La "moralisation" en marche
Le Sénat débat actuellement du projet de loi "rétablir la confiance dans l'action publique" dite loi de moralisation, présenté par le gouvernement. Plus particulièrement depuis 24 heures, les sénateurs débattent de la fin des emplois "familiaux", c'est-à-dire exercés par des collaborateurs ayant un lien familial officiel avec le parlementaire. L'heure est à la grande lessive : il faut mettre un terme à ces pratiques inadmissibles !
Au fil des débats, émergent sur tous les bancs du Sénat des témoignages démontrant l'absurdité du nouveau système proposé : au motif que l'emploi de l'épouse de François Fillon est suspecté d'avoir été fictif -ce qui reste à prouver judiciairement- c'est tout un tas de collaborateurs parlementaires impliqués, dévoués et compétents qui vont se voir licenciés comme des mal-propres. Les assistants des groupes politiques, eux, ne seront pas soumis aux règles nouvelles : pourquoi ?
Il en sera de même de la réserve parlementaire qu'on a tellement décriée que les Français ont fini par n'y voir qu'un infâme tripatouillage clientéliste, alors que c'était pour les associations et les collectivités les moins en cour un petit moyen d'obtenir des fonds publics dont elles sont ordinairement toujours écartées. Les administrations centrales auront fini par avoir la peau de ce dispositif dérogatoire qui leur filait des boutons. Encore un petit bout de pouvoir en moins pour les élus.
Lorsque la loi s'écrit sous le seul empire de la communication et de la précipitation, lorsque le politique s'efface devant la technostructure, le Parlement perd son temps et légifère à côté de la plaque. Au lieu de lui demander de renforcer ses contrôles tout en préservant la liberté d'action des parlementaires, on interdit, on sanctionne, comme si ce genre de texte pouvait garantir que les quelques pratiques contestables qui ont pu être constatées n'auront plus jamais lieu.
Le Gouvernement se donne l'illusion d'agir. Et comme il "tape" sur les parlementaires dont on ne cesse de dire aux Français depuis des années qu'ils ne servent à rien et ne pensent qu'à leurs propres intérêts, le peuple est content et le gouvernement s'achète une conscience à peu de frais. Tout ça sous le regard incrédule et béat de néo-députés aux ordres, à qui on interdit même de co-signer des amendements venus d'ailleurs.
Le "show" macronien continue. Il n'est pas seulement pitoyable : il est dangereux.