Tentative d'intimidation départementale ?

Publié le par Bernard LUSSET

Je publie ci-dessous le SMS reçu samedi 9 septembre par Jean Bizet, Directeur de cabinet de Jean Dionis et Denis Solivérès, Directeur général des services d'Agen. Il est signé "mm", c'est-à-dire Mickaël Moreau, Directeur de cabinet de Pierre Camani, Sénateur, Président du Conseil départemental de Lot-et-Garonne :

Tentative d'intimidation départementale ?

Si je choisis de publier ce SMS, c'est parce qu'il me choque profondément et doublement.

De la liberté d'expression

Voilà qu'un collaborateur se permet de demander à un collègue de faire taire un élu ?! Mais qui est donc ce Monsieur pour se croire autorisé à une pareille démarche ? Comment peut-il seulement imaginer que ses menaces seraient suivies d'effet ? J'ai exercé, douze années durant, les mêmes fonctions que lui auprès du Dr Chollet : jamais je ne me serais permis pareil comportement. Et, si je l'avais fait, mon patron m'aurait passé un sacré soufflon...

D'après ce qu'on me dit, ce Monsieur verrouille d'une main de fer l'expression publique des élus de la majorité départementale : pas un courrier qu'il ne vise, pas un dossier qui ne passe entre ses mains, pas un communiqué de presse des élus qui n'ait reçu, au préalable son onction : ainsi fonctionne, me dit-on, le Conseil départemental. La liberté prise par ce Monsieur dans son SMS accrédite largement cette thèse.

Il se trouve qu'à la Mairie d'Agen, nous ne travaillons pas de la même manière. Nous avons certes une expression collective qui nous engage comme c'est normal ; nous avons des collaborateurs de grande qualité que nous écoutons avec attention. Mais les élus conservent leur totale liberté d'expression individuelle. Ainsi, depuis 8 années que je tiens ce blog, pas une fois -pas une seule- Jean Dionis ne s'est permis d'intervenir. Il lui est arrivé de me féliciter ou au contraire de me contredire. Mais chez nous et grâce à lui, la règle, c'est la liberté : nous n'avons pas besoin de garde-chiourme.

De la gestion départementale

Ce SMS ne traduit pas seulement une tentative de main-mise sur ce qui se dit ou s'écrit en Lot-et-Garonne. La menace qu'il comporte ("vont finir par avoir des conséquences sur notre partenariat") est troublante et, au fond, extrêmement choquante : il y aurait donc d'un côté les amis, les affidés, les obligés de la majorité départementale ? Et pour ceux-là, ni restriction budgétaire ni loi NOTRe qui tiennent : ils seraient aidés par le Département ?

Et puis, il y aurait les autres, ceux qui ne sont pas de gauche ou qui ne se prosternent pas ? Et ceux-là seraient sommés de se taire sinon, cela aurait des "conséquences sur (leur) partenariat" avec le Conseil départemental ? On rêve. On cauchemarde

***

On a le droit de ne pas apprécier mes chroniques, de les trouver excessives, de les contester. On est d'ailleurs pas obligé de les lire... Et sans doute Pierre Camani n'a-t-il pas apprécié certains de mes textes récents. De mon côté, je suis loin d'approuver certaines de ses prises de paroles et de ses décisions.

Mais au-delà de nos divergences, je suis absolument convaincu que Pierre Camani et moi partageons le même attachement aux valeurs de la République, à la préservation de la liberté du débat démocratique et aussi à une certaine éthique de l'action publique. Je veux croire qu'il ignore tout du comportement de son collaborateur et qu'il veillera donc à ce que ces minables tentatives d'intimidation cessent.

D'autant qu'elles n'ont sur moi aucun effet...

Quelques jours plus tard, Charlie Delta résumait l'affaire dans Sud Ouest avec son humour habituel !

Quelques jours plus tard, Charlie Delta résumait l'affaire dans Sud Ouest avec son humour habituel !

Publié dans on en parle à Agen

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M
Monsieur Lusset,<br /> C’est avec une surprise certaine que, lecteur assidu de votre blog, j’ai pris connaissance de votre article intitulé « Tentative d’intimidation départementale ! ».<br /> Je me permets de vous adresser ces quelques lignes en ne doutant pas que votre courtoisie et votre sens de l’équité vous amèneront à les publier dans leur intégralité à la suite de cet article. <br /> Sur la forme tout d’abord. Mes échanges privés, passés en confiances avec des collègues et homologues, n’ont par définition pas vocation à être rendus publics. Le SMS que vous avez mis en ligne, sans m’en informer au préalable, relève de ma seule et totale responsabilité. Tout comme les réponses que j’ai reçues et qui ne sont d’ailleurs pas en ligne.<br /> Très sincèrement, y voir une « intimidation », pire une « menace », me paraît totalement disproportionné et c’est me donner beaucoup d’importance ! Je laisse les lecteurs de votre blog en être juges à la lecture attentive du texte publié. <br /> Sur le fond, j’admets en revanche volontiers que la bonne avancée des nombreux dossiers de l’Agenais me préoccupe. En tant qu’habitant de l’Agenais (pas d’Agen, j’en suis désolé), contribuable et homme engagé, j’ai véritablement à cœur que, malgré les différences d’opinion politique, l’ensemble des forces vives de notre territoire travaillent ensemble pour obtenir des résultats concrets et probants, dans l’intérêt des populations.<br /> Pour ce faire, il faut de la confiance et du respect, et je suis intimement persuadé que la polémique futile et inutile que certains alimentent, voire engendrent de manière régulière, n’y aide pas. <br /> Je n’y vois sincèrement pas une tentative de censure de la liberté d’opinion à laquelle je suis profondément attaché.<br /> Dire que vos « sorties polémiques » ne sont pas de nature à créer les conditions les plus favorables d’un partenariat serein et constructif entre collectivités n’a rien de très transgressif en somme ! En disant cela, je suis dans mon rôle d’alerte, j’attire l’attention de mes homologues et collègues, en confiance, sur ce qui me semble pouvoir mettre en péril la construction patiente d’un partenariat qui –ne vous en déplaise- existe et doit perdurer pour le bien des populations. Reconnaissez, Monsieur le maire-adjoint membre de la majorité municipale et vice-président de l’Agglomération agenaise, qu’il y a là deux poids deux mesures !<br /> Je ne m’étendrai pas sur le peu de considération que vous avez pour les élus départementaux. Songer ou laisser croire qu’ils puissent se servir d’un collaborateur, quel que soit son rang, à des fins d’intimidation démontre avant tout votre méconnaissance de l’institution départementale , plus encore des compétences et des qualités de l’équipe qui la dirige. Vous connaissez personnellement la plupart des élus départementaux et savez pertinemment qu’ils ne se laissent dicter leur conduite par personne. <br /> Oui nous avons de nombreuses divergences. Et visiblement nous ne pratiquons pas les mêmes méthodes, je n’ai pas l’habitude de publier des billets d’humeur sur Internet. Alors chiche, confrontons nos intimes convictions, mais sans pour autant les étaler sur la place publique. Confrontons nos points de vue en tête à tête, sachant bien entendu que les propos que je tiendrai n’engageront, une fois de plus, que moi et en aucun cas les élus du Département. Oserez-vous relever ce défi, car je considère en effet que c’en est un…<br /> Enfin, sachez que si mes propos, privés, relevaient, comme vous le laissez entendre, d’une volonté machiavélique de vouloir faire peser une « menace » sur les relations entre nos collectivités ou de bouleverser l’équilibre géopolitique de notre territoire, le Président du Département ne manquerait pas de me vilipender comme il se doit. <br /> Dernière chose : « Michaël » s’écrit avec un « h » et non un « k » comme vous l’orthographiez en me nommant dans vos échanges avec certains élus départementaux que j’ai choisis de ne pas étaler sur la place publique. <br /> Respectueusement <br /> Michael MOREAU
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B
Je publie volontiers cette réponse avec ce simple commentaire : beaucoup de mots pour, finalement, ne pas répondre au fond de mon interpellation. Il est plus commode de dire que je ne serais que dans la polémique stérile alors que Monsieur Moreau, lui, serait sérieux et soucieux de l'intérêt général. La masse de témoignages reçus me conforte dans ma chronique dont je maintiens, après relecture, chaque mot.<br /> BL