Affaire Polanski : laisser faire la justice... et se taire !
Je me méfie, par principe, des déferlements médiatico-judiciaires. C'est même à cause de ces déferlements que je me suis lancé dans ce blog en juillet (voir article sur l'affaire Dray). C'est peu dire, donc, si j'ai découvert "l'affaire Polanski" avec circonspection.
D'abord parce que j'ignore tout du fond de l'affaire : j'avais bien en tête une vague image un peu sulfureuse du metteur en scène, mais je n'en connaissais pas l'origine. Ces derniers jours, les médias se sont chargés d'éclairer ma lanterne.
Ma première réaction a été celle d'un homme de 47 ans, de surcroît père d'enfants : ce mélange des genres mettant en cause des mineurs et des adultes m'a toujours ulcéré, bien avant que j'ai des enfants. Ca ne s'est pas arrangé depuis ma paternité... Même consentante (alcool, drogue ??), même déjà adulte sexuellement, la "partenaire" de M. Polanski avait 13 ans : rien, à mes yeux, ne peut justifier ça.
Les défenseurs de R. Polanski nous expliquent que, depuis, le metteur en scène aurait fait acte de contrition et aurait assuré les conditions matérielles de sa victime ? La même victime, 30 ans après, aurait pardonné ?
Et alors ? Qu'est-ce que ça change ?
Cette affaire-là, de mon point de vue, ne peut pas se "régler" entre amis : la Justice est là pour trancher, à charge et à décharge. Or, R. Polanski, depuis 30 ans, refuse de se confronter à la justice américaine. Il a tort, car pour lui comme pour sa victime, il n'y a pas d'autre "sortie" qu'un traitement judiciaire.
Et la justice américaine, pour exotique qu'elle semble parfois à nos yeux européens, présente toutefois toutes les garanties d'un traitement équitable : il doit donc s'y soumettre.
Quant aux responsables politiques français qui nous expliquent que cette affaire est très ancienne, que le talent de R. Polanski est insondable, que la victime a pardonné, ceux-là, Ministre de la Culture en tête, se déconsidèrent doublement :
D'abord en s'ingérant dans une affaire judiciaire où l'esprit démocratique commande pourtant le silence ou, du moins, la réserve.
Ensuite en manifestant un sens éthique pour le moins contestable que la défense des artistes ne saurait, en rien, justifier.