Europe et migrants
Le débat qui vient d'avoir lieu ces dernières heures au sein de l'Union européenne à propos de l'instauration ou non de quotas nationaux d'accueil de migrants est, hélas, révélateur des dysfonctionnements de l'Union.
Pour faire simple, en matière migratoire, seuls les Etats membres peuvent décider. Il n'y a donc pas de politique européenne ; l'Italie et la Grèce (avec Malte) se trouvent seules et en première ligne face au problème.
Le scandale de ces migrants jetés à la mer par des passeurs sans scrupules sous les yeux des caméras a ému le monde entier. Sous cette contrainte, les chefs d'Etat et de gouvernement ont mandaté la Commission pour leur faire des propositions de mesures. Parmi celles-là, une meilleure surveillance des frontières sud de l'Europe et l'instauration de quotas d'accueil de migrants. La Commission européenne a donc fait le boulot qui lui était demandé.
Mais dans ce domaine, la Commission ne peut rien imposer aux pays membres : il y faut l'accord des chefs d'Etat. Et là, la cacophonie et les égoïsmes nationaux ont repris tous leurs droits. Ces quotas ont été rejetés par certains pays membres et, comme toujours en Europe, les dirigeants ont finalement adopté un texte général, plein de belles idées, mais sans pouvoir contraignant. Du vent.
Ce qui a fait dire au premier Ministre italien Renzi à ses homologues : "Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps". La triste vérité, c'est que les Etats ne sont pas solidaires.
Conclusion : comme dans bien d'autres politiques européennes, ce n'est pas le pouvoir aveugle de "Bruxelles" qui fait défaut : c'est la volonté politique des Etats. Ce qui n'empêchera naturellement pas les mêmes chefs d'Etat européens de verser demain, à coup de communiqués de presse, des larmes de crocodiles sur le triste sort des naufragés qui continueront d'arriver demain à Lampedusa, à Malte ou sur les côtes grecques.
L'indifférence nationale plutôt que la solidarité européenne : triste jour.