Débat des municipales (3) : la démocratie de proximité

Publié le par Bernard LUSSET

Il y a quelques semaines, je posais ici la question : "sommes-nous gouvernables ?" Les réactions reçues, dont quelques-unes sont en ligne à la fin de la chronique, montrent bien que la question n'est pas seulement provocante ; elle est aujourd'hui au cœur du débat politique et les municipales n'y échapperont pas. J'en fais le pari : lors de la prochaine campagne électorale, les candidats au poste de Maire vont rivaliser d’imagination pour promettre à leurs électeurs une démocratie locale plus participative que jamais. Les propositions de conseils "consultatifs" ou "de quartier", "de jeunes" ou "de sages", vont se multiplier partout. On parlera sans doute référendum local, consultation, co-décision, etc...

Phénomène de mode ? Pour une part sans doute. Crise de la représentativité ? Certainement. Quelles que soient les origines de ce sentiment, il faut bien admettre le désintérêt grandissant des électeurs pour les rendez-vous démocratiques (politiques, syndicaux ou associatifs) et la montée parallèle -et paradoxale quand on y réfléchit- des expressions revendicatives. Certes, les réseaux sociaux poussent au "moi, maintenant" plutôt qu'au "nous, demain" mais la seule mise en cause des outils 2.0 masquerait, je crois, la réalité : l'offre politique n'a pas su répondre jusque là à la métamorphose des attentes citoyennes et continue peu ou prou de fonctionner comme il y a 30 ou 40 ans, d'où les tentatives de renouvellement démocratique auxquelles nous allons assister.

A juste titre, d'ailleurs : si le Maire est resté un des rares élus identifié par la quasi-totalité de la population (avec le Président de la République), on aurait tort, me semble-t-il, d'imaginer cette situation comme acquise : le Maire, lui aussi et de plus en plus, voit sa légitimité à décider remise en cause. La suspicion populaire a-t-elle crû ou bien s'exprime-t-elle de manière plus visible ? Je nous crois surtout, nous élus, plus sensibles que nos prédécesseurs à la moindre risée médiatique, par crainte qu'elle ne se transforme en tempête de grande ampleur comme il en surgit tous les jours ou presque.

On l'aura compris et comme je l'ai déjà écrit, je ne suis pas un grand fan de la démocratie participative. L'action publique locale doit certes s'adapter à son temps mais tout ce qui fragilise et déconsidère celui ou celle que les électeurs se sont choisis pour Maire est à mes yeux une mauvaise chose. Non pas tant parce que ça bousculerait de vieilles habitudes ou quelques personnalités locales installées mais parce que, sur cette route là, personne ne connait le bout du chemin.

Les promesses populistes d'autodétermination ont montré leurs limites dans l'histoire et la géographie. Prenons garde de ne pas y sacrifier l'institution municipale qui, malgré ses défauts, demeure le plus vaillant soldat de la République dont les plus fragiles ont un ardent besoin : les maires élus en 2020 doivent être en mesure d'incarner le pouvoir local, d'en assumer toutes les prérogatives avec les responsabilités qui vont avec.

Débat des municipales (3) : la démocratie de proximité

Publié dans on en parle à Agen

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