Apéro Facebook à Agen

Publié le par Bernard LUSSET

 

Agen a été mise sous les feux de la rampe médiatique, ces jours-ci, à propos d'Internet et de Facebook. Serait-ce une opération "séduction" de notre premier internaute municipal Jean Dionis ? Non. Il s'agit simplement d'un de ces Apéro Facebook qui défraient la chronique au point de mobiliser tout l'appareil d'Etat, Ministre de l'Intérieur compris.

 

Une telle mobilisation pourrait surprendre ; en réalité, elle est naturelle et, même, bienvenue, et cela pour deux raisons :

 

Les réseaux sociaux bouleversent nos modes d'organisation sociale, bien au-delà de ce que nous imaginons

 

Ces "apéro Facebook" ressemblent, à s'y méprendre, à bien des fêtes qui font partie de notre culture Sud Ouest. A ceci près que, derrière la convivialité d'un Grand Pruneau Show, du festival de Bandas de Condom, ou d'un Garorock, il y a des organisateurs structurés, des procédures de préparation et beaucoup, beaucoup de travail en amont.

Avec Facebook, c'est la même chose... mais avec le niveau de préparation que pourrait avoir une petite fête improvisée entre copains. Mais une fête à 2 ou 3000 personnes...

 

Je comprends l'exaspération des internautes devant les interdictions ou limitations de toutes sortes que posent les pouvoirs publics. Dans l'univers Internet, libertaire par essence, ce message passe mal !

 

Mais je comprends aussi, et je les partage pleinement, les préoccupations des pouvoirs publics devant ces mouvements plus ou moins spontanés qui, intrinsèquement, ne sont pas plus dangereux que bien d'autres, mais qui, faute d'organisation, se transforment, parfois, en cauchemar.

 

Cette affaire me fait dire que nous aurions grand intérêt à écouter et lire ce que sociologues et philosophes vont nous dire dans les prochaines semaines de tout ça : c'est une nouvelle forme d'organisation sociale qui, cahin-caha, se construit sous nos yeux : nous avons tous sérieusement intérêt à prendre ça très au sérieux et à nous préparer à faire, tous, bouger nos lignes...

 

 

Derrière ces "apéros", un drame : l'addiction grandissante des plus jeunes aux alcools les plus durs

 

Ce que révèlent aussi ces apéros, c'est que notre jeunesse, comme toutes les jeunesses avant elle, est en rebellion. Mais cette rébellion prend aujourdh'ui une forme dramatique : les exemples se multiplient, y compris à Agen, de jeunes qui ne boivent plus lors de fêtes, pour se détendre et de désinhiber : le "jeu" consiste à "se casser" le plus vite possible, et les comas éthyliques (pour ne parler que des conséquences immédiates...) font florès, jusque dans les cours de nos lycées !

 

Les réseaux sociaux sont totalement étrangers à cette affaire : nous sommes face à une détresse, classique chez la jeunesse (souvenons-nous de nos propres révoltes), mais qui prend une forme tellement autolytique, tellement dévastatrice, qu'elle doit nous interpeller en tant qu'adultes.

 

 

Je ne sais pas, à cette heure, si l'apéro Facebook aura finalement lieu à Agen. Mais je sens que l'essentiel est ailleurs : nous avons à reparler à notre jeunesse, nous avons à l'écouter davantage et à construire pour elle et, si possible, avec elle, un avenir qui lui donne envie de s'investir et de se lancer.

 

Au milieu de nos difficultés, réelles, de comptes publics, d'avenir des retraites, d'insertion professionnelle, de décompositions familales en tous genres, pensons à tous ces jeunes qui nous disent, seuls devant leur PC, d'apéro Facebook en blogs en tous genres, leur désespoir et leurs envies de changements.

 

Et si nous redevenions, nous aussi, jeunes ?

 

 

Publié dans on en parle partout

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