Après l'élection de Donald Trump
Les Américains ont choisi leur nouveau Président. Démentant les pronostics officiels, ils ont élu Donald Trump. Parce qu'en démocratie le peuple a toujours raison, prenons acte de ce choix et comprenons-le. La carte électorale est de ce point de vue éclairante : les plus grands centres urbains ont massivement voté Hillary Clinton. Le cœur géographique de l'Amerique à massivement voté Donald Trump.
Comment ne pas transposer à la France ce constat ? En-dehors d'une quinzaine de métropoles qui tirent à peu près leur épingle du jeu, le reste du pays -tout le reste- souffre et s'interroge sur son avenir : pertes de repères, d'espoir et d'identité, désindustrialisation, ascenseur social bloqué, inquiétude de l'avenir. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous serions fous de ne pas anticiper un même vote : pas seulement un vote de rejet, mais plus profondément, un vote d'adhésion à une espérance nouvelle dans laquelle, déçus du reste, beaucoup voudront croire.
C'est bien là qu'est le cœur du sujet : faut-il tout promettre, en sachant pertinemment qu'on vend du vent ou faut-il, au risque de perdre l'élection, dire la vérité aux citoyens ? Alain Juppé a fait le choix de ne rien promettre qui soit impossible, au risque d'être accusé à tort de mollesse. Nous verrons si ce pari vertueux est aussi un pari gagnant.
Mais après le Brexit, après l'élection de Trump, nous aurions tort d'imaginer que l'élection de Marine Le Pen serait impossible au soir du second tour au printemps prochain : tout nous montre, au contraire, que cette élection est possible. Plus encore : selon le choix qui s'exprimera lors de la Primaire, cette élection peut même devenir le scénario le plus plausible.
C'est pourquoi, plus que jamais, j'appelle les électeurs de la Droite et du Centre à se mobiliser dès le 20 novembre autour de la candidature d'Alain Juppé et du projet qu'il propose aux Français.
Parce que ce qui compte, ce sont les réponses concrètes qu'il propose au pays pour ré-embarquer toute la communauté nationale autour d'un projet commun. La France connaît les mêmes fractures que les autres, les mêmes attentes insatisfaites, les mêmes difficultés. Et si nous n'y prenons pas garde, si l'offre politique tourne le dos à ces attentes ou si au contraire, l'offre politique se met à tout promettre, alors notre pays connaîtra à son tour des lendemains inquiétants dont les premières victimes seront toujours les mêmes.
Les citoyens américains ont choisi leur Président. Mais nous, citoyens Français, devons prendre la mesure de ce qui nous attend : plus que jamais, la voix de la France doit retrouver sa force et sa crédibilité, plus que jamais la construction d'une Europe réduite mais plus solide doit reprendre, plus que jamais nous devons entreprendre les réformes mille fois reportées pour créer les conditions du renouveau.
En cela, les élections américaines constituent sans doute un ultime avertissement : à nous de savoir ce que nous voulons.