Sénatoriales : pour un vote utile
Le 24 septembre prochain, les élus locaux renouvelleront la moitié des sénateurs dans toute la France au travers d'un scrutin qui se déroulera sur une seule journée et pour lequel le vote est obligatoire. En Lot-et-Garonne, un gros millier de grands électeurs désigneront ainsi nos deux sénateurs.
En Marche ?
Au printemps dernier, l'avènement d'En Marche avait eu l'effet chamboule-tout électoral qu'on sait : cet effet se poursuivra-t-il cet automne ? L'investiture d'En Marche sera-t-elle un gage suffisant pour favoriser l'élection des candidats, comme ce fut le cas aux législatives ? C'est une des questions de ce scrutin sénatorial. Les grands électeurs sont généralement moins sensibles aux emballements électoraux que les électeurs du suffrage universel. Ils sont aussi plus informés et leur vote est souvent le fruit d'une réflexion collective au sein des conseils municipaux. Et puis, les débuts de ce quinquennat s'avèrent moins flamboyants que la campagne électorale : à suivre, donc.
Les élus dans le viseur de Macron
C'est un de mes motifs de distance à l'égard de Macron : il a une profonde méfiance à l'égard des élus : nous serions trop nombreux, trop coûteux, trop clientélistes, trop lents. J'ai déjà dit ici tout le mal que je pense de sa politique dans laquelle les pouvoirs se concentrent chaque jour un peu plus entre les mains de l'administration au détriment des politiques. Comme il l'a déjà fait à l'Assemblée, Macron va chercher à construire au Sénat une majorité docile, à sa main. Je crois que nous devons résister à cette dérive : il nous faut des sénateurs autonomes et expérimentés, d'autant que l'Assemblée nationale nous a montré cet été combien le travail législatif nécessitait un certain apprentissage de la vie publique. Le renouvellement, c'est bien mais la connaissance, c'est pas mal non plus.
Quels candidats ?
Henri Tandonnet, sénateur sortant, a pris la décision de ne pas se représenter. Il a désigné son suppléant sortant, Jean-Pierre Moga, pour porter les valeurs du centre dans cette élection. A ses côtés, Christine Bonfanti-Dossat incarne la famille gaulliste avec qui les centristes travaillent partout, en sachant dépasser leurs différences. Je glisserai donc les bulletins Moga et Bonfanti-Dossat dans l'urne sénatoriale le 24 septembre dès le premier tour. Je compte sur eux deux pour être à Paris les défenseurs inlassables non seulement des intérêts des collectivités du Lot-et-Garonne, mais bien plus encore.
Macron et la mondialisation "heureuse"
On voit bien que ce sont nos valeurs, notre art de vivre et une certaine vision du territoire rural qui sont aujourd'hui en question à Paris. Macron et ceux qui l'entourent sont convaincus que la mondialisation est non seulement incontournable mais aussi qu'elle porte des avantages bien supérieurs aux inconvénients qu'elle génère. Ils sont les apôtres de la mondialisation heureuse, des starts-up, de la mobilité, de la dématérialisation. Qui n'adhère avec enthousiasme à cette vision est aussitôt suspecté d'archaïsme.
En Lot-et-Garonne, nous faisons partie de ces 35 millions de Français qui ne vivent pas dans les métropoles. Notre économie est principalement basée sur l'artisanat, le commerce de proximité, l'agriculture et ses industries de transformation. La couverture en téléphonie mobile est toujours très imparfaite, le haut débit n'est encore qu'un espoir lointain pour beaucoup, l'implantation de jeunes médecins est de plus en plus ardue, les services publics disparaissent à toute vitesse, l'agriculture est fragilisée, etc... On ne peut pas se contenter de nous expliquer que le monde change et que tout ça finira mécaniquement par se régler un jour, sans tenir compte compte des dommages collatéraux.
Sur les finances publiques
C'est LA question qui préoccupe aujourd'hui les élus locaux : celle des finances publiques en général, et des dotations d'Etat en particulier. Accusés d'un côté de trop dépenser, les élus locaux sont de l'autre en première ligne des attentes des habitants. Nous sortons du plan Valls de réduction des dotations d'Etat et voilà que se profile, de manière encore floue, le plan Macron, plus drastique encore. Il faut y ajouter l'exonération massive de la taxe d'habitation, qui est un hochet démago mais qui va fragiliser considérablement le budget des communes en les plaçant entre les mains de l'Etat. Désignées à la vindicte populaire, les collectivités ont pourtant beaucoup plus réduit leurs dépenses ces dernières années que l'Etat lui-même. Et quand il le fait, on voit bien que c'est souvent plus dans les zones rurales que dans le 8ème arrondissement de Paris.
C'est dire si j'attends de nos futurs sénateurs qu'ils veillent à ce que les indispensables efforts à réaliser soient répartis de manière juste et que les territoires ruraux ne soient pas une commode variable d'ajustement. Dans le débat qui s'ouvre, nous aurons donc besoin de représentants qui se mobilisent sur ces sujets, y fassent preuve de bonne volonté et d'indépendance d'esprit.
Je compte sur Jean-Pierre Moga et Christine Bonfanti-Dossat pour s'y consacrer pleinement.