Gueule de bois post-régionales

Publié le par Bernard LUSSET

Entre un 4ème mandat d'Alain Rousset et Virginie Calmels, nous avons choisi... Rousset !

Entre un 4ème mandat d'Alain Rousset et Virginie Calmels, nous avons choisi... Rousset !

Les élections régionales 2015, nous dit-on, devraient modifier en profondeur à la fois le paysage politique et la manière de faire de la politique. On verra bien. En simple militant et élu de terrain, je souhaite partager ici quelques réflexions que font naître chez moi ces élections, les dernières avant la présidentielle de 2017.

Tout changer... mais réélire Rousset pour un 4ème mandat ?

Je prends acte du choix des électeurs d'Aquitaine qui ont non seulement réélu Alain Rousset mais l'ont fait très clairement, en le plaçant en tête au second tour dans les 12 départements. Je prends acte démocratiquement de ce résultat.

Mais ça ne m'empêche ni d'être déçu, ni surtout de ne pas comprendre :

  • On nous dit que les Français aspirent à un renouvellement des responsables politiques. Qu'ils veulent voir de nouvelles têtes. Qu'ils sont même favorables à une limitation du cumul des mandats dans le temps. Et on réélit pour son 4ème mandat Alain Rousset ?
  • Tout le monde a reconnu que la nouvelle grande Aquitaine était une construction technocratique folle, inutile et mal pensée, qu'Alain Rousset en avait été un des co-fondateurs. Et pour le remercier, on reconduit Alain Rousset ?
  • Alors que l'action du gouvernement suscite un profond rejet chez les Français, Alain Rousset en soutient toutes les actions à l'Assemblée comme député de la majorité. Et, par souci de cohérence sans doute, nous exprimons notre satisfaction à l'égard du gouvernement en votant Rousset ?

Nous avions en Virginie Calmels une femme, jeune, nouvelle en politique, issue du monde de l'économie et de la société civile. Et nous avons préféré reconduire un vieux baron socialiste pour un 4ème mandat ? Et que dire du silence assourdissant pendant la campagne des fédérations 47 de LR et du Modem, au seul motif de crispations personnelles dérisoires, et en tout cas indignes d'un engagement militant authentique ?

Sommes-nous sérieux ? Pas sûr. Est-il anti-républicain de rappeler que nous avons les élus que nous méritons et qu'avec des votes pareils, nous ne méritons pas mieux que ceux que nous nous sommes choisis ?

Qu'on me comprenne bien : en démocratie, la règle, c'est que le peuple a toujours raison et j'accepte évidemment ce principe supérieur qui fonde notre démocratie. Mais il ne signifie pas que nous choisissons toujours la meilleure solution. Il signifie que c'est nous qui décidons : nuance. Et cela donne à chacun de nous une responsabilité qui contraste, me semble-t-il, avec la légèreté avec laquelle, dimanche dernier, nous nous sommes exprimés ou pas.

Le vote FN sert... le PS

En faisant le choix de retirer ses candidats dans le Nord et en PACA, le PS a fait un choix qu'il faut saluer : car c'est d'abord à lui et au bon report des voix des électeurs de gauche qu'on doit la non élection des Miss Le Pen tante et nièce. Mais on a vu aussi que dans l'Est, le maintien de l'ex-candidat PS a abouti au même résultat. Et dans le même ordre d'idée, le maintien du candidat LR-UDI en Midi-Py a paradoxalement sans doute contribué à faire élire la candidate PS : gare donc aux généralités hâtives et aux slogans rapides. C'est compliqué la politique.

Mais saluer le comportement républicain du PS et de ses électeurs ne doit pas empêcher de faire un autre constat : en Aquitaine et sans doute ailleurs, une part importante du vote FN, d'ailleurs conforté au second tour, s'est faite au détriment de la droite et a eu pour résultat l'élection du candidat PS. Comprenne qui pourra. Il faudra bien que ces électeurs ouvrent un jour les yeux : à vouloir "se faire plaisir", à mettre indistinctement tous les élus dans le même sac, à placer ses espoirs dans quelques solutions faciles, on obtient l'exact contraire du résultat recherché.

On m'objectera que c'est aux candidats qu'il appartient de se faire entendre ? C'est juste. Mais mesurons la difficulté de l'exercice :

Redevenir audibles

Au bon vieux temps de l'ORTF et du courrier postal distribué à J + 3, les médias nationaux s'occupaient principalement de Paris et le Petit Bleu... d'Agen. La communication publique était assez simple. Tout a changé.

Aujourd'hui, le moindre évènement se diffuse à vitesse grand V via les réseaux sociaux et ce déferlement d'infos pèse plutôt négativement sur notre état d'esprit collectif. D'autant que dans ce fatras d'informations, la part belle est faite à toutes les catastrophes, tous les scandales, vrais ou faux.

Facebook, devenu le nouveau Forum, offre-t-il bien toutes les garanties de transparence et de vérité ? Evidemment, non. Twitter, ce media en 140 signes que j'affectionne par ailleurs, suffit-il à mesurer la complexité des choses ? Evidemment non. Dans un tel contexte, quand on est candidat à une élection ou élu en responsabilité, comment se faire entendre des habitants ? Comment redevenir audibles ?

Ici et maintenant

Comment aider nos compatriotes à mieux faire la part des choses ? Comment les réconcilier avec la politique, qui est l'art de prévoir le collectif, au moment où nous sommes de plus en plus tournés vers nous-même et l'immédiat ? Ici et maintenant : nous n'écoutons plus rien d'autre que ça.

A Agen, sous l'impulsion de Jean Dionis et Pierre Chollet, nous avons voulu marquer l'action municipale d'une volonté forte de proximité depuis 2008 : conseils de quartier, visites hebdomadaires de quartiers, réunions de concertations sur tous les projets, compte-rendu annuel de nos engagements de campagne distribué dans toutes les boites aux lettres : comment faire plus transparent et plus proche que ça ?

Mais, en même temps, je mesure tous les jours qu'au final, malgré tous ces efforts, le niveau d'information de nos compatriotes est assez faible : tout le monde mélange tout, telle information largement dispensée n'a pas été reçue ou comprise, ce qui n'est pas d'effet immédiat est considéré comme une simple promesse (autant dire rien), la moyenne d'âge des participants aux réunions de proximité est élevée, etc...

Faut-il revenir au bon vieux magazine municipal distribué dans toutes les boites aux lettres avec la photo du Maire à toutes les pages pour être enfin entendu ? Même pas sûr, alors qu'il suffit de 20 secondes dans un JT national ou quelques signes dans un tweet bien senti pour qu'un homme, une ville ou une équipe soient immédiatement identifiés et catalogués, pour le meilleur comme pour le pire.

Je l'avoue : en ce lendemain d'élection régionale, j'ai en tête, au-delà de la déception, plus de questions que de réponses. J'entends s'exprimer partout des volontés de "rupture", de "changement" mais au moment où nous avons les moyens de changer la politique, par notre vote, je constate qu'il n'y a plus grand monde.

Serions-nous versatiles ? Je nous crois surtout trop égocentrés, chacun menant sa barque comme il le peut. Signe de la dureté des temps ? Sans doute, mais un peu facile aussi, non ? Dans nos conversations, je n'entends pas grand chose sur l'idéal collectif. C'est pourtant bien le collectif qui est notre seul chemin prometteur, sauf à laisser le FN et ses pseudos-solutions continuer de caracoler en tête des suffrages.

Laissons donc sans regret derrière nous ces tristes régionales aquitaines et concentrons-nous sur le prochain grand rendez-vous : celui de la primaire de la droite et du centre qui aura lieu dans un an. Puis-je former ici le voeu que, pour une fois, les électeurs agenais prennent les choses en mains ? Se mobilisent ? Participent à la construction d'un projet présidentiel ? Se mouillent pour soutenir un candidat plutôt que de râler de loin et laisser les autres décider à leur place ? L'enjeu le mérite, non ? A moins que la perspective d'un second tour Le Pen / Hollande ou Le Pen / Sarkozy vous convienne ? Pas moi.

C'est pourquoi, dépassant ma gueule de bois post-régionales, c'est ce chemin citoyen que j'emprunte aujourd'hui au travers du Comité Alain Juppé - Agen que j'ai constitué. Chemin que je vous invite à emprunter avec moi : pour cela, il vous suffit d'imprimer le document ci-dessous.

Oserez-vous, enfin ?

Publié dans on en parle à Agen

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B
C'est malheureux à dire mais les citoyens n'ont pas encore subit je conseille au PS d'augmenter encore plus les impôts de diminuer le travail et d'augmenter le nombre de chomeur de diminuer le pouvoir d'achat etc... car en votant comme cela pour la gauche divisé au 1er tour et assemblée au 2eme ils considèrent qu'ils ont encore trop par contre je respecte le vote et la démocratie c'est juste un point de vue
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F
100/100 d'accord !!!!!
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