Trois raisons d'espérer en 2021

Publié le par Bernard LUSSET

Depuis une dizaine de mois maintenant, le coronavirus Covid-19 hante notre quotidien. Nos vies personnelles, familiales, amicales, professionnelles, associatives et collectives : rien n'y échappe. L'année qui s'achève restera dans nos mémoires comme l'année du coronavirus, effaçant tout le reste ou presque. C'est pourquoi au moment de tourner la page, mes vœux, c'est-à-dire mes espérances pour 2021, se concentrent d'abord sur cette pandémie avec l'arrivée des vaccins et l'amélioration des traitements qui nous permettront de surmonter l'épreuve.

Mais les campagnes de vaccination vont nécessairement s'étaler dans le temps et leurs effets aussi. Le retour au cours normal de nos vies ne sera donc pas immédiat. On évoque même de plus en plus un possible reconfinement en janvier pour contrer une troisième (et dernière ?) vague de contamination : masques et gestes barrières vont donc continuer à faire partie, au moins un temps, de notre quotidien. Remettre la liberté au cœur de nos vies : voilà mon premier vœu pour 2021.

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Le coronavirus n’a pas seulement bouleversé nos parcours individuels : il a fait émerger partout un degré inédit de méfiance à l’égard de la parole publique et, fait nouveau, à l’égard de la science. C’est tout un corpus collectif de confiance, d’engagement et d’adhésion qu’il faut rebâtir après cette pandémie. La tâche est immense, à la hauteur des doutes qui se sont installés. Elle nécessite qu’émergent des voix et des visages nouveaux, que s’inventent des formes renouvelées de dialogue et de prise de décision politiques. Il s’agit au fond de « guérir du ressentiment » qui nous submerge, pour reprendre l’expression de la philosophe Cynthia Fleury.

Ce défi colossal à entreprendre revient, me semble-t-il, prioritairement aux générations nouvelles. Les plus anciens dont je suis pourront certes y apporter leur expérience mais le monde nouveau qui émerge me parait trop différent dans ses réactions collectives pour que les générations en place en perçoivent les subtilités et puissent y apporter les réponses adéquates. C’est donc plein d’espoir dans les capacités de ceux qui nous suivent que j’aborde cette année 2021. Puissions-nous aider les générations nouvelles à prendre partout leur juste place : tel est le second vœu que je formule.

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Merci à @Laurent_Bossard pour cette belle photo

Dans la tempête sanitaire de 2020, il est un continent qui s’est distingué positivement : l'Afrique a témoigné d’une résilience qui a démenti tous les pronostics alarmants de début de crise. A cette heure, les explications scientifiques manquent encore pour expliquer cette résistance sans doute multifactorielle. Mais les faits sont là : alors que le continent est exposé plus que d’autres à la pauvreté, la malnutrition et le mal-logement, le terrorisme, l’explosion démographique, l’instabilité politique et le dérèglement climatique, le coronavirus covid-19 y a eu des conséquences sanitaires moitié moindres qu’ailleurs. C’est la bonne nouvelle de l’année 2020.

Mais 2020 a vu le fossé, en Afrique aussi, se creuser entre les élites dirigeantes et une large partie de la population : les difficultés de vie quotidienne, les soubresauts de la vie démocratique, l'inefficacité des réponses publiques devant l’ampleur des besoins élémentaires y ont nourri le ressentiment et la défiance à l’égard de la parole publique.

Compte-tenu de son histoire particulière avec une bonne partie de l'Afrique, la France n'échappe pas à  cette remise en question : entre ingérence et indifférence, accusée d'en faire soit trop soit trop peu, la voie est étroite pour l'ancienne puissance coloniale. Là aussi, arrive le temps d’un indispensable aggiornamento dans lequel, 60 ans après les indépendances, les modes locaux de gouvernement et les relations avec les pays du nord vont devoir évoluer. Il faut que ce continent de toutes les fragilités mais aussi de tous les espoirs, trouve la place qui lui revient dans un rapport d'égal à égal avec le reste du monde. L’Afrique a 20 ans : quel meilleur viatique pour aborder l'avenir ? Que les Africains trouvent, en eux-mêmes d'abord, mais aussi auprès de nous, les ressources de l’émergence, du progrès humain et du plein accomplissement politique et démocratique : voici mon troisième vœu pour l’année nouvelle.

Bonne année 2021 à tous.

Publié dans on en parle partout

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