leurs principales motivations dans des considérations d'ego mal venues.
Je pensais ça avant d'adhérer au Modem. Je continuerai de le penser.
Si je le peux, je serai heureux de contribuer, avec d'autres, à améliorer ce dialogue des centristes à partir de nos convictions communes dont je pense, plus que jamais, qu'elles seules ouvrent la voie des réformes dans notre pays.