Hidjab

Publié le par Bernard LUSSET

Allez savoir pourquoi et comment l'annonce de la vente par Décathlon d'un hidjab de sport a déclenché une de ces polémiques dont nous sommes si friands ? Amazon et quelques autres se sont lancés, et depuis longtemps, dans la commercialisation de ce genre de vêtements sans susciter pareille passion.

Il faut rappeler que le hidjab est un simple foulard ne masquant pas le visage (*) et qu'il ne fait évidemment l'objet d'aucune restriction d'usage. Pourtant, la polémique a enflé si fort que Décathlon a renoncé en 24  heures à la commercialisation de ce produit : ça fera les affaires d'Amazon...

On peut trouver étrange -c'est mon cas-  que dans un pays de liberté comme la France, des femmes fassent un choix vestimentaire qui, dans d'autres pays, est imposé aux femmes et dont elles cherchent à s'affranchir.

Le raccourcissement des jupes, le dévoilement des épaules ou la liberté capillaire sont-ils des marques de modernité et de libération des femmes ? On a le droit de le penser -comme moi- mais aussi de penser l'inverse et de préférer s'habiller comme le faisaient nos (arrières) grands-mères à la campagne. Après tout...

Mais ce qui, en revanche, me semble absolument incompréhensible et déraisonnable, c'est que le choix vestimentaire de certaines femmes et la réponse commerciale qu'y apporte une grande enseigne suscitent un tel vent de folie dans le débat public. D'ailleurs, cette polémique franco-française écarquille les yeux des citoyens du monde, qu'il s'agisse bien sûr de pays à dominante musulmane mais aussi de quantité d'autres pays, comme le montre l'article du Washington Post ci-dessous, qui se paie gentiment notre tête.

Je comprends que ces comportements soient aux antipodes des combats menés ces dernières décennies en France par de nombreux défenseurs de la liberté de femmes. Mais nos convictions sont-elles à ce point fragiles qu'elles en viennent à remettre en cause le libre choix de quelques-unes ?

Mais le fond est ailleurs : pourquoi tant d'entre nous vivent-ils ces choix comme une agression, dans un pays où chacun vit comme il l'entend dans le cadre des lois en vigueur ? Pourquoi les schtreimel ou kippas juifs, les calots catholiques, le klobouk orthodoxe, le dastar sikh ou le turban chiite portés par des hommes ne suscitent, eux, aucune réaction ? Ne le font-ils pas, eux aussi, sous l'empire de convictions religieuses et/ou d'un environnement culturel familial ou communautaire ?

Quand je croise des femmes qui portent sur la tête un foulard, je pense à la mantille que mes grands-mères mettaient en de rares et solennelles occasions ; je pense au voile des religieuses, aujourd'hui encore ; je pense à ces malades en chimio qui masquent leur perte de cheveux ; je pense à ces pays d'Afrique où le foulard est avant tout symbole de féminité.

Et j'y pense en toute sérénité, sans me sentir le moins du monde agressé par ces choix vestimentaires.

Publié dans on en parle partout

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