Et l'Europe ?
Il n'est pas rassurant de constater que Vladimir Poutine, Donald Trump et Xi Jinping, sont devenus les maîtres du monde, consacrant toute leur énergie à la défense des intérêts immédiats de leur pays. Renvoyées à plus loin et à plus tard tout le reste : les logiques de coopération internationale, les opérations de maintien de la paix, les actions en faveur de la préservation de notre environnement, la lutte contre le sous-développement, etc... Le mot d'ordre, c'est chacun pour soi.
Lorsque c'est Trump qui exprime cette doctrine, comme il vient de le faire avec ses mots inimitables (...) dans la presse européenne, cette ligne politique peut nous sembler nouvelle. Mais, en réalité, elle ne l'est pas : les présidents chinois (depuis 2007) et russe (depuis 1999) sont en fonction depuis longtemps maintenant ; quant aux Etats-Unis, Barack Obama lui-même avait infléchi l'ordre de ses priorités et largement réorienté la politique américaine, notamment en direction de l'Asie. Bref, les grands de ce monde pensent plus que jamais à leurs intérêts propres et ça ne va pas changer tout de suite : ces Présidents ne sont pas seulement à la tête des trois plus grandes puissances économiques, militaires et diplomatiques, ils sont aussi les patrons politiques de leurs Etats respectifs.
Chacun comprend que, face à cet environnement, les Européens, empêtrés dans leurs petits calculs nationaux et leur incapacité collective à décider ne font pas le poids. Ont-ils refusé de voir l'évidence ? Ont-ils espéré une inflexion de ces doctrines égocentrées des super-puissances ? Toujours est-il que l'avènement de Trump à la Maison Blanche marque la fin de ces faux espoirs. Nous contenterons-nous du rôle marginal que les 3 grands consentiront à nous laisser ? Laisserons-nous les égoïsmes nationaux en Europe nous diviser ? Ou au contraire, serons-nous capables, face au constat de ce qui nous attend, de réagir en bâtissant rapidement une Europe plus modeste dans sa taille et ses compétences mais plus ambitieuse dans la défense de ses intérêts et de ses valeurs ?
Ce sujet-là est infiniment plus essentiel que le nombre de postes de fonctionnaires à supprimer ou les débats sur le revenu universel. Et pourtant, comme toujours, l'Europe est totalement absente du débat présidentiel en France. Une fois encore, nous allons choisir un président français sans rien savoir de ses intentions véritables en Europe ni même de savoir s'il a ou non des intentions !
Notre aveuglement et notre passivité me sidèrent...