Après le premier débat de la primaire
Comme beaucoup de Français (nous étions plus de 5 millions devant notre petit écran), j'ai assisté au premier débat de la Primaire. J'en retire plusieurs enseignements.
Enfin, du temps pour exposer les projets !
Même saucissonnés à coups de chronomètre, nous avons eu droit à de vraies présentations des projets sur le fond, au lieu des petites phrases savamment isolées que reprennent d'habitude en boucle les médias. Ca change. D'aucun me disent avoir trouvé, du coup, l'émission un peu soporifique : je rappelle que l'élection présidentielle n'est pas un concours de beauté et que les propositions de programme sont quand même au cœur du sujet.
Cohérence et différences
On l'a bien compris lors de ce débat : le cœur des différences entre les candidats tient plus au style et à la méthode qu'au fond même des propositions. Là encore, on pourra déplorer le manque d'originalité ou de vivacité du débat ; je préfère y voir une cohérence politique qui sera bien utile au lendemain de la primaire, quand sera venu le temps du rassemblement derrière le candidat choisi. A tout prendre, cette cohérence me semble plus porteuse d'avenir que les fractures profondes au sein de la gauche.
Reste que ces différences de style et de méthode sont à mes yeux déterminantes : le gouvernement des hommes aujourd'hui impose de faire adhérer, réservant les passages en force aux seules situations de blocage avéré. D'où mon choix dans cette Primaire en faveur de Juppé.
Trio de tête
Sans surprise, ce débat a plutôt conforté trois candidats parmi les sept : Juppé, Sarkozy et Fillon que les sondages donnent en tête des pronostics.
- Juppé qui demeure depuis des mois maintenant le favori et qui a incarné un subtil mélange d'autorité naturelle et de capacité de rassemblement.
- Sarkozy et son énergie légendaire même si, lors de ce débat, il m'a semblé étrangement crispé, au moins au début.
- Fillon enfin, fidèle à son discours de vérité, sans fioriture mais non sans force.
Derrière ce trio de tête, les concurrents m'ont paru assez nettement distancés :
- Bruno Le Maire ne parvient pas à incarner ce renouveau dont il voulait être le porte-drapeau. J'ai même trouvé que NKM portait cette ligne avec plutôt plus d'efficacité et de sincérité que lui.
- J.-F. Copé n'aura été qu'un punching-ball de circonstance pour Sarkozy et Fillon.
- Enfin, j'ai découvert comme beaucoup sans doute Jean-Frédéric Poisson. Bien qu'en-dehors de la course, ses interventions étaient empreintes d'un bon sens rafraichissant.
Au final, ce premier rendez-vous aura été de bonne tenue, ce qui est à mettre au crédit de tous les participants : ils ont donné du débat public une image peut-être un peu conventionnelle, mais digne. Ca nous change de l'image donnée en ce moment par l'actuel locataire de l'Elysée. Espérons que les deux prochains débats seront de la même tenue.
Et n'oubliez pas : tout le monde peut voter à la Primaire. Le premier tour, c'est le 20 novembre.