Réponse à la députée, au sujet du TAG
Le 25 novembre dernier, la députée de la circonscription a adressé aux maires de l'agglomération d'Agen le courrier qu'on trouvera en pièce jointe.
Difficile de ne pas répondre à une telle correspondance... Je reproduis ci-dessous la réponse que j'adresse ce jour à la députée d'Agen.
BL
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Madame la Députée,
J’ai lu avec toute l’attention qu’il mérite votre courrier du 25 novembre adressé aux Maires de l’Agglomération d’Agen, dans lequel vous réitérez votre opposition au projet de Technopole Agen Garonne.
Je salue la constance de votre opposition, même si la saisine à la volée d’arguments chaque fois différents (cette fois-ci la COP 21) fait perdre un peu de solidité à votre démonstration. A tout prendre, je préfère encore cet argument à vos accointances discrètes mais sulfureuses avec certains activistes anti-TAG.
Il est cependant impensable de ne pas répondre à l’accumulation de poncifs et de contre-vérités qui servent de structure à votre courrier.
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« Je revendique, écrivez-vous, une autre approche du développement économique, différente de celle qui prévalait, par exemple, il y a trente ans ». J’ai lu avec minutie le reste de votre courrier, dans l’espoir d’y trouver une approche du développement économique qui serait « de notre temps ». Qu’ai-je trouvé ?
« Préserver le cadre de vie de notre territoire »
C’est un bien bel objectif que partagent tous les Maires de l’Agglomération, au point d’en avoir fait une des lignes forces du PLU intercommunal à 12 communes que l’Agglomération d’Agen a initié. C’est désormais à l’échelle des 31 communes de notre intercommunalité que nous allons, ensemble, construire la préservation de ce cadre de vie.
Nous allons ainsi par exemple « rendre » au secteur agricole ou naturel plusieurs centaines d’hectares de terres initialement déclarés constructibles, après avoir déjà préservé plus de 800 ha dans les mêmes conditions dans le PLU à 12. De la même manière, et comme nous l’avons déjà fait dans le PLUi à 12 communes, nous intégrons pleinement les conséquences des changements climatiques et les mesures qui peuvent être prises dans nos documents d’urbanisme pour les prévenir et en atténuer les effets. Notre réflexion s’inscrit dans un travail collaboratif fructueux avec les experts de l’ACMG dont notre collègue Christian Dézalos, qui porte ce projet pour l’Agglomération, saura vous décrire par le menu les efforts réalisés en Agenais sur ce point.
« Favoriser la mobilité de nos jeunes vers des formations qualifiantes en lien avec les secteurs innovants développés dans notre territoire dans des activités durables ».
Nous sommes heureux d’avoir, aux côtés du Conseil départemental, pris notre part au lancement de l’école In Tech qui donne la possibilité aux jeunes de notre territoire de se former au meilleur niveau dans les métiers du numérique de demain et cela, quel que soit leur niveau de formation initiale. Nous le faisons, alors même que l’enseignement et la formation relèvent en priorité de l’action de l’Etat et des régions.
Puis-je profiter de cette occasion pour souligner devant le parlementaire que vous êtes l’inadaptation croissante des programmes de l’Education nationale aux besoins des « secteurs innovants » ? Et puis-je savoir en retour ce que vous entendez entreprendre pour mieux adapter notre système de formation ? Quel est votre bilan parlementaire personnel depuis trois ans dans ce domaine ?
« L’opportunité de notre territoire d’accueillir de nouvelles populations, des familles et des jeunes, pour le renouvellement de notre population vieillissante, est loin d’être négligeable si l’on se situe dans l’optique du développement économique ».
Madame la Députée, par quelle opération miraculeuse imaginez-vous attirer à nous ces populations nouvelles, sinon par la création d’emplois ? Qu’attendent ces jeunes, ces familles, sinon de trouver un emploi à partir duquel ils pourront bâtir leurs projets de vie ?
Et au-delà de ces formules toutes faites, que faites-vous, vous, pour endiguer l’inexorable croissance du nombre de chômeurs en France et en Lot-et-Garonne depuis que François Hollande et vous-même avez été élus ? Quelle a été votre contribution pour nouer des contacts prometteurs avec des investisseurs en Agenais ? Quel soutien avez-vous apporté aux projets de développement économique de notre territoire ?
« Certes, une éclaircie dans la vision plutôt pessimiste qui est la (vôtre) du projet réside dans l’installation d’un Cluster Eau qui travaillerait notamment sur l’adaptation de la gestion de l’eau dans la lutte contre le réchauffement climatique. La présence du Cluster eau doit être une vitrine qui crée une nouvelle attractivité à la fois pour la zone elle-même et pour notre territoire, depuis lesquels seront exportés des savoirs faire ».
Et bien oui : malgré (je reprends vos propos) nos « aveuglements coupables », nos « choix désastreux », nos « obligations morales » bafouées, notre « non prise en compte » des enjeux environnementaux, malgré toutes ces critiques injustes que vous ne cessez d’asséner aux élus de l’Agenais, nos préoccupations de développement durable guident en effet nos choix depuis l’origine de ce projet de TAG, comme de bien d’autres. Et cela, sans avoir attendu vos interpellations.
Au final, faute de propositions concrètes en matière de développement économique pour notre territoire, je ne peux que constater une nouvelle fois l’aveuglement qui guide vos expressions et actions publiques. Je le regrette d’autant plus que les fragilités de notre territoire mériteraient la mobilisation de ses différents élus, comme certains de vos prédécesseurs ont su le faire, faisant fi sur des projets d’intérêt général, des considérations d’étiquettes et des rivalités électorales : quel dommage que vous soyez étrangère à de tels comportements républicains.
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Mais votre courrier n’est pas seulement un vide plaidoyer pour un développement économique sans substance, il est aussi une accumulation de contre-vérités dont la répétition sous votre plume ne suffit pas à en faire des réalités. Votre opposition idéologique au TAG que vous combattez depuis le premier jour vous fait non seulement tout ignorer de nos projets mais, plus encore -et votre courrier en est la démonstration- vous fait le triste relai des contre-vérités les plus flagrantes.
« Créer du foncier industriel pour accueillir des plateformes logistiques transports ou délocaliser des entreprises déjà installées dans le secteur ne peut constituer un projet du XXIème siècle ».
Ignorez-vous que l’implantation d’activités industrielles fait l’objet d’une rude compétition territoriale ? Méprisez-vous à ce point les élus de l’Agenais pour les imaginer si bêtes qu’ils espèreraient remplir de nouvelles zones en vidant les anciennes ? Et que faites-vous des entreprises agenaises prospères qui ne peuvent trouver chez nous de sites d’extension à la hauteur de leurs besoins ? Faut-il les laisser partir vers Toulouse ou Bordeaux ? Faut-il exclure a priori toute implantation logistique, niant ainsi l’un des rares atouts dont la géographie a doté notre territoire ?
Contrairement à vos accusations, les Maires de l’Agenais ont autre chose en tête que de « faire comme les grandes » villes : nous laissons ces comportements puérils à d’autres. Il s’agit pour nous, en élus de terrain responsables, de préparer au mieux l’avenir de nos enfants dans ce territoire.
Et que dire de l’absence dans votre courrier de toute mention relative à la mobilisation exceptionnelle des forces vives de notre tissu économique au sein de l’association de promotion du TAG, sous la présidence d’Emeric d’Arcimoles, un des chefs d’entreprises les plus capés de notre département ? Contrairement à vous, ces entrepreneurs ont non seulement compris l’opportunité économique que représente le TAG pour notre territoire, mais ils ont de surcroît accepté d’en être les ambassadeurs au-delà de notre sphère naturelle d’influence : que ne suivez-vous leur exemple ? Eux, au moins, agissent concrètement.
Autre poncif sur la surface réelle du TAG « plus de 200 hectares ».
Soit vous ignorez la réalité des chiffres, soit vous les travestissez délibérément : je ne sais quoi en penser... J’observe toutefois que si la quarantaine d’hectares du TAG suscite votre opposition résolue, les zones de Damazan et Samazan, de même surface, n’ont pas généré la même réaction. La couleur politique des élus porteurs de projet est-elle donc le seul critère d’opportunité à vos yeux ? Comment ne pas se poser la question ? A moins qu’il ne faille rapprocher votre comportement de celui qui vous a fait contester, à la surprise générale (et même gênée de vos propres amis politiques) la localisation du second échangeur sur l’A62 ?
Et encore un autre sur le caractère anti-environnemental du TAG.
Sans doute le label HQE de cette zone, avec tout ce que cela implique d’études, de mesures, de contrôles, de contraintes, sans doute ce label HQE n’a-t-il aucune signification pour vous ? Sans doute êtes-vous, plus et mieux que d’autres, en situation de juger ce qui serait ou ne serait pas «environnemental » ? La volonté délibérée des élus de l’Agenais, dès la conception même de cette zone, a été d’en faire un lieu exemplaire de cohabitation fructueuse entre ambitions économiques et préservation environnementale, en rupture avec tout ce qui s’est fait auparavant.
Au lieu de saluer cette volonté et de la soutenir, vous avez préféré mobiliser votre réseau d’influence pour tenter d’entraver au niveau parisien ce projet. Que n’ouvrez-vous votre carnet d’adresses au service des projets de notre territoire plutôt que contre eux, à défaut d’être porteuse vous-même de projets ?
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Madame la Députée, je ne suis pas seulement en opposition radicale avec votre point de vue sur le TAG : je suis abasourdi de constater depuis 2012 combien votre sectarisme vous fait choisir en toutes circonstances votre parti plutôt que votre territoire.
Votre méconnaissance des dossiers agenais et la légèreté de votre bilan parlementaire en faveur de ce territoire que vous représentez à l’Assemblée sont extraordinairement pénalisantes pour l’Agenais. Car, le passé l’a montré, un député vraiment mobilisé au service des projets de sa circonscription, ça aide.
Sans doute n’apprécierez-vous pas le ton de cette lettre que vous jugerez, j’en suis sûr, excessive jusqu’à en devenir ridicule, voire insupportable : j’accepte par avance cette critique. Mais je vous invite à prendre la pleine mesure de l’exaspération croissante que votre ostracisme à l’égard de nos projets locaux fait naître.
Depuis votre élection, votre bilan à l’égard de l’Agenais se résume en deux mots : absence et opposition. Devrions-nous, en plus, et au seul motif de votre mandat, subir vos critiques incessantes et infondées sans réagir ? Je ne le crois pas, quitte à déplaire.
Je vous prie d’agréer, Madame la Députée, l’expression de la considération républicaine que je porte au mandat pour lequel vous avez été élue.
BL
Ci-dessus le tweet que m'a adressé Lucette Lousteau, à réception de mon courrier. Je ne suis pas Maire (et je ne me suis pas pris pour un Maire). Mais j'ignorais que ce mandat était le niveau minimum requis pour pouvoir débattre avec ma Députée. On apprend tous les jours. Mieux vaut sourire de tout ça... et ne pas l'oublier le jour où nous serons appelés à désigner notre député !