Ubu à Agen
Depuis longtemps déjà, nombre d'élus locaux, d'associations et de citoyens souhaitent rebâtir le barrage de Beauregard entre Boé et Le Passage d'Agen avec le double objectif de reconstituer une réserve d'eau douce en amont, sécurisant ainsi l'approvisionnement des Agenais en eau potable et d'exploiter cette ressource en énergie durable et propre, l'hydro-électricité. Ce projet aurait en outre le mérite d'établir en amont un plan d'eau à Boé qui pourrait être un lieu touristique agréable l'été à proximité de Passeligne, tout cela en respectant par les moyens appropriés la continuité écologique pour la faune du fleuve.
Face à ce projet, se dressent les services de l'Etat au motif que la Garonne doit être sanctuarisée pour la préserver de toute intervention humaine. C'est d'ailleurs au nom de ce même principe de sanctuarisation que la Garonne n'est plus draguée et que son lit s'engraisse chaque année de nouveaux atterrissements, bancs de gravier et autres arbres : le jour où Garonne fera gros dos, ce sera du joli... Mais la préservation des aloses serait, nous dit-on, à ce prix. Que lesdites aloses aient quasiment disparu aujourd'hui alors qu'elles abondaient au temps où Michel Serres et sa famille draguaient Garonne ne perturbe manifestement pas l'Etat...
Bref, ce projet de barrage de Beauregard n'est -hélas- pas près de se réaliser. Et là, pourrait s'arrêter l'histoire.
Mais c'est oublier l'action d'Ubu au sein de l'administration française. Nous avons appris cette semaine que l'Etat allait engager l'année prochaine plus d'un million d'euros pour démolir ce qui reste du barrage. Alors que, rappelons-le, Garonne ruine silencieusement mais consciencieusement ce barrage tous les jours... sans que ça coûte un euro au contribuable !
Absurdité ? Bien sûr. Gabegie d'argent public ? Évidemment. Aveuglement administratif ? C'est clair. Mais ainsi fonctionnent les services de l'Etat.
Ubu est parmi nous.
Les photos montrent que la Garonne fait toute seule le travail de démolition du barrage. Et pour pas un euro !