Après le renoncement de Borloo
Je l’ai avoué ici : l’annonce par JL Borloo de son retrait de la présidentielle m’a surpris et déçu.
Certes, la dureté d’une campagne présidentielle peut légitimement amener un candidat à renoncer devant les difficultés humaines d’un tel rendez-vous (même si on aurait pu espérer qu’il mène cette réflexion plus tôt…).
Mais ce qui me déçoit par-dessus tout dans la déclaration de J.-L. Borloo dimanche, c’est son jugement sur le caractère inutile et inopportun d’une candidature centriste.
Et là, je trouve qu’il dépasse les bornes, jetant par-dessus bord, en même temps que sa candidature, toute la réflexion dont il a été le porteur depuis son départ du Gouvernement.
A mes yeux, les choses sont assez simples : il n’y a pas d’existence possible, sous la Vème République, pour une formation politique qui serait absente du débat présidentiel. Dit autrement, le pôle centriste de la majorité présidentielle est condamné soit à se présenter à cette élection, soit à disparaître.
Disparaître au sein de l’UMP ?
Ce que j’en ai vu de son fonctionnement depuis sa constitution en 2002 me confirme dans mon jugement d’alors : je ne crois pas au parti unique.
Les discussions que j’ai d’ailleurs avec des amis centristes qui ont adhéré en 2002 à l’UMP montrent bien qu’entonner le grand air du rassemblement n’empêche pas que, mécaniquement, les différences soient consciencieusement gommées : beaucoup en sont déjà revenus et ce n’est pas fini…
Chacun sent bien l’importance d’une majorité duale, structurée autour d’un parti conservateur et d’une famille européenne, libérale et sociale : l'élection présidentielle est le moment privilégié pour faire vivre cette dualité, cette complémentarité.
Céder au rêve de non-alignement de François Bayrou ?
Contrairement au Président du Modem, mon envie de pouvoir ne va pas jusqu’à imaginer constituer une alliance électorale avec le PS (qui n’en veut d’ailleurs pas !).
Gouverner oui, mais pas avec n’importe qui et surtout pas pour faire n’importe quoi, dans la période tempétueuse qui s’annonce pour notre économie.
François Bayrou est engagé dans un rêve, intellectuellement attractif mais politiquement voué à l'échec. Sauf à ce que François Bayrou remporte l'élection présidentielle : non seulement cette hypothèse n'est pas la plus probable, mais elle nous ramènerait à un culte du chef que, justement, Bayrou conteste chez Nicolas Sarkozy. Allez comprendre... En tout cas, moi, je n'en serai pas !
Alors ?
Il est paradoxal que Jean-Louis Borloo ait décidé de jeter l’éponge au moment même où l’alliance des centres, notamment sous son impulsion, commençait à prendre tournure, rassemblant centristes, radicaux et quelques alliés dans une confédération qui préfigurait bien la résurgence d’une famille centriste comme le fut longtemps l’UDF.
Je fais partie de ceux qui aspirent à entendre cette famille centriste de la majorité présidentielle dans les débats de l’année prochaine. Borloo hors du jeu, c’est à Hervé Morin, candidat déclaré depuis des mois – au cas où, selon son propre aveu - de reprendre ce flambeau.
- D’abord parce que le Nouveau centre est, au centre, la formation politique la plus structurée avec son réseau d’élus locaux, son groupe parlementaire, son corpus de valeurs solidement constitué, son financement indépendant de l'UMP.
- Ensuite parce qu’Hervé Morin bénéficie d’une expérience forte de la vie politique, comme leader de formation ou comme Ministre : la campagne électorale le montrera aisément aux Français qui le connaissent encore mal.
- Enfin, parce qu’il porte les qualités intrinsèques d’un bon candidat : je l’ai vu, dans l’indifférence générale et les railleries, reconstruire depuis 2007 la "cabane" du Centre au sein de la majorité, au lendemain du départ de François Bayrou vers cet « autre monde » qu’il appelle de ses vœux et auquel je ne crois pas.
Alors, j’espère qu’Hervé Morin saura résister aux vents contraires qui ne manqueront pas de se lever : on dit que l'Elysée est pour beaucoup dans le renoncement de Jean-Louis Borloo, dans la crainte -fausse, j'y reviendrai- d'un 21 avril à l'envers.
Mais le parcours d'Hervé Morin, son courage et sa personnalité plaident pour lui : je crois bien que, lui au moins, ira jusqu’au bout.
Et nous serons nombreux à ses côtés.