Rire de tout ?

Publié le par Bernard LUSSET

Peut-on rire de tout ? La question a été 1000 fois débattue, parfois par des auteurs prestigieux, sans jamais avoir reçu de réponse définitive : je ne m'y risquerai donc pas ici. A tout le moins peut-on, situation après situation, se forger une conviction personnelle dans ces temps où le rire est devenu si rare et si controversé.

Parmi d'autres, cet exemple. Le quotidien Le Monde a publié dans son édition du 19 janvier 2021 le dessin ci-contre de Xavier Gorce. Je n'ai pas seulement souri en découvrant ce dessin : comme c'est souvent le cas, j'ai trouvé qu'un dessin pouvait, avec humour et talent, décrire mieux que des mots la complexité des questions auxquelles nous sommes confrontés. En tout cas, je n'y ai rien vu qui puisse choquer qui que ce soit.

Patatras : le Journal Le Monde, sans doute objet de réactions de quelques lecteurs, a retiré ce dessin de son édition en ligne et publié le mot d'explication ci-contre. "Ce dessin peut être lu comme une relativisation de la gravité des faits d'inceste, en des termes déplacés vis-à-vis des victimes et des personnes transgenres" y lit-on. Cette note de la rédaction fait rire elle aussi mais pas pour les mêmes raisons : parce qu'elle est ridicule et illustre parfaitement le propos du dessin incriminé.

Comment en effet prêter à l'auteur une volonté de "relativiser la gravité de l'inceste" ? A la réflexion, la réaction du Monde n'est pas seulement ridicule : elle est assez odieuse. Comme le dit très finement Caroline Fourest : "Cette époque qui s’offense de tout, du crime comme de son commentaire, finira par nous faire croire que rien n’est grave. Puisque tout l’est". C'est exactement ça et il est assez douloureux de voir un journal comme Le Monde sombrer philosophiquement ainsi : un vrai naufrage.

Desproges, Coluche, Bedos et tant d'autres : revenez ! Xavier Gorce a besoin de vous (et de nous tous) même si, manifestement, il semble prendre le sujet avec le recul nécessaire :

Rire de tout ?

Publié dans on en parle partout

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Notre société mon cher Bernard évolue dans un contexte perturbé où les vertus se transforment en diktats. Pour se protéger, au nom d'une liberté constamment vécue anarchiquement on se donne bonne conscience en s'imposant le respect de minorités. Attitude qui s'oppose au principe démocratique mais qui s'inscrit comme exécutoire en réparation de non courage d'affronter la réalité. Fausse sagesse mais vraie détresse.
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