Après Nicolas Hulot
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs
Depuis combien de mois murmurait-on en coulisse que Nicolas Hulot allait démissionner ? Comme si la "société civile", aussi compétente et militante soit-elle, ne pouvait survivre dans l'univers impitoyable du pouvoir. Au fond, seuls le calendrier et le mode opératoire de cette démission ont réellement surpris. Depuis, les commentaires vont bon train sur l'impact de cette annonce sur le quinquennat de Macron et sur le nom du successeur.
L'essentiel est pourtant bien ailleurs. Est-il sérieusement contestable de dire que le climat de la planète se dérègle ? Non. L'homme, ses habitudes, ses modes de consommation, sont-ils totalement étrangers à ce dérèglement ? Non. La mécanique des gaz à effet de serre, accentuée par l'homme, est-elle une évolution lente mais inexorable ? Oui. La bio-diversité, animale et végétale, est-elle de ce fait fragilisée partout ? Oui. Les plus fragiles, chez nous, en Afrique et ailleurs, seront-ils les premières victimes de ces bouleversements annoncés ? Oui. Faut-il inventer et partager un nouveau mode de croissance, moins gourmand en ressources naturelles ? Oui. Donc Hulot (et beaucoup d'autres avec lui) a raison sur toute la ligne.
S'est-il banalement fracassé sur le mur des réalités, quittant le camp des activistes sans pouvoir pour celui des décideurs sans volonté ? Sans doute mais cette explication serait terrible si elle suffisait : elle signifierait que l'action publique est incapable de réformes audacieuses, impopulaires et de long terme. Il faut donc souhaiter que le départ de Nicolas Hulot produise autre chose qu'une mousse médiatique de quelques jours sur l'influence des lobbys et que son successeur parvienne à nous convaincre de faire de la transition environnementale et solidaire une priorité française, tous domaines et tous pouvoirs confondus.
Notre maison brûle et nous continuons de regarder ailleurs : bonne chance à son successeur.