Ainsi va le monde
Epidémie. Ils en ont pris plein la figure ces médecins et responsables politiques, Olivier Véran en tête, quand ils nous ont alertés cet été sur l’arrivée probable à la rentrée d’une seconde vague épidémique plus redoutable encore que celle du printemps. Pourtant, ils avaient raison et leurs contempteurs avaient tort à l'image de BHL qui aurait mieux fait de se taire en juillet (voir ci-contre)...
Chacun de nous, même globalement respectueux des consignes, a manifesté sa lassitude par notre relâchement. Or, lassitude ou pas, l'épidémie va nous contraindre à respecter plus strictement consignes et gestes barrières, qui vont se durcir sous peu.
Epidémie (2). L’épidémiologiste Karine Lacombe, elle non plus, n’a pas été épargnée ces derniers mois par les critiques. Courageusement, elle est remontée au front ce dimanche sur LCI. Non seulement la deuxième vague est bien là, plus forte et rapide encore qu’elle ne l’imaginait mais ce médecin prévient : il y aura une 3ème et sans doute une 4ème vague à venir.
Jusqu’à l’arrivée d’un vaccin efficace qui, quoi qu’en promettent les Donald Trump et autres Poutine, n’arrivera pas avant la toute fin de l’année prochaine, au mieux. "Vivre avec" le virus : voilà notre destin immédiat.
Hivernage. C'est la fin de la saison des pluies dans la bande sahelo-saharienne. Avec le dérèglement climatique, les pluies y ont été tellement intenses cette année qu'on estime à plus d'un million le nombre de déplacés contraints et à plusieurs centaines le nombre de morts, entre Sénégal et Soudan.
La montée des eaux y ravage les cultures et les infrastructures, fragilise la sécurité alimentaire des populations et fait exploser les systèmes locaux de santé avec la flambée de maladies infectieuses [chaleur + eaux stagnantes]. Paradoxe : si l'Afrique est l'un des continents les moins responsables de l'effet de serre, ses populations en sont les premières victimes.
Présidentielle US. Plus que quelques jours avant que les Américains désignent le prochain locataire de la Maison Blanche. Si la perspective de l’élection de Biden n’est en soi guère enthousiasmante, elle aurait au moins un mérite : celui d’écarter Donald Trump de la direction du pays. Ses outrances, ses mensonges et sa complaisance avec le sulfureux mouvement complotiste QAnon ont fait assez de dégâts pour qu’on puisse espérer, américain ou pas, que l’aventure s’arrête là.
(A voir ou revoir absolument sur France 5 : "La fabrique du mensonge : les fake news au pouvoir" ou comment des millions d'américains croient sérieusement qu'Hillary Clinton mange des enfants !)
Erdogan. Voilà 17 ans qu’il est à la tête de la Turquie, 11 ans comme premier Ministre et 6 ans comme Président. Depuis sa réélection en 2018, il s’efforce d’imposer son style au pays sans y parvenir, comme en témoignent les résultats des dernières municipales. Car ses outrances sont sans effet sur les conditions de vie des Turcs.
Rien de tel donc que de désigner un bouc-émissaire étranger pour tenter de faire oublier les ratés de sa politique étrangère, économique ou sanitaire : voilà donc Macron désigné par Erdogan comme ennemi n°1 des musulmans. Il ne nous manquait plus que ça...
Au pouvoir. En Guinée, Alpha Condé (84 ans) vient de se faire réélire pour un 3ème mandat au prix de contorsions constitutionnelles et électorales peu glorieuses. Le 31 octobre, son homologue ivoirien (78 ans) va tenter le même coup. Les institutions suprêmes chargées de veiller à la régularité des élections sont dans les deux pays aux ordres du pouvoir ; quant aux organisations régionales de régulation (CEDEAO), elles ne sont guère qu'un club des chefs d’Etat en place, peu enclin donc à bousculer un de ses membres. Du coup, "ça passe", en tout cas si on veut bien oublier les morts, les blessés, les arrestations arbitraires et la corruption à tous les étages. A se comparer, on se console : nous devrions être plus complaisants avec notre démocratie, notre justice et nos règles de vie en France, aussi imparfaites soient-elles.
Pirogues. Ce dimanche, ils étaient 200 environ à embarquer dans une grande pirogue de pêche à destination des Canaries, à 1400 km de là. A Thiaroye sur Mer ou à M’Bour au Sénégal, on dit «Barça ou Barsakh» (Barcelone ou la mort). Après 80 km de traversée, le moteur de la pirogue a explosé et moins de 60 passagers ont pu être repêchés.
Pourtant, ils seront encore nombreux à tenter l’aventure depuis les plages ouest-africaines : fin octobre, il y a eu autant d’arrivées de migrants aux Canaries en une seule semaine que durant toute l’année 2019. Quand comprendra-t-on que seul un développement inclusif de ces pays pourra ralentir ce flux ?