Naufrage
La question qui se pose dans l'affaire Fillon n'est pas de savoir si les pratiques familiales qui ont été les siennes sont légales : la justice est saisie et, manifestement, s'en occupe puisque le voilà convoqué en vue d'une mise en examen notamment pour détournement de fonds publics. Il a droit, comme tout le monde, au respect de la présomption d'innocence.
La question n'est pas non plus de savoir si ces révélations et les suites qui y ont été données relèvent ou non d'un complot des medias et des juges. Le calendrier des révélations est certes étonnant, s'agissant de faits qui ont parfois plus de 15 ans d'ancienneté. Mais dans ce domaine, le temps n'efface rien aux comportements en cause.
Ce qui est en question, c'est de savoir si les faits -reconnus par François Fillon lui-même- sont à la hauteur des attentes des Français à l'égard d'un futur Président de la République. Et la réponse, à la fois cinglante et prévisible, s'impose : c'est non, et particulièrement non pour quelqu'un qui s'était construit une image personnelle de moralité et d'intégrité et une bonne part de son succès à la primaire sur ce trait de caractère supposé.
Il faut ouvrir les yeux : François Fillon ne peut plus prétendre désormais incarner le programme de redressement national dont il est porteur ; il est devenu un candidat inaudible et sa campagne présidentielle se limite désormais à la seule chronique de ses démêlés judiciaires, pendant que les autres candidats déroulent leur programme. Se faisant, il fait perdre au pays toute chance d'une alternance crédible.
J'ai soutenu Fillon parce que, vainqueur de la primaire, il incarnait cette politique nouvelle dont on oublie même aujourd'hui à quel point elle est essentielle au pays. Le temps est désormais venu pour François Fillon de dégager le destin de la France de l'enlisement de sa candidature et de renoncer à l'élection présidentielle, plutôt que de chercher à gagner quelques jours supplémentaires inutiles, face au naufrage qui s'annonce.
Ne pas le faire, reviendrait à laisser le champ libre à Le Pen et Macron : la France mérite mieux que ça. Nous avons été nombreux à penser que François Fillon avait la stature d'un homme d'Etat : il n'est que temps pour lui de le prouver en se retirant de l'élection présidentielle.