Petite chronique de la Présidentielle (4)

Publié le par Bernard LUSSET

Candidat. Contraint par les textes de déclarer sa candidature ce 4 mars au plus tard mais mobilisé par les évènements en Ukraine, il était compliqué pour Emmanuel Macron de trouver une fenêtre de tir pour annoncer sa candidature, d’autant que nul ne doutait de ses intentions de solliciter un nouveau mandat.
Cette formalité indispensable effectuée dans des conditions inédites via sa "lettre aux Français", débute pour lui une campagne sans précédent dans l’histoire, dans laquelle il devra démocratiquement descendre dans l’arène pour prendre sa part au débat électoral tout en continuant d’exercer « jusqu’au dernier quart d’heure » les responsabilités qui lui ont été confiées.

Paradoxes. Si le candidat Macron va se trouver dans l’exercice classique du sortant, c’est à dire seul contre tous les autres candidats, le Président Macron, lui, va devoir cultiver l’unité nationale que les événements en Ukraine imposent et que les Français majoritairement réclament sur le sujet.
Ses challengers vont être soumis exactement au même défi : combattre le candidat tout en soutenant le Président. C’est donc une campagne très particulière, très paradoxale, qui débute ces jours-ci.

Pas le même objectif. Le Président sortant est quasi-assuré d’être au second tour, même s’il lui appartient de l’aborder de la meilleure manière possible. Pour tous les autres candidats, c’est le contraire : leur objectif premier est de se qualifier pour ce second tour.
Le premier cherchera donc à rassembler largement dès le 1er tour pour espérer l'emporter au second quand ses concurrents tenteront, eux, de fédérer leur camp pour dépasser leurs challengers immédiats, délaissant dans un premier temps la posture du rassemblement. Cette diversité des situations pèsera sur la campagne des uns et des autres et sur la nature même du débat qui va commencer.

Ukraine : what else ? Difficile d’imaginer que dans les prochaines semaines, les esprits ne soient pas mobilisés par la guerre qui sévit à nos portes, d'autant que les dernières nouvelles venues de l'Est ne laissent rien présager de bon. Pourtant, le conflit en Ukraine ne saurait à lui seul résumer les enjeux de la présidentielle 2022 ; si tel était pourtant le cas, les Français, ainsi privés des débats démocratiques de la campagne, pourraient exprimer bruyamment leur frustration au lendemain de l’élection et contester la légitimité à agir du nouvel élu.

Législatives. Il n’y a plus grand monde off records pour imaginer une défaite d’Emmanuel Macron. Dans les états majors des partis, chacun se prépare depuis longtemps à la bataille d’après, celle des législatives qui suivront la présidentielle. Au sein de la majorité présidentielle, les débuts de l’après-Macron vont aussi commencer dès le lendemain de l'élection et dès la rentrée, les premiers frondeurs s’y feront sans doute entendre. Dans les oppositions aussi, on espère obtenir un nombre suffisant de députés pour exister et préparer la suite, dans un paysage politique où Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et quelques autres tireront mécaniquement leur révérence, de gré ou de force, succombant à l'usure de leurs candidatures successives mais vaines.

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