Après la manifestation des commerçants

Publié le par Bernard LUSSET

Après avoir lu la presse locale ces derniers jours, j’ai eu du mal, je l’avoue, à retrouver une transcription un peu fidèle de ce que j'avais vécu samedi matin à l’Hôtel de Ville, lors de la rencontre entre les élus et la délégation de commerçants et riverains, rencontre à laquelle j'ai participé. A lire la presse, le Maire n'aurait rien voulu entendre et serait resté "droit dans ses bottes", sourd aux attentes exprimées. Et, décidement, cette équipe municipale serait entêtée comme personne...  

 

Je n'ai pas vécu cet échange comme ça et ce que je lis m'amène à dire ici à la fois ce que nous ont dit les manifestants reçus en délégation et ce que nous leur avons répondu. Le débat public des prochaines semaines y gagnera sans doute en clarté et les lecteurs de cette chronique comprendront sans doute mieux ce qui se passe au juste.

 

Qu'ont dit les contradicteurs ?

  • Certains (pas tous) ont demandé à ce que la piétonisation du Boulevard de la République se fasse seulement certains jours.
    Ils ont demandé le rétablissement du double sens de circulation Boulevard Carnot.
  • Ils ont reproché l’absence de concertation sur « Agen, cœur battant »

Quelles réponses ?

 

Sur la piétonisation du Boulevard de la République :


Massivement, l’opinion est favorable à la création de cette zone piétonne en cœur de ville, la concertation 2010 l'a d'ailleurs très largement confirmé. La création de ce cœur piéton est un engagement, longuement débattu durant la campagne électorale. Les oppositions sont d’ailleurs circonscrites : l’Union des Commerçants elle-même souhaitait que la zone piétonne soit étendue jusqu’à la Place Castex...! Cette demande a d'ailleurs été prise en compte pour une phase II des travaux.


Nous croyons beaucoup à l'utilité de ce projet, qui contribuera à rendre le centre-ville plus accueillant. Nombreux d'ailleurs sont les Agenais qui expliquent à quel point Villeneuve sur Lot ou Montauban, par exemple, sont devenus des coeurs piétons agréables... Combien il est agréable de poser sa voiture dans un parking et de poursuivre ses courses à pied en secteur piéton, etc... Ah bon ?

 

Le coeur piéton, ça fait belle lurette que ce n’est pas seulement un choix de grande ville : Agen est en retard sur ce plan et, à part quelques irréductibles chroniques, l'opinion y est massivement favorable. Avons-nous renoncé samedi à ce projet de piétonisation ? Non, évidemment.

Est-ce de l'entêtement ? Si vous voulez...

 

Sur le plan de circulation Boulevard Carnot :

 

Personne n’a vu venir le caractère « non naturel » du nouveau plan de circulation Boulevard Carnot. Elus : nous l'avons volontiers reconnu samedi devant la délégation de l'UCAA ou dans les réunions de quartier du centre-ville.

 

Mais pas les commerçants non plus : le Maire a justement rappelé samedi que les contributions écrites de l’UCAA ne mentionnaient même pas le Boulevard Carnot. Bref, personne n’a vu venir les désagréments.


Que faire maintenant ? Dès que les premiers ressentis se sont manifestés au-delà des premières réactions d’humeur liées au changement d’habitude, nous avons relancé une campagne de comptage des véhicules et nous faisons examiner ces chiffres par un cabinet spécialisé : en matière de plan de circulation, rien n’est simple. Dès que vous réglez un problème dans une rue, vous en créez un autre dans une autre : il faut donc analyser le problème au global.


Nous avons proposé à l’UCAA de faire partie du groupe de travail qui va, plan en mains, trouver une solution plus attrayante : au bas mot, il y a 5 ou 6 scénarios alternatifs à explorer.

Je n’ai vu ça nulle part dans les articles publiés et ça me semble injuste. Ou, pour être plus "politiquement correct", ça me semble incomplet...

 

Au cœur du « problème » Carnot, il y a les transports en commun.

Je sais bien qu’en matière de transports publics, Agen est une terre de mission. Les bus ne font pas partie de nos habitudes du quotidien, pas plus d'ailleurs pour moi que pour les commerçants qui manifestaient samedi matin.

 

Mais il faut penser Agen 2012, 2020 et pas Agen 1950 ! C'est pourquoi il ne faut pas abandonner dans ce plan de circulation toute ambition en matière de transports publics qui commencent à s'implanter.

En revanche, faut-il « réduire la voilure » sur certains sites propres Boulevard Carnot ? Pourquoi pas ? Faut-il changer certains sens uniques ? Regardons-le ensemble.

Les réponses du Maire ont été là-dessus très ouvertes.  Bien plus que les commentaires n'ont voulu le laisser entendre.

Où est l'entêtement ? Il n'y a pas d'entêtement !

   

Sur la concertation

 

Quand je repense aux groupes de travail, aux contributions, aux débats publics, aux articles de presse, aux discussions pendant la phase initiale de construction du projet (18 mois) puis pendant les 6 mois de concertation publique du projet « Agen, cœur battant », je me dis que « l’absence de concertation » n’est rien d’autre qu’un reproche classique qu'on fait toujours aux élus quand tous les égoïsmes s’agglomèrent : chacun voit midi à sa porte et pense que la concertation n'a pas eu lieu quand sa propre demande n'a pas été pleinement satisfaite. C'est court...

 

Bien des choses ont évolué positivement depuis l'origine du projet grâce à cette concertation : la Rue des Cornières, le rond-point de Picketty, l'extension en phase II de la zone piétonne jusqu'à la place Castex, les horaires des livraisons et les arrêts dédiés à ces livraisons, certains sens de rues (Floirac notamment), sans parler de la rediscussion des tarifs du parking Sernam, ou l'ouverture d'une seconde entrée au parking Carnot. Idem pour le parking du Gravier, ou le parcours des navettes et des bus, sans parler des parcours cyclables, longuement discutés : oui, cette équipe municipale, le Maire en tête, sont bien à l'écoute.

 

 

Reste un autre problème, rarement évoqué et pourtant essentiel : celui du devenir à moyen et long terme du cœur commerçant d’Agen.

  

Notre cœur de ville a des atouts considérables ; la qualité de l’espace public en fait partie et c’est tout l’enjeu de ce projet « Agen, cœur battant ».

 

Il est, aussi, devant une mutation considérable : le problème n’est déjà plus celui de la concurrence avec la périphérie : grâce à l’implication de Jean Dionis, ce problème est désormais derrière nous avec nos communes voisines.

 

En revanche, après la concurrence des zones périphériques puis l'arrivée en masse des franchises,  arrive le raz-de-marée des achats en ligne qui va bousculer les cœurs commerçants de toutes les villes, bien plus que tous les Casino et Carrefour ne l’ont fait dans le passé (achats de Noêl 2010 sur internet : + 24% par rapport à 2009 ! 6,9 Milliards d'€ de CA).

 

Quelle est la réponse face à ce tsunami ? Le retour du double-sens Boulevard Carnot ? Si la réponse collective devait être celle-là, alors je ne donne pas cher de l'avenir du centre-ville…

 

Cette chronique ne cherche pas à exonérer la Municipalité de ses responsabilités : nous avons des convictions étayées et nous les mettons en œuvre, après réflexion, débats et discussions. Nous restons ouverts aux modifications, aux changements, aux suggestions et aux critiques avec comme seule boussole l’utilité collective du mouvement pour notre ville, ses habitants et son économie. Pas l'intérêt particulier.

  

L'entêtement, ce n'est pas nous ! Pas plus l'aveuglement, ni la précipitation dans l’action municipale.

 

Si la critique et les suggestions sont utiles, la coalition des conservatismes et des égoïsmes serait pour notre ville un piège mortel à dépasser collectivement.

 

 

Un dernier mot sur cette image d'ouverture et de concertation : Agen est citée en exemple dans la France entière pour son action novatrice avec les contrats de quartiers. C'est la première fois en France qu'une municipalité accepte de partager le pouvoir de décision avec des représentants élus des quartiers. C'est une initiative tellement novatrice que, de partout, les conseils, nombreux, ont invité Jean Dionis à y aller "plus doucement, moins vite, moins fort", là aussi.

 

Résultat ? Les habitants des quartiers ont "repris la main" sur les petits travaux du quotidien et, petit à petit, on s'aperçoit que le fleurissement, la sécurité, la propreté, l'état des trottoirs, le "vivre ensemble" progressent partout et mille et un "petits" problèmes trouvent une solution après des années d'inertie.

 

Alors, oui : il faut écouter et partager la réflexion avant d'agir. C'est la "marque de fabrique" de cette équipe municipale.

 

Après, il faut agir !  Heureusement que notre Maire et notre équipe ont de l'énergie à revendre  pour l'action !

 

Publié dans on en parle à Agen

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