A propos de François Hollande
Ses adversaires l'appellent "Flanby" et les humoristes le font passer pour un benêt (comme ils l'avaient fait pour Chirac puis Bayrou en d'autres temps). Même si, dans le débat public, je ne déteste pas débattre avec parfois un peu d'énergie, je n'aime pas les attaques personnelles, celles qui prennent pour cible ce que sont intimement les individus. Non seulement je n'aime pas ça mais, en plus, je sais qu'on fait souvent fausse route, on se fait plaisir et, après, on réalise qu'on a dit une couillonnade.
Or, je crois que tous les adjectifs dont on a affublé François Hollande font partie de ces couillonnades faciles et inutiles. A en croire ses contempteurs, Hollande serait sans idée, sans projet, sans dimension au point de le comparer à un flan ? Ces attaques ont été tellement répétées que le discours du Bourget, dimanche, avait sans doute pour principale ambition de faire mentir ces quolibets.
Et bien, je trouve que les adversaires de François Hollande auront réussi ce prodige de lui faire "fendre" l'armure dimanche au Bourget. Je trouve en effet qu'Hollande a plutôt atteint son objectif. Son discours -et la mise en scène qui l'accompagnait- ont été plutôt efficaces, renvoyant les seconds couteaux qui le brocardent à la place qui leur revient.
Suis-je pour autant séduit par le candidat Hollande ? Non ! Pour avoir relu avec attention son discours, je le trouve aussi dangereux pour les Français et aussi inadapté à notre temps que je le redoutais. Peut-être même pire encore tant je retire de cette lecture la conviction que le PS n'a décidemment rien compris de sa propre histoire...
Mais mon propos d'aujourd'hui veut dire autre chose : en disciple de Mitterrand, François Hollande a, me semble-t-il, bien compris que la campagne, à défaut d'être longue (puisque N. Sarkozy repousse au plus loin l'annonce de sa candidature) sera intense et qu'il ne sert à rien de se dévoiler trop tôt.
Je trouve ça plutôt habile de sa part et la manière avec laquelle il a distillé, à la surprise générale dimanche, quelques petits éléments programmatiques, me conforte dans cette idée : tous ceux qui prennent "Flanby" pour un imbécile qui ressemblerait à sa marionnette risquent d'en être pour leurs frais. Car cet homme-là, j'en ai peur, mène plutôt bien sa barque de campagne, en tout cas jusqu'à maintenant.
Cela en fait-il un candidat à la hauteur des enjeux ? On en est loin ! Quelques instants de lyrisme dans un discours ne suffisent pas à relever les défis de notre temps.
Mais est-ce bien là la question centrale de cette élection ? Si la réponse était oui, c'est Alain Juppé qui serait le candidat de la droite, non ?