Europe et migrants

Publié le par Bernard LUSSET

Le débat qui vient d'avoir lieu ces dernières heures au sein de l'Union européenne à propos de l'instauration ou non de quotas nationaux d'accueil de migrants est, hélas, révélateur des dysfonctionnements de l'Union.

Pour faire simple, en matière migratoire, seuls les Etats membres peuvent décider. Il n'y a donc pas de politique européenne ; l'Italie et la Grèce (avec Malte) se trouvent seules et en première ligne face au problème.

Le scandale de ces migrants jetés à la mer par des passeurs sans scrupules sous les yeux des caméras a ému le monde entier. Sous cette contrainte, les chefs d'Etat et de gouvernement ont mandaté la Commission pour leur faire des propositions de mesures. Parmi celles-là, une meilleure surveillance des frontières sud de l'Europe et l'instauration de quotas d'accueil de migrants. La Commission européenne a donc fait le boulot qui lui était demandé.

Mais dans ce domaine, la Commission ne peut rien imposer aux pays membres : il y faut l'accord des chefs d'Etat. Et là, la cacophonie et les égoïsmes nationaux ont repris tous leurs droits. Ces quotas ont été rejetés par certains pays membres et, comme toujours en Europe, les dirigeants ont finalement adopté un texte général, plein de belles idées, mais sans pouvoir contraignant. Du vent.

Ce qui a fait dire au premier Ministre italien Renzi à ses homologues : "Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps". La triste vérité, c'est que les Etats ne sont pas solidaires.

Conclusion : comme dans bien d'autres politiques européennes, ce n'est pas le pouvoir aveugle de "Bruxelles" qui fait défaut : c'est la volonté politique des Etats. Ce qui n'empêchera naturellement pas les mêmes chefs d'Etat européens de verser demain, à coup de communiqués de presse, des larmes de crocodiles sur le triste sort des naufragés qui continueront d'arriver demain à Lampedusa, à Malte ou sur les côtes grecques.

L'indifférence nationale plutôt que la solidarité européenne : triste jour.

image Le Monde.fr

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Publié dans on en parle partout

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J
L'Europe ne veut pas d'harmonisation, dans aucun domaine. Aucune raison d'en avoir dans ce domaine-ci. Toute mesure efficace et courageuse irait contre son dogme : libre-circulation, libre concurrence. <br /> Vous avez aimé la cupidité et l'immoralité incommensurables des banques qui ont fait exploser la dette de la France et mis en danger les économies des épargnants, vous adorerez, avec cette histoire de migrants, la stupidité et la lâcheté de nos dirigeants entièrement responsables de la situation actuelle. <br /> Tout porte à penser que cela va mal finir.
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B
Certes, certes. Mais permettez moi d'avoir un regard moins... pessimiste. Moi qui suis plutôt un libéral (modéré mais libéral), je suis moi aussi frappé de voir a quelle point cette doctrine domine l'UE. Mais, cher Jean-Louis, à qui la faute ? Nous souffrons en France d'une sous représentation chronique de nos intérêts en Europe. Deux exemples : le nombre important de députés FN que les Français ont envoyé à Strasbourg la dernière fois. Ils sont contre l'UE, contre l'euro, contre l'Europe. Résultat des courses : la voix de la France est inaudible en Europe. Autre exemple : nos ministres français des affaires européennes. Sauf erreur, le dernier en date est Harlem Désir. Tout le monde sait qu'il est nul et que cette nomination, strictement politique, n'était qu'une manière de remerciements pour service rendus au PS. Et maintenant, regardez ses homologues des autres pays : de vraies pointures. Alors, l'Europe n'est sans doute pas parfaite, loin de la. Mais avec nos manières bien françaises de ne jamais vouloir faire le boulot, on voit le résultat...