Moi, militant Modem, je vote Dionis
J'ai reçu aujourd'hui un mail émanant de la fédération 47 du Modem m'indiquant que la fédération me remerciait d'avoir permis, par mon "implication, l'élection du Président de la République Emmanuel Macron" (sic) et m'informant du soutien apporté par cette même fédération à la candidature de Nathalie Tourné, suppléante de Michel Lauzzana, qualifiée de "membre historique" du Modem 47.
Ce mail appelle de ma part les quelques commentaires qui suivent. A la suite de quoi j'expliquerai pourquoi, bien que militant Modem, je n'ai pas voté Macron et pourquoi, dimanche prochain comme dimanche dernier, je voterai pour Jean Dionis.
Le soutien du Modem 47, même s'il a été d'une grande discrétion, dans la campagne de Macron n'est pas étonnant, compte-tenu de l'engagement personnel de François Bayrou aux côtés du nouveau Président. Cette question n'a fait l'objet d'aucun débat local ouvert aux militants de base comme moi : iI faut dire qu'en deux ans d'adhésion au Modem, je n'ai pas été surchargé par les activités de la fédération locale.
On peut volontiers imaginer que le soutien apporté aux législatives au candidat investi par En Marche relève de la même logique nationale. Je pense néanmoins que les atermoiements nationaux d'En Marche sur l'investiture à Marmande (où, là aussi, Macron a préféré investir encore un candidat socialiste plutôt qu'un Modem) auraient justifié que la question agenaise soit évoquée localement. Mais, de cela, il n'a pas été non plus débattu entre militants.
Dire de la suppléante du candidate "En Marche" qu'elle serait un "membre historique" du Modem, en revanche, m'amuse. Je n'ai moi-même rejoint le Modem qu'en mars 2015 mais je garde, avant cette date, le souvenir de la participation de Nathalie Tourné aux réunions (mensuelles, elles) du bureau départemental de l'UDI où je siégeais à ses côtés. De mémoire, Nathalie y a siégé au moins jusqu'à l'automne 2014 : tout au plus, a-t-elle adhéré au Modem il y a 2 ans et demi ou 3 ans. "Membre historique" vraiment ?
La réalité est plus simple : le Modem 47 suit son Président national assez logiquement et sans débat local. Inutile d'habiller ça d'arguments reconstruits après coup. Je me pose quand même une question : pourquoi avoir attendu le second tour pour afficher un tel soutien au candidat d'En Marche et à sa suppléante ? Souci de discrétion, sans doute.
Que les militants du Modem aient été tentés par la démarche de Macron n'a rien d'étonnant : son engagement européen nous parle. Sa volonté de dépasser les clivages partisans aussi ; sauf qu'on voit qu'en réalité, derrière les discours, Macron veut simplement substituer son propre parti à tous les autres : c'est pas tout-à-fait le projet initial...
Et par ailleurs, Macron est pour moi trop socialiste, trop parisien, trop techno, trop bobo, trop éloigné des réalités profondes du pays pour qu'il m'ait convaincu de voter pour lui (sauf, au second tour de la présidentielle, bien sûr). Voilà notamment pourquoi je ne me suis pas mis "en marche".
Quant à l'élection législative, au-delà de mes amitiés et comme je le fais à chaque élection, j'ai fondé mon vote au premier tour sur la conviction que notre département a bien plus besoin d'avoir un député ouvert mais solide sur ses convictions et travailleur qu'un socialiste anonyme de plus au sein de la majorité pléthorique et zélée qu'on nous annonce.
J'ai rappelé à ce sujet ce soir, lors du meeting de fin de campagne de Jean Dionis, que tous les candidats investis s'étaient engagés par écrit et à l'avance à voter tous les textes qui leur seraient soumis (voir l'article de Libération à ce sujet : les députés LREM ont-ils signé pour être des godillots ?). Ces manières de faire me semblent extrêmement éloignées des promesses de rénovation de la politique du candidat Macron qui ont pu séduire, un temps, mes amis du Modem.
Dimanche prochain, comme dimanche dernier, je voterai donc Jean Dionis qui, lui au moins, ne s'est pas engagé par écrit et par avance, à voter sans coup férir tous les textes que son bien-aimé Président lui demandera de voter. Quelque chose me dit que je ne serai pas le seul, y compris parmi les adhérents du Modem 47...
Les habitants de l'Agenais et de l'Albret n'ont pas besoin d'un député béni oui-oui qui a accepté par avance et par écrit de voter tous les textes qui lui seront présentés