Naufrage présidentiel
Le droit de manifester est un des droits fondamentaux que notre législation consacre depuis longtemps. Parmi d'autres, l'article 10 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui fait partie du préambule de la Constitution de 1958, le précise :
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi
Mais comme le rappelle la DDHC, cette liberté individuelle de s'exprimer, de manifester son opposition à telle ou telle décision, ne saurait venir s'opposer à une autre liberté fondamentale : la tranquillité que garantit l'ordre public à chacun. Pour le dire autrement, les actions violentes de ces derniers jours, qu'elles s'exercent à l'égard des forces de police ou qu'il s'agisse de blocages divers (péages, raffineries, etc...) sont totalement illégales.
Il faut rappeler pourquoi : quoi qu'ils en pensent, ce ne sont ni les syndicats, ni les Nuits Debout, ni les ZADistes, ni les manifestants casqués et masqués, batte de base-ball ou cocktails Molotov à la main, qui écrivent la Loi dans notre pays. Ce sont les parlementaires, représentants démocratiquement élus, et eux seuls.
La Loi dite "Travail" n'est pas une bonne loi ? Je le pense aussi. Mais c'est sur le terrain politique et exclusivement sur celui-là que le combat doit être mené. Ca tombe bien : il y aura dans un an une élection présidentielle qui sera l'occasion de déterminer le programme que les Français voudront voir mis en oeuvre durant les 5 années suivantes.
Que tous ceux qui se déshonorent ces jours-ci en légitimant les actions violentes par la "violence d'Etat" qui leur serait faite avec cette loi El Khomri, que tous ceux-là expriment leur vote au printemps prochain : on verra ce qu'ils pèsent. Et si, comme je le pense, ils ne représentent qu'une minorité des Français, ils devront alors se ranger au verdict majoritaire du suffrage universel. Telle est notre règle démocratique de vie commune.
Ceux qui s'adonnent à ces violences inacceptables ne sont, en réalité, que de misérables factieux qui masquent derrière leurs discours "participatifs" un refus de se soumettre à nos règles démocratiques qu'ils exècrent. Leur comportement ne devrait entrainer qu'une réponse ferme de l'Etat.
Au lieu de celà, il a suffit de quelques blocages pour que les chauffeurs routiers obtiennent l'assurance que la loi "Travail" ne leur serait pas appliquée. Pas encore votée et, déjà, mise aux oubliettes... Cette reculade a-t-elle au moins permis d'obtenir la levée des barrages ? Même pas : ils redoublent, évidemment. Et ce n'est sans doute pas fini.
Obtenu sur un malentendu, le quinquennat de François Hollande s'achève en naufrage.