LGV & Macron. Attention : danger

Publié le par Bernard LUSSET

«La promesse que je veux que nous tenions (...) c'est de ne pas relancer de grands projets mais de financer tous les renouvellements d'infrastructures et les échelonner dans le temps», a déclaré Emmanuel Macron, estimant qu'il n'était plus temps de «promettre des TGV ou des aéroports de proximité à tous les chefs-lieux de département».

Emmanuel Macron, Rennes, 1er juillet 2017

Ces propos tenus par le chef de l'Etat à l'occasion de l'ouverture de la LGV Paris-Rennes peuvent sembler de bon sens. Il ne sert à rien de promettre des infrastructures nouvelles coûteuses et inutiles tout en étant incapable d'entretenir correctement les équipements existants. Nous sommes tous d'accord là dessus.

En revanche, il y a dans les propos d'Emmanuel Macron de quoi inquiéter sérieusement les Français qui ne vivent ni à Paris, ni dans les grandes métropoles régionales.

D'abord parce qu'il y a dans ce propos un mépris affiché pour l'espace rural. Un aéroport dans un chef-lieu de département, s'il est éloigné de Paris, ça n'est pas forcément stupide. A entendre Macron, on a l'impression que les élus locaux défendraient là une question de standing. C'est idiot : c'est juste qu'aujourd'hui, faire l'aller-retour entre Agen et Paris ne pouvait se faire qu'en avion. On verra si la desserte LGV de Bordeaux peut permettre de changer ça mais, pour l'instant, la ligne aérienne Agen-Paris est stratégique pour UPSA, l'ENAP, de Sangosse et quantité d'entreprises locales.

Ensuite, j'en ai marre de cette suffisance très parisienne à l'égard de la province et je m'inquiète d'entendre un chef de l'Etat la reprendre à son compte : quand je paie mes impôts sur le revenu, je les paie en fonction de mes revenus, que j'habite à Tombeboeuf, à Agen, à Bordeaux ou à Paris. Mais s'il y a égalité de traitement des contribuables, il n'y a pas égalité de traitement des citoyens : couverture GSM, accès internet, services publics, infrastructures de transports. Les Lot-et-Garonnais qui font partie de cette moitié de Français vivant en zone rurale ne sont pas traités comme leurs homologues du Boulevard St Germain à Paris. Et rien ne peut justifier ça.

Alors que Macron recentre les efforts de l'Etat sur des infrastructures utiles, j'en suis d'accord. Mais que ce mouvement ne se fasse qu'au bénéfice des métropoles, je ne le suis plus. Or, c'est bien aussi ce qu'on pouvait comprendre dans les propos d'un Chef de l'Etat dont j'ai déjà dit ici que je le trouvais trop parisien et trop techno à mon goût.

Attention : danger.

LGV & Macron. Attention : danger

Publié dans on en parle à Agen

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