À propos de canards sauvages
Le débat interne au Conseil départemental sur les mesures budgétaires qui auraient pu ou dû être prises ces dernières années est d'abord celui des conseillers départementaux eux-mêmes. Ce qui n'empêche pas les contribuables que nous sommes de l'observer avec attention et inquiétude. En tout cas, je m'abstiens de m'en mêler.
Ce qui en revanche concerne tout le monde, c'est l'opération de communication à laquelle se livre l'exécutif départemental sur le sujet :
Rappelons-en ici les étapes :
- La majorité socialiste a fait le choix politique de voter un budget insincère qui place de facto le département sous la tutelle de la Chambre régionale des Comptes. J'observe que d'autres départements ont fait d'autres choix.
- L'exécutif départemental entreprend une opération de dédouanement du type "c'est pas moi, c'est l'autre" qui consiste à souligner que c'est pas la majorité socialiste qui sabre les crédits aux communes, aux projets et aux associations et augmente les impôts : c'est la Chambre régionale des comptes.
- On obtient une audience auprès d'une conseillère technique à l'Elysee. Il est vrai que le Ministre Ferrand vient d'être opportunément exfiltré du gouvernement vers l'Assemblée nationale, dont Macron pense manifestement que les exigences éthiques y sont moins élevées qu'ailleurs.
- Banderole et conférence de presse à l'appui, voilà le Conseil départemental, victime d'une politique nationale inconséquente, devenu grand défenseur de la ruralité.
Derrière l'opération de com', demeurent quelques questions :
- Le Conseil départemental est bien présidé par quelqu'un qui a également été durant le quinquennat précédent non seulement Sénateur mais, plus encore, Sénateur de la majorité présidentielle d'alors ?
- Ce même Président a bien voté tous les budgets qui ont saigné les collectivités locales, dont les départements ?
- Il a bien voté la sous-estimation manifeste par le budget de l'Etat des charges qu'il a transférées aux départements au titre de la politique sociale ?
- Il a donc soutenu par son vote de sénateur socialiste les difficultés qui, à l'en croire, seraient, seules, à l'origine des difficultés de sa collectivité ?
- Et c'est maintenant que s'achève son mandat parlementaire après celui de Francois Hollande, qu'il voudrait s'ériger en héraut des départements mal traités, demandant aux nouveaux parlementaires et au nouveau Président ce qu'il n'a pu lui-même obtenir lorsqu'il était en responsabilité ?
Comme le disait le regretté Audiard : "Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages..."