Les jours d'après

Publié le par Bernard LUSSET

La pandémie est tombée sur nos vies un peu comme ces épais bancs de brouillard font disparaitre d'un seul coup la route à l'automne : il faut lever le pied en urgence et traverser prudemment la zone dangereuse. Confinés spatialement, nous le sommes aussi dans nos calendriers, contraints de renoncer à toute prévision, à vivre l'instant et lui seulement.

Si quelqu'un en doutait encore l'après 11 mai ne ressemblera à l'avant 17 mars. Nous allons devoir vivre avec de nouveaux comportements aussi longtemps que le virus circulera, en attendant que l'inédite collaboration mondiale des chercheurs produise le vaccin ou, à défaut, les traitements à l'efficacité validée. A moins que, comme on l'entend ici ou là, ce virus soit saisonnier : ce serait une bonne nouvelle pour cet été... mais une moins bonne pour l'hiver prochain.

Plus encore que l'horizon incertain le confinement met en lumière l'importance de la proximité des autres dans nos vies. A quand les grandes retrouvailles en vrai ? A quand les repas festifs autour d'une même table ? A quand la chaude clameur des tribunes d'Armandie ?

Imprévisible consensus né de la pandémie : la santé partout a tout de suite primé sur les autres considérations, y compris l'économie. Le monde s'est mis en off partout, non sans conséquences. Des voix comme le philosophe André Comte-Sponville se font entendre : "Je me fais beaucoup plus de souci pour l'avenir de mes enfants que pour ma santé de septuagénaire".

Afrique : une crise en cache une autre A proportion de sa population, l'Afrique connait à ce jour 3 fois moins de décès Covid19 que la France. Simple décalage avant la vague ? Réaction des autorités locales enseignées par la situation en Europe ? Avantage démographique donné à un continent qui a 20 ans de moyenne d'âge ? Moindre propagation du virus en climat sec comme l'évoque avec prudence le climatologue agenais Jean-François Berthoumieu ? Autre chose ? En matière économique, en revanche, pas de résilience : le pire est là, avec des conséquences sociales immédiates dans des pays où le repas du lendemain dépend du travail du jour. Or, comme le dit justement Macky Sall, Président du Sénégal : "Une Afrique impuissante face au Covid-19 serait une menace pour le monde"

L'Orient en avant-garde Les premiers pays touchés par le virus ont essuyé les plâtres, hésitant entre confinements et immunité collective. Désormais engagés dans le retour progressif à la normale, ces précurseurs sont confrontés à 1000 difficultés. Singapour, cité partout en exemple pour sa gestion de la phase initiale, vient de décider in extremis de prolonger le confinement devant la remontée des statistiques.

De l'efficacité des démocraties "La pandémie, indique l'intellectuel agenais David Djaïz, survient à un moment critique pour les démocraties libérales qui sont en danger : l’abstention galope, la défiance est à son comble et la demande d’autorité augmente. Les démocraties sont au défi de montrer qu’elles sont au moins aussi efficaces que les régimes autoritaires, tout en étant impeccables sur les fondamentaux de l’état de droit. Elles disposent de deux atouts dans leur jeu : la transparence des informations et le consentement actif des citoyens, alors que les régimes autoritaires reposent sur le mensonge et la contrainte".

Publié dans on en parle partout

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S
Tout est dit cher Bernard<br /> Merci de ce partage d'idées<br /> Amitié<br /> Denis
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