Hortefeux : il n'y a pas de "boulette"
Depuis dimanche, le buzz joue à plein sur la déclaration de B. Hortefeux à Seignosse. Le Ministre de l'Intérieur campe sur sa position de déni et l'emballement médiatique joue à plein. Mon
attention, dans cette affaire, se porte sur deux aspects, peu ou pas évoqués :
1. cette déclaration n'est pas une boulette.
Chacun, homme public ou pas, peut dire des sottises, dès lors qu'il exprime ensuite des regrets sincères. Là, Brice Hortefeux s'obstine à ne pas reconnaitre ce qu'il a dit. Pourtant, la vidéo est implacable : oui, il a bien dit ce que nous avons tous entendu souvent. C'est le bon vieux thème des arabes qui seraient collectivement insupportables mais individuellement très bien.
Ce propos, typique du café du commerce et que j'ai entendu 100 fois, est, à mes yeux, indigne dans la bouche d'un Ministre de la République : ce n'est pas de bétail dont on parle là, mais d'hommes et de femmes dont la dignité est ici bafouée. C'est un propos qui considère une population pour ses origines alors que le coeur du problème est celui, non de l'intégration, mais d'abord celui de la pauvreté.
J'en veux beaucoup au Ministre de l'Intérieur d'avoir, par ses propos, conforter la cohorte de ceux qui pensent, comme lui -car il le pense- que les questions d'immigration sont d'abord un problème de nombre, alors que c'est un problème de détresse. Pire, les témoignages affluent depuis pour dire que B. Hortefeux n'est pas raciste : mais quel nom donner alors à celui qui pense que le nombre est la clé du problème.
Quand j'ai dit ça, ces derniers jours, à mes amis, j'ai vu dans leurs yeux que j'étais un indécrottable centriste idéaliste (au mieux) voire un dangereux rêveur ignorant tout des réalités (au pire). J'ai senti en tout cas que ma position était électoralement suicidaire : pour s'en convaincre, il suffit d'ailleurs de voir avec quelle précaution le PS a commenté cette malheureuse affaire. Tout ça manque singulièrement de courage politique et de fermeté de convictions...
J'ai beaucoup de considération pour Brice Hortefeux, mais j'aurais aimé entendre un peu de contrition pour avoir dit, non pas une "boulette" sans gravité, mais bien une contre-vérité aveuglante et, au fond, stupide.
Je forme le voeu qu'ils ne soient pas trop nombreux, au gouvernement, à penser une chose pareille. Parce que, quand il y en a un, ça va encore, mais c'est quand ils sont nombreux que les problèmes commencent...
2. le rôle d'internet dans cette affaire
"L'apport" d'Internet dans cette affaire n'est pas tant, comme on l'a écrit ces jours-ci, la rapidité et l'ampleur de diffusion de ces images. Bien sûr que le buzz a fait que, comme beaucoup d'internautes, je suis allé voir la vidéo pour me faire une idée.
A mes yeux, l'essentiel est ailleurs : un homme public pouvait, avant internet, "oublier" la présence d'une caméra de télévision. Mais la décision de diffuser ou non l'image revenait à une rédaction, souvent parisienne. Intervenait alors une forme sinon d'auto-censure du moins, un choix rédactionnel : on diffuse ou pas. On diffuse au JT ou dans une autre émission.
Avec internet et la vidéo sur chaque portable, la décision de diffusion est individuelle : quelques secondes après la prise de vie, youtube ou dailymotion peuvent recevoir images & sons. Et ça, ça change tout. C'est une forme de "démocratie médiatique" immédiate, où tout est bon à filmer, à diffuser, à commenter.
Faut-il le regretter ? Sûrement pas et il y a sans doute dans cette "transparence" absolue une forme peut-être salvatrice de contrôle des citoyens.
Mais, à mes yeux, il n'y a pas de démocratie, même populaire, sans contre-pouvoir. Et là, je ne la vois pas et je m'en inquiète.
1. cette déclaration n'est pas une boulette.
Chacun, homme public ou pas, peut dire des sottises, dès lors qu'il exprime ensuite des regrets sincères. Là, Brice Hortefeux s'obstine à ne pas reconnaitre ce qu'il a dit. Pourtant, la vidéo est implacable : oui, il a bien dit ce que nous avons tous entendu souvent. C'est le bon vieux thème des arabes qui seraient collectivement insupportables mais individuellement très bien.
Ce propos, typique du café du commerce et que j'ai entendu 100 fois, est, à mes yeux, indigne dans la bouche d'un Ministre de la République : ce n'est pas de bétail dont on parle là, mais d'hommes et de femmes dont la dignité est ici bafouée. C'est un propos qui considère une population pour ses origines alors que le coeur du problème est celui, non de l'intégration, mais d'abord celui de la pauvreté.
J'en veux beaucoup au Ministre de l'Intérieur d'avoir, par ses propos, conforter la cohorte de ceux qui pensent, comme lui -car il le pense- que les questions d'immigration sont d'abord un problème de nombre, alors que c'est un problème de détresse. Pire, les témoignages affluent depuis pour dire que B. Hortefeux n'est pas raciste : mais quel nom donner alors à celui qui pense que le nombre est la clé du problème.
Quand j'ai dit ça, ces derniers jours, à mes amis, j'ai vu dans leurs yeux que j'étais un indécrottable centriste idéaliste (au mieux) voire un dangereux rêveur ignorant tout des réalités (au pire). J'ai senti en tout cas que ma position était électoralement suicidaire : pour s'en convaincre, il suffit d'ailleurs de voir avec quelle précaution le PS a commenté cette malheureuse affaire. Tout ça manque singulièrement de courage politique et de fermeté de convictions...
J'ai beaucoup de considération pour Brice Hortefeux, mais j'aurais aimé entendre un peu de contrition pour avoir dit, non pas une "boulette" sans gravité, mais bien une contre-vérité aveuglante et, au fond, stupide.
Je forme le voeu qu'ils ne soient pas trop nombreux, au gouvernement, à penser une chose pareille. Parce que, quand il y en a un, ça va encore, mais c'est quand ils sont nombreux que les problèmes commencent...
2. le rôle d'internet dans cette affaire
"L'apport" d'Internet dans cette affaire n'est pas tant, comme on l'a écrit ces jours-ci, la rapidité et l'ampleur de diffusion de ces images. Bien sûr que le buzz a fait que, comme beaucoup d'internautes, je suis allé voir la vidéo pour me faire une idée.
A mes yeux, l'essentiel est ailleurs : un homme public pouvait, avant internet, "oublier" la présence d'une caméra de télévision. Mais la décision de diffuser ou non l'image revenait à une rédaction, souvent parisienne. Intervenait alors une forme sinon d'auto-censure du moins, un choix rédactionnel : on diffuse ou pas. On diffuse au JT ou dans une autre émission.
Avec internet et la vidéo sur chaque portable, la décision de diffusion est individuelle : quelques secondes après la prise de vie, youtube ou dailymotion peuvent recevoir images & sons. Et ça, ça change tout. C'est une forme de "démocratie médiatique" immédiate, où tout est bon à filmer, à diffuser, à commenter.
Faut-il le regretter ? Sûrement pas et il y a sans doute dans cette "transparence" absolue une forme peut-être salvatrice de contrôle des citoyens.
Mais, à mes yeux, il n'y a pas de démocratie, même populaire, sans contre-pouvoir. Et là, je ne la vois pas et je m'en inquiète.