A propos du moustique Tigre

Publié le par Bernard LUSSET

Notre nouvel ennemi : l'Aedes Albopictus

Notre nouvel ennemi : l'Aedes Albopictus

Dans une de ces dernières livraisons de son blog (dont je recommande vivement la lecture à tous : voir le blog d'André Gounou), mon vieil et excellent ami André Gounou évoque avec justesse la question du moustique tigre qui a saboté nos journées d'été et s'en prend à notre été indien encore aujourd'hui. Il invite le Maire d'Agen à "inscrire au prochain budget un crédit permettant d'atténuer ces nuisances insupportables pour la population".

Je souhaite répondre à cette amicale interpellation et je préviens mon ami André que je n'ai pas que des bonnes nouvelles à lui annoncer.

1. Le moustique tigre a, en effet, pourri notre été

Qu'on habite en coeur de ville, sur les côteaux avoisinants ou en pleine campagne, aucun d'entre nous n'y a échappé : nous avons été littéralement attaqués tout l'été par des bestioles avides de sang comme jamais, agressives et nombreuses. Nos chevilles et nos épaules ont porté -et portent encore certains jours- les traces visibles et douloureuses de cette agression en règle.

Ce n'est pas seulement de démangeaisons désagréables dont il est question ici : ce sont des enfants multipiqués dans des proportions jamais vues. Ce sont des jardins potagers ou d'agrément qui sont devenus inaccessibles, sauf équipement de type scaphandre. Ce sont des apéros ou des dîners en famille ou entre amis qui sont devenus impossibles en terrasse, le soir venu. C'est quasiment notre mode de vie estival qui est ainsi mis à mal et pas seulement à Agen : en moins de 15 ans, le moustique tigre parti de Corse a colonisé tout le sud de la France, au sud d'une ligne Bordeaux-Lyon, comme en témoigne ce tweet évoquant les ravages de la bestiole à Toulouse :

A Toulouse aussi, on se plaint du moustique Tigre

A Toulouse aussi, on se plaint du moustique Tigre

2. La municipalité d'Agen est sur le coup

J'ai abordé cette question avec Jean Dionis dès les premiers jours d'août. Depuis la rentrée, le Maire sensibilise les habitants à chaque réunion de quartier qu'il tient hebdomadairement avec Pierre Chollet, notre premier Adjoint et Marie-Claude Iachemet, notre Adjointe aux Quartiers.

Lundi dernier encore, le bureau municipal a planché sur cette question. Nous sommes sur le coup et le sommes d'autant plus que, comme tout le monde, les élus ne sont pas immunisés contre les piqûres de cette bestiole.

3. Il n'y a ni réponse municipale ni réponse nationale

Je suis au regret de dire à mon ami André Gounou et à tous les lecteurs de ce blog qu'il n'y a ni réponse municipale à cette question, ni réponse nationale. Au sud d'une ligne Bordeaux-Lyon, tous les Français vivent la même situation de guerre contre l'Aedes Albopictus, puisque c'est ainsi que se nomme l'adversaire.

Au-delà de ce que j'ai vécu moi-même cet été, j'ai reçu quantité de témoignages d'amis, de voisins, de collègues ou d'habitants qui m'expliquent qu'ils ont été très attaqués, et que la cause en est sûrement Passeligne ou les jardins de Jayan, ou que sais-je encore. Non : l'invasion est générale à la seule exception des zones les plus venteuses pour les raisons qu'on va voir ci-dessous.

4. Non, les élus ne font pas d'économies sur le dos de leurs administrés !

Je vois les réseaux sociaux s'enflammer autour de l'idée que les élus -décidément incorrigibles et hors sol- feraient des économies de bout de chandelle sur le dos des habitants. Ces propos de café du commerce se trompent doublement.

D'abord parce que les campagnes publiques de démoustication ne traitent que les espaces publics. Or, comme on va le voir, le moustique tigre se cache chez chacun de nous, nos balcons, nos terrasses, nos jardins. Erreur aussi parce que ces campagnes sont désormais strictement limitées parce que ce moustique, contrairement à son cousin gascon, est dans certaines conditions porteur de maladies exotiques.

Le jour où -ça s'est produit à Dax la semaine dernière- une Dengue ou un Chikungunya est diagnostiqué chez un patient, les autorités sanitaires déclenchent alors l'offensive pour éviter la propagation de l'infection. Si la démoustication était permanente, l'Albopictus s'y adapterait en quelques années et  nous serions donc totalement démunis face à des risques d'épidémie majeurs qui nous placeraient face à une véritable crise sanitaire.

5. le combat de chacun de nous

Je reproduis ci-dessous l'excellente présentation que diffuse avec l'aide de la Ville l'association "CPIE Pays de Serres Vallée du Lot", missionnée pour cela par l'Agence régionale de Santé d'Aquitaine.

Prenez attentivement connaissance de chacune de ces diapos et diffusez-les largement autour de vous.

Car l'ennemi se cache dans les quelques centilitres d'eau stagnante de votre jardin, de votre balcon ou de votre terrasse. D'ailleurs, l'Aedes Albopictus est incapable de parcourir plus de 100 m. Il déteste le vent (dirigez plutôt les ventilateurs sur vos chevilles et vos jambes qu'il adore), est gêné par les serpentins insecticides qu'on allume (à placer plutôt sous les tables). C'est un boulimique qui n'a peur de rien et revient sans cesse à la charge. Chaque femelle pond 4 à 6 fois 200 oeufs dans une vie et ces oeufs ont la taille d'une minuscule poussière invisible.

Chassez donc les eaux stagnantes de tous les récipients laissés dehors depuis la dernière pluie ou le dernier arrosage. Surveillez vos gouttières ou les regards d'eau pluviale. Le moustique Tigre transforme la moindre goutte d'eau stagnante en royaume.

Le pire dans le moustique tigre, ce n'est même pas celui qui vous a pourri la soirée hier : ce sont les 200 oeufs qu'il a pondus autour de vous et qui vont venir vous piquer en rafale d'ici quelques jours. Ce sont eux vos ennemis. Ils résisteront à l'hiver et repointeront le bout de leur dard dès le retour des premières chaleurs.

Aux armes, citoyens ! Sus aux eaux stagnantes, même infimes, tout autour de nous.

A lire et partager sans modération. (avec l'aimable autorisation du www.cpie47.fr)

Publié dans on en parle à Agen

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article