SUA : la richesse de la complémentarité

Publié le par Bernard LUSSET

Faut-il y voir un signe indien ? Le 30 avril 2007, au lendemain d'un match nul (16-16) face à Bayonne, Daniel Dubroca, alors Président d'un SUA en plein doute (on connait la suite), prenait la décision de limoger Didier Faugeron. Quatre ans plus tard, le même D. Faugeron a été appelé par J.P. Elissalde à la rescousse de Bayonne... au lendemain de la défaite basque à Armandie !

 

C'est au lendemain de ce même Agen-Bayonne, alors que les commentateurs saluent le parcours sans faute du SUA cette saison, qu'a été annoncé le possible départ, en juin prochain, de Christian Lanta et de Christophe Deylaud. Comme quoi, les bons résultats d'un club ne suffiraient donc pas à garantir la stabilité des staffs techniques.

 

Agen-Bayonne, maudit pour les entraineurs ?!

 

Immédiatement, le possible départ des entraineurs agenais a fait le buzz à Agen et au-delà. Je voudrais dire ici les deux raisons pour lesquelles je regrette cette situation. 

 

1- D'abord, ne nous racontons pas d'histoires : Christian Lanta et Alain Tingaud ne sont pas faits du même bois :

  • D'un côté Christian Lanta, un pur esthète du rugby, un pédagogue du sport, un animateur dans l'âme, avec à la fois le talent d'un expert mais aussi, et c'est d'ailleurs normal, une forme de distance avec tous ceux qui ne sont pas eux-même des experts dans cet art. Ajoutons-y une préférence affichée pour la rareté dans le discours.
  • De l'autre, un homme venu de l'entreprise, passionné par le rugby certes, mais d'abord homme d'entreprise, ne reculant devant aucun défi, aucune difficulté, aucun engagement personnel, avec une réelle volonté d'incarner son club. Ca tombe bien : c'était très exactement ça qu'Agen recherchait chez Alain Tingaud.

Que ces deux-là aient eu parfois un peu de mal à se comprendre, à s'entendre, compte-tenu de leurs différences ? Ne jouons pas les faux-culs : c'est un secret de Polichinelle à Armandie. Mais les deux hommes a eu le bon goût de passer outre, mettant le SUA au-dessus de toute autre considération et se mettant tous deux pleinement au service du club : il faut les en remercier tous les deux. 

 

2- Aussi improbable que paraisse cet attelage, c'est bien à lui que nous devons d'être revenus en Top 14. Les deux y ont pris leur part. Les deux y ont contribué à égalité de mérite, à égalité d'engagement : 

  • Le sportif a progressivement trouvé ses marques, retrouvé sa fierté, son orgueil, son collectif, acquis les fondamentaux techniques du Top 14. Bref, on ne dira jamais assez à quel point le chemin sportif fut long, compliqué et incertain depuis notre descente en Pro D2 : Christian Lanta, Christophe Deylaud, Alex Dujardin et tout le staff sportif ont su faire émerger le meilleur de nos joueurs, agglomérant dans les meilleures conditions les apports humains que nos moyens financiers nous ont permis.
  • Quant à la direction du Club, elle est parvenue à redresser la barre des finances, reconstruire un budget de Top 14 qui, s'il est encore petit, est à l'image à la fois de notre ville et de notre club. Des finances assainies, une gouvernance mobilisée : là aussi, les candidats à la reprise ne se battaient pas quand nous doutions en Pro D2. Et il nous faudra du temps, compte-tenu de ce que nous sommes, pour grimper dans le classement des budgets de Top 14 (et d'ailleurs, tout l'argent de Bayonne ne fait pas son bonheur...)

C'est cette complémentarité qui a permis au Club de devenir ce qu'il est aujourd'hui.

C'est elle qui nous a sorti de la Pro D2.

C'est elle qui a permis de bâtir ce collectif agenais.

C'est elle qui fédère autour du SUA les énergies.

C'est elle qui nous permet tous les espoirs de progression, tant en résultats sportifs qu'en budget.

 

Mais oui : nous sommes à Agen ! Et les ressources financières ne sont pas inépuisables, surtout dans les temps que nous traversons. Bien sûr, Lyon ou Bordeaux, les deux promus, peuvent espérer s'appuyer sur un territoire plus riche : faut-il en conclure que les villes moyennes sont condamnées en Top 14 ? Beaucoup le disent depuis longtemps. Je ne le crois pas, même si je n'ignore pas nos difficultés.

 

Pour exister dans cet univers de plus en plus impitoyable, nous devons être capables de jouer nos atouts maîtres. Et au premier rang de ceux-là, il y a cette alchimie particulière qui permet de fédérer un homme d'entreprise et un esthète et, à travers eux, toute une ville, autour du club.

 

Voilà pourquoi je veux croire que la belle aventure se poursuivra.

 

Alain et Christian : nous comptons sur vous. Sur vous deux.

 

 

Publié dans on en parle partout

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