Après Mila, Griveaux
Il y a quelques jours à peine, les propos privés d'une jeune fille, mis au jour via les réseaux sociaux, la plaçaient littéralement hors de la société. On avait pu espérer que le sursaut collectif né à cette occasion nous mobiliserait sur la défense des droits individuels.
Et puis voilà cette vidéo qui contraint son auteur à renoncer à sa candidature. On saura sans doute un jour -on saura sûrement très bientôt- comment ces images ont été ainsi portées à la connaissance de l'auteur de cet outing, Piotr Pavlenski. L'individu se présente comme un "artiste" dont le seul art en réalité est de se mettre en scène et de s'autoproclamer garant de la vertu des hommes politiques qu'il choisit pour cible. Ce type est réfugié politique chez nous...
Avec Mila, il était question de droits individuels foulés au pied sur les réseaux sociaux. Là, il est question de droits collectifs, de démocratie : ce n'est ni pire ni mieux. C'est juste un pas de plus dans l'ignominie.
Nul référence au droit là-dedans : rien d'illégal dans la vidéo dénoncée. Pas de présomption d'innocence, non plus. Pas davantage de procédure contradictoire. Pas de droit à la défense, donc. Etre pointé du doigt suffit à être condamné. Le retour des procès staliniens de la pire époque et même sans doute pire quand on voit l'étrange et inquiétante coalition des nihilistes de tous poils qui sont là, tapis dans l'ombre.
Cet "artiste" déglingué de la tête aura son heure de gloire, complaisamment relayée par un député manifestement aussi dérangé que lui. Mais s'il n'était question que de ça... Quelle garantie de voir nos prochains scrutins démocratiques se dérouler normalement quand la force des réseaux sociaux est telle qu'il n'existe aucune parade sérieuse à ce genre d'acte, pas de loi protectrice, pas de sanction efficace ?
Seule une réaction collective pourrait y mettre un terme. Mais BFMTV ouvre son antenne à Pavlenski pour qu'il explique les motivations de son geste : nous sommes mal partis.
Alors, renvoyer Pavlenski se faire voir chez les Russes qui l'attendent de pied ferme pour les délits commis chez eux ? L'idée de le confier aux sbires de Poutine, je dois l'avouer, me tente...