A propos du Grand Débat National
La lettre adressée par le Président de la République aux Français le 13 janvier a de quoi surprendre : c’est la première fois à ma connaissance qu’un tel débat national est initié. C’est aussi la première fois que les Français sont appelés non pas à donner leur avis sur un projet préparé à l’avance mais à s’exprimer sur les réformes qu’il leur semblerait utile de réaliser.
L’exercice est étrange et pourrait même donner le sentiment que le Président de la République, en panne d’imagination, s’en remettrait aux initiatives des Français. Exercice étrange aussi que celui qui est demandé au citoyen : devant sa page blanche, comment répondre à des questions aussi larges et complexes que : « Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? » ou encore « Comment voudriez-vous que l’Etat soit organisé et comment peut-il améliorer son action ? ». Sans doute ces questions ont-elles aussi pour vocation de montrer que les slogans balancés depuis les ronds-points, dans les manifestations ou sur les réseaux sociaux sont peu de chose au regard de la complexité des problèmes.
Est-ce une raison suffisante pour balayer d’un revers de manche cette invitation au Grand Débat National comme certains l'ont fait dans un réflexion pavlovien d'opposition ? Je ne le crois pas parce que ce serait laisser la main libre au gouvernement et à quelques mouvements d’opinion structurés : je n’ai pas envie de ça. Voilà pourquoi, comme citoyen, je vais participer à ce grand débat.
Je le ferai en participant aux réunions que la Ville d'Agen va organiser selon des modalités en cours de réflexion. Je le ferai aussi au travers de ce blog. Je porterai, comme chacun peut le faire d'ores et déjà, ces textes à l’accueil de l’Hôtel de Ville d’Agen avant le 15 mars afin qu’au milieu des autres contributions consignées dans le cahier des doléances, les idées qui y seront développées fassent leur chemin (*).
Personne ne sait au juste ce qui ressortira de ce débat et donc, moins encore, ce que le Gouvernement décidera d’en faire. On sait juste que le chef de l’Etat se donne un mois pour en tirer des conclusions qu’il présentera au 15 avril. Son très long échange avec les élus dans l'Eure a bien confirmé qu'aucun sujet n'était tabou et que les Français avaient désormais la parole.
Coup de com’ ? Opération de diversion ? J'entends les interrogations s'exprimer : elles ne sont pas illégitimes. Pourtant, il faut que le débat libre ait lieu, tant les haines et les colères ont été trop fortes dans notre pays ces dernières semaines. Même si 80 000 manifestants ne représentent que 0,17 % des électeurs, on sent partout dans notre pays une aspiration inédite à une meilleure prise en compte par l'Etat des attentes exprimées : c'est tout l'objet du Grand Débat National qui s'ouvre.
Au fond, participer au Grand Débat, c’est un peu comme voter aux élections : un devoir de citoyen.
Le Gouvernement engage un grand débat national permettant à toutes et tous de débattre de questions essentielles pour les Français.
(*) Le site du Grand Débat où chacun peut à compter du 21 janvier déposer ses contributions et exprimer son avis.
La lettre du Président de la République aux Français